Bien qu'elle se déroule en présence du ministre de l'Aménagement du territoire et de l'équipement, Olivier Guichard, du maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, et du président de la Mission aquitaine, Émile Biasini, la présentation de la première tranche de travaux – livrable en 1974 – peut paraître modeste : elle ne porte que sur 2 100 lits près de l'étang de Lacanau, au nord d'Arcachon. Mais elle est exemplaire en ce qu'elle marque la volonté de concertation qui présidera aux réalisations futures. La crainte de voir les municipalités aux prises avec les riches et puissants promoteurs parisiens s'estompe. C'est sur le terrain seulement que sera étudiée la manière de concilier les impératifs de la construction et l'harmonie de la nature.

Toutefois, il faudra surmonter encore bien des particularismes locaux avant que l'aménagement atteigne son rythme normal. On en a des exemples avec les difficultés qui surgissent pour le rachat de 569 hectares de forêts privées dans la région de Capbreton, Vieux-Boucau, Soustons ou à La Teste, pour un secteur de 40 hectares de forêts en bordure du lac de Cazaux. Dans ce dernier cas, les protestations s'élèvent surtout contre l'enquête administrative à laquelle certains reprochent d'avoir été faite presque en catimini. On n'a pas fini de discuter du prix du mètre carré... Quant au projet d'un canal navigable transaquitain destiné à relier les étangs girondins et landais, il provoque une levée de boucliers par suite de l'incorporation d'étangs communaux dans le domaine public de l'État.

De son côté, la Société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (SEPANSO) alerte la préfecture de la Gironde sur les « risques graves que les projets actuels de recherches d'hydrocarbures liquides ou gazeux font courir à l'environnement marin du golfe de Gascogne ». Elle attire l'attention sur l'effet nocif incontesté que ces recherches comportent pour la faune marine et sur la contradiction qui existe entre la recherche pétrolière et la vocation naturelle et touristique de la région.

Entre des intérêts souvent opposés, le choix d'une option définitive n'est pas toujours aisé. Ce fut le cas, notamment, du débat qui opposa pendant plus de trois ans partisans et adversaires de la construction d'un port de plaisance (1 200 places) à Cap-Ferret, et qui trouva dans la voie référendaire une solution au moins provisoire. Soucieux de préserver le site, un comité de défense était opposé au projet. En prenant connaissance du schéma d'aménagement, le comité interministériel devait quelque peu apaiser les craintes en précisant que « la presqu'île de Cap-Ferret serait sauvegardée et protégée ». Finalement un référendum est organisé le 13 août 1972. À la question : « Êtes-vous partisan de la création d'un port de plaisance au Mimbeau ? » les propriétaires et les électeurs de Cap-Ferret – 1 170 votants sur 2 372 inscrits – répondent « oui » par 598 voix contre 562 « non ». Fragile majorité dont l'opinion n'est pas suivie lorsque la consultation est élargie aux estivants : 3 824 personnes se prononcent contre le projet, alors que 124 seulement y sont favorables.

Pendant longtemps – trop longtemps – indifférents aux projets d'aménagement, les Aquitains prennent cette année conscience de l'ampleur du problème. Là aussi un premier pas est franchi.

Permis de recherches et usine de coke de pétrole

La vocation chimique et pétrochimique de l'Aquitaine se confirme. Des permis de recherches sont déposés par plusieurs grandes compagnies : Société nationale des pétroles d'Aquitaine (SNPA) pour cinq ans dans la région de Saint-Girons-Maritime, sur 660 km2 au large du département des Landes ; Entreprise de recherches et d'activités pétrolières (ERAP), à Biscarrosse, sur 748 km2 au large des Landes et de la Gironde, puis dans une zone allant du nord de Cap-Ferret au sud de Biscarrosse ; Shell, Aquitaine atlantique (10 000 km2) ; Esso-Rep, Aquitaine océanique ; Compagnie française des pétroles (CFP), Gascogne atlantique (1 800 km2). Le 21 mars 1973, J. Chaban-Delmas et P. Guillaumat, PDG d'Elf-Erap, annoncent la modernisation et le développement de la raffinerie d'Ambès, sur l'estuaire de la Gironde. Sa capacité passera de 2 à 6 millions de tonnes avant la fin de l'année 1975. Par ailleurs, à la même date, une usine de coke de pétrole aura été édifiée. Elle sera la première en France. Elle fournira 200 000 t de coke de pétrole pour l'industrie de l'aluminium et l'électrométallurgie. Ces projets résultent de l'engagement pris par les pouvoirs publics de développer le port du Verdon où les pétroliers de 250 000 t pourront accoster à pleine charge. De son côté, Électricité de France agrandit la centrale thermique d'Ambès. Elle a mis en chantier la construction de deux tranches de 250 MW fonctionnant au mazout, qui entreront en service en 1974.

Midi-Pyrénées

Deux importantes opérations d'urbanisme

Une crise régulière de démographie galopante force, depuis dix ans, Toulouse et Colomiers (village de la périphérie) à se lancer dans une aventure d'urbanisation hasardeuse.