Ignorée des Parisiens, souvent méconnue, la Franche-Comté joue la carte des vacances vertes avec ses 5 200 ha de lacs de montagne et ses 5 500 km de rivières dont 2 300 classés en première catégorie (rivières à truites). Cette nature miraculeusement préservée de la pollution en fait une région de vacances à la mesure de l'homme.

Il s'agit d'utiliser à fond ces ressources naturelles en les préservant pour attirer et retenir les milliers de touristes en provenance d'Allemagne et des pays nordiques que doit déverser dans cinq ans la mise en service de l'autoroute A36.

La forêt, qui occupe 37 % du territoire, est omniprésente ; elle est systématiquement exploitée, aménagée. Parc de loisirs à Malevaux, au pied du ballon d'Alsace, forêt de Luxeuil, sillonnée par le circuit du Banney, forêt de Lamoura, Prémanon, Les Rousses, parcourue de sentiers utilisables l'hiver par les skieurs, l'été par les cavaliers, ancienne route Napoléon à Saint-Laurent, route des sapins qui serpente dans les bois de Levier, Champagnole, parc animalier et enclos à gibier de la forêt de Chaux, la forêt est partout qui dispense cette sylvothérapie qui sera peut-être demain l'un des moyens de combattre le stress des citadins.

La protection des 80 lacs est l'un des soucis majeurs. Pour sauver celui de Saint-Point (419 ha) de la pollution qui le menaçait, 5 millions de francs ont été dépensés en deux ans. Les rivières aussi sont nombreuses et on y pêche encore l'ombre, ce poisson devenu rarissime en France. La pêche est facilitée par les contrats de réciprocité qu'ont signés la plupart des associations.

La province est également le royaume des spéléologues par le nombre et la variété de ses grottes : Osselle, la Grâce-Dieu, la Sarrazine, Baume-les-Messieurs, les Planches, les Faux-Monnayeurs ; autant de noms célèbres chez les émules de N. Casteret qui viennent les explorer.

Les champs de neige du Mont-d'Or et des Rousses ne sont qu'à quatre heures de voiture de Paris. 121 télésièges et téléskis assurent l'équipement d'un ski familial et sans danger. Prémanon est le centre de l'école nationale de ski de fond ; au Risoux, le ski de promenade prend la relève.

La Franche-Comté a-t-elle la capacité d'exploitation de ses richesses ? 311 hôtels homologués abritent 6 300 chambres de tourisme dont 80 % sont classées en nouvelles normes. 600 000 visiteurs ont planté leur tente en 1972 sur les 66 terrains de camping accueillant 12 800 places. Le camping à la ferme est en plein développement le long de la route de la Franche-Comté, entre Jura et Doubs. Il faut ajouter les 21 maisons familiales, les 447 gîtes ruraux, les 56 logis de France et les 215 colonies de vacances pour clore un bilan positif.

Mais la Franche-Comté a-t-elle une politique du tourisme ? C'est ici, semble-t-il, que le bât blesse. 1973, année de tourisme, soit ! Encore faut-il le faire savoir au-delà des frontières.

Certes, des campagnes d'affichage sporadiques sont déclenchées dans le métro parisien, des dépliants sont édités et distribués par un comité régional du tourisme, des associations départementales ne ménagent pas leurs efforts. Quatre chalets d'accueil, placés aux seuils de la province, reçoivent et renseignent les touristes.

Mais cela ne suffit pas. Il faut que les organismes publics et privés, dont certains membres dissimulent mal leur méfiance, suivent le mouvement. Faute de concevoir une propagande d'envergure et d'en payer le prix, la Franche-Comté risque de laisser s'échapper la manne déversée par l'autoroute.

Région jusqu'ici préservée du tourisme de masse, la Franche-Comté est placée à l'heure du choix : ou bien rester isolée et garder sa personnalité, ou bien choisir le développement touristique au risque de perdre son âme...

Besançon, ville pilote

Capitale de la Comté, enserrée dans une boucle du Doubs après l'avoir été par les remparts de Vauban, Besançon, ville de culture et de technologie fine, a été choisie par les ministères des Transports et de l'Intérieur pour être la cité pilote de la circulation.