Cet anniversaire, lui aussi, ne devait pas être commémoré à Zurich, à Genève et ailleurs comme le souvenir de temps glorieux, mais comme la quête d'une nouvelle Réforme faite aujourd'hui non plus par quelques-uns, mais en réalité par l'Église universelle.

Zwingli

Réformateur suisse (1484-1531), formé à Vienne et à Bâle, prédicateur à la collégiale de Zurich.

Disciple d'Érasme au début, il conteste peu à peu la doctrine romaine et publie 67 thèses qu'il défend à Zurich. Il exigeait le recours exclusif à la Bible en matière de foi et d'autorité, l'usage du langage courant, le rejet du magistère sacramentel romain... Le Conseil de Zurich l'approuva et institua de ce fait la Réforme en Suisse. Son principal ouvrage, dédié à François Ier : Commentaire de la vraie et de la fausse religion (1525).

Saint-Barthélemy

C'est enfin dans le monde entier, mais, bien entendu, spécialement en France, que fut marqué le double anniversaire du massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) et de la mort du plus prestigieux chef protestant de l'époque, Gaspard de Coligny. Sous l'égide de la Société de l'histoire du protestantisme français, un grand nombre de manifestations furent organisées du milieu de l'année jusqu'au mois de janvier 1973. Une médaille fut frappée par l'Administration française des monnaies, des timbres gravés dans plusieurs pays à l'effigie de Coligny, une exposition organisée à Paris par les Archives de France avec de nombreuses collections privées, celle entre autres de la famille royale des Pays-Bas dont la souveraine vint en France à cette occasion...

Il y eut encore, à Fontainebleau, une 3e Rencontre internationale de descendants de huguenots. Venus, au nombre de plusieurs centaines, de près de 30 pays du monde, ils furent reçus par le ministre français des Affaires étrangères tandis que le Comité français contre l'apartheid adressait une lettre ouverte aux membres de la délégation sud-africaine. Cette lettre disait entre autres : « ... Nous avons appris que vous venez en France pour célébrer le souvenir des huguenots qui, au XVIe s., furent persécutés pour avoir préféré « obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ». Nous sommes troublés de penser que les Églises réformées auxquelles vous appartenez sont divisées sur une base raciale... » et apportent leur soutien au régime raciste de votre pays.

Il est inutile de dire que cette lettre eut un certain retentissement ! Quoi qu'il en soit, elle est significative, dans son domaine propre, de l'esprit qui a animé la commémoration de tous ces anniversaires. « Il ne sert à rien, a-t-on répété, de raviver les haines du passé. Ce qui importe, c'est ce qu'un certain passé nous invite à être aujourd'hui : c'est-à-dire des hommes capables de tout risquer au nom de leur foi ou de leur conscience pour que triomphe la liberté. »

Ainsi, les actes et le langage des hommes d'hier, replacés dans leur temps, ont pu être exemplaires cette année pour les hommes d'aujourd'hui.

Huguenot

Surnom – sans doute d'origine allemande – donné aux réformés du XVIe s. par les catholiques. Jusqu'à la fin du XVIIe s., de nombreux protestants, fuyant les persécutions, s'expatrièrent. Une longue enquête menée par un Comité français a établi que leurs descendants dans le monde seraient au nombre de près de 10 millions. On en trouve dans de nombreux pays (notamment Allemagne – Berlin fut fondée par eux –, Suisse, Pays-Bas, Écosse, États-Unis, Afrique australe, Australie, etc.).

Alliance

On peut déjà signaler propos la 1re Conférence mondiale tenue à Addis-Abeba (25-29 septembre 1972) par l'Alliance biblique universelle. On connaît les efforts exceptionnels de cette Alliance pour diffuser, en près de 2 000 langues ou dialectes, la Bible par dizaine de millions d'exemplaires. Ce qu'en revanche on ignore encore trop, c'est la conviction unanime de toutes les Églises que la Bible est la grande puissance de rénovation du monde et de l'Église elle-même.

C'est pourquoi la conférence d'Addis-Abeba réunissait des représentants qualifiés de toutes les confessions, au moment où, en France, en Suisse et au Vatican auprès de Paul VI lui-même, était présentée la traduction œcuménique complète, en français, du Nouveau Testament (la TOB). Or, c'est encore l'Alliance biblique qui a édité cette TOB – en attendant la parution de l'Ancien Testament – conjointement avec la Maison catholique du Cerf. Il y a maintenant 25 TOB en chantier, autres que l'édition francophone.

Différences

On pourrait évoquer dans le même cadre le Synode général de l'Église anglicane (7-10 juillet 1972 à Lambeth) et ses préoccupations universalistes, œcuméniques et de présence dans la cité qu'on retrouve partout ailleurs ; ou les entretiens entre l'Alliance réformée mondiale (ARM) et la Fédération luthérienne mondiale (FLM), représentant environ 150 millions de fidèles, tenus en mars 1973 à Leuenberg (Suisse) afin de mettre définitivement au point le texte de la Concorde de Leuenberg par lequel un certain nombre de différences mineures suscitées par l'histoire entre les deux grandes familles protestantes semblent abolies.