Il a d'abord fallu structurer le TPR, puis créer un réseau de correspondants recrutés dans les MJC, les foyers socioculturels, les comités d'entreprise, les établissements scolaires, dans les villages et les quartiers populaires. Ils sont 500 qui font un travail de fourmi, en sensibilisant très tôt tous les genres de publics grâce à des animations, des soirées, des montages audio-visuels, etc.

C'est une entreprise passionnante. La première saison a servi de rodage. La seconde a intensifié le rendement grâce à une complète osmose entre la Maison de la culture et le TPR, véritable État dans l'État qui draine à Reims un vaste public soudain disponible et que les responsables de l'austère maison en béton s'efforcent de retenir en diversifiant ses programmes.

L'aventure du TPR coûte de l'argent, c'est certain. Et Hossein ne s'est pas fait que des amis dans cette bourgeoise ville de province qui tarde à se réveiller. Ses idées grèvent le budget. Mais, à terme, on s'aperçoit que son action, sa conception de la culture et de la façon dont il faut la répandre sont payantes.

Toute la région s'intéresse aux spectacles du TPR. Jamais une représentation n'a été donnée sans que la salle soit archicomble. À chaque création il a fallu ajouter plusieurs séances. Les spectacles invités – la Comédie-Française, le TNP, la Comédie des Alpes, etc. – obligent les responsables à refuser du monde.

Paris regarde avec intérêt ce phénomène régional. Pierre Dux a accueilli Les bas-fonds à l'Odéon. Il est prêt, paraît-il, à renouveler l'expérience.

À Reims, Robert Hossein s'est attelé à une autre tâche : former des comédiens, une dizaine par an. Il a créé un théâtre-école qu'il subventionne lui-même : une cinquantaine de jeunes la première année, une trentaine actuellement. Répartis en ateliers autogérés, ils choisissent, préparent et présentent un peu partout leurs propres spectacles, renforçant cette idée régionale à laquelle Robert Hossein tient essentiellement.

Le directeur du TPR a sorti du sommeil le théâtre de Champagne-Ardenne. Et il veut aller plus loin encore : il a offert sa scène, son temps et son équipe pour l'organisation d'un vaste rassemblement de toutes les troupes de théâtre amateur de la région. Il veut qu'on en parle, qu'on les connaisse, qu'elles servent de relais entre son action et tous les publics pour parvenir à un résultat durable.

Région parisienne

Le grand déséquilibre de la capitale

Bien sûr, Paris est une ville qui vit, une ville qui bouge. Témoin l'ouverture, le 20 avril 1973, du dernier tronçon du boulevard périphérique, cet anneau de 37 km sans feu rouge qu'emprunteront, chaque jour, 200 000 automobiles et qui aura nécessité dix-sept ans de travaux et près de 2 milliards de F de dépenses. Pourtant, malgré ses prouesses techniques, la capitale n'échappe pas aux maux qui frappent la plupart des grandes métropoles. Pire, elle est la victime d'un phénomène de déséquilibre qui fait sentir ses effets dans plusieurs domaines.

Paris intra-muros se dépeuple à un rythme qui s'est accéléré depuis dix ans. Perdant 33 000 habitants chaque année entre 1962 et 1968, la ville ne comptait, à cette dernière date, guère plus de résidents qu'en 1896. Et le président du conseil d'administration du District, Michel Giraud (dans une étude publiée en mai 1973), voyait là « la préfiguration d'un centre presque vidé de ses habitants, uniquement réservé aux bureaux et aux voitures, surchargé le jour, désert et dangereux la nuit, comme le sont Manhattan ou la City ».

En revanche, la périphérie continue à se densifier de façon souvent incohérente avec, dans les départements de la grande couronne, une très forte croissance de la population, qui atteint près de 6 % par an dans l'Essonne. Mais ce déséquilibre n'est pas seulement quantitatif : il affecte la structure de la population.

Paris compte proportionnellement moins de jeunes et plus de personnes âgées que le reste de la région et que l'ensemble du pays : la proportion de jeunes de moins de 20 ans (20,1 %) y est à peine supérieure à celle des personnes de plus de 65 ans (15,7 %).