Journal de l'année Édition 1973 1973Éd. 1973

La concentration géographique excessive de nos échanges ne se dément pas. Bien au contraire, la CEE (non élargie) a encore renforcé son poids dans notre commerce extérieur. Sa part a atteint 50 % dans les importations (67,9 milliards) ; 49,5 % dans les exportations (65,1 milliards).

Nos achats y ont augmenté de 15,9 %, surtout en provenance d'UEBL (Union économique belgo-luxembourgeoise) [+ 19,4 %] et d'Italie (+ 18,3 %), et nos ventes y ont progressé de 16,4 %, principalement vers les mêmes pays : Italie (+ 21,6 %) et UEBL (+ 18,3 %).

La relative modération de la demande en RFA a entraîné une moindre expansion de nos livraisons vers notre premier partenaire commercial (+ 14,3 %). Vers les Pays-Bas, également, nos exportations n'ont accusé que + 10,8 %.

C'est vers le Royaume-Uni, devenu en 1972 notre 4e client, que les progrès les plus spectaculaires ont été réalisés à l'exportation : + 38,4 %, soit 2 milliards de francs de plus qu'en 1971. En direction du marché helvétique, nos ventes se sont accrues de 23,6, et c'est encore avec la Suisse que, de tous les partenaires commerciaux de la France, le plus fort excédent de la balance commerciale a été obtenu en 1972 : + 3,4 milliards.

Malgré le raffermissement sensible de la demande aux États-Unis, nos ventes n'y ont augmenté que de 14,3 % et le taux de couverture (63,4 %) demeure le plus bas de ceux qui ont été enregistrés avec nos principaux partenaires.

Au total, 68 % des marchandises exportées de France ont été dirigés vers nos voisins immédiats de la CEE, le Royaume-Uni, la Suisse, l'Espagne, ainsi que vers les États-Unis. Des progrès notables sont à relever à l'actif de nos exportations vers certains marchés lointains. C'est le cas du Japon (+ 34,8 %), qui continue, de son côté, à étendre ses ventes en France ; du Brésil (+ 25,7 %), premier marché en Amérique latine ; du Mexique (+ 21,2 %), où une exposition industrielle française s'est tenue à Mexico en novembre 1972.

Nos relations commerciales avec les pays de l'Europe de l'Est membres du Comecom sont demeurées actives : entre autres avec la Pologne, la RDA et l'Union soviétique.

Enfin, d'une manière générale, le commerce avec les pays en voie de développement a fait montre de peu de dynamisme. Le Congrès du Comité national des conseillers du commerce extérieur, réuni à Biarritz en septembre, devait d'ailleurs se pencher sur les réalités de ce commerce, le devenir possible et la meilleure stratégie à appliquer pour étendre les relations avec ces pays.

Perspectives

Le 1er janvier 1973, le Marché commun des Six a été élargi au Royaume-Uni, au Danemark et à l'Irlande. Les premiers abaissements de droits de douane sur les produits industriels, entre les Six et les trois nouveaux membres à part entière, sont intervenus le 1er avril. À cette même date sont également entrées en vigueur les premières réductions tarifaires prévues dans les échanges avec des membres de l'AELE non candidats à l'adhésion : Suède, Suisse, Portugal et Islande, l'Autriche en bénéficiant déjà, par anticipation, depuis le 1er octobre 1972.

Ce sont là des données nouvelles qui influenceront, à coup sûr, le commerce extérieur français.

En mars, les importations et les exportations franchissaient la barre des 13 milliards de francs. Pour les quatre premiers mois, le taux de couverture FOB-FOB s'établissait à 104,5 %, l'excédent commercial à 2,2 milliards. On s'attendait à ce que la progression de nos parts de marchés soit plus modeste en 1973. On s'interrogeait sur les capacités du système productif français à faire face à la vive croissance en France, à la pressante demande interne et à celle émanant des pays industriels où l'expansion allait bon train.

À l'approche de l'été, les perspectives de production étaient très favorables, et la demande étrangère faisait preuve d'une excellente tenue.

Mais l'élargissement des capacités de production, utilisées à l'extrême, apparaissait comme une nécessité pour éviter une accélération trop rapide des importations de produits et équipements liés précisément à l'évolution de la production industrielle. Planait, en effet, le risque d'une trop forte demande favorisée par l'inflation, susceptible de peser sur l'offre et d'entraîner des conséquences sérieuses sur l'équilibre extérieur, le rythme des prix et des salaires et la compétitivité de nos produits. Une élévation des coûts de production plus importante qu'à l'étranger serait plus malaisée à supporter.

Pour 1973, les probabilités de développement des importations étaient de + 15 % en volume ; celles des exportations aussi. L'exportation restait la composante la plus active de la demande.

Les perspectives pour une croissance du commerce mondial étaient très bonnes, encore que la situation monétaire internationale, toujours tourmentée, rendait attentif. On se préparait aux grandes négociations multilatérales dans le cadre du GATT, en vue d'un nouvel abaissement des tarifs douaniers et de l'élimination d'obstacles non tarifaires, à ces négociations du Nixon Round dont le coup d'envoi, au niveau ministériel, était prévu pour septembre à Tokyo.