La vie religieuse

Les catholiques

Le Vatican multiplie ses efforts en faveur de la paix

Paul VI fête son soixante-quinzième anniversaire le 26 septembre 1972. Contrairement à certaines rumeurs, répandues par des journaux italiens à sensation, le pape ne démissionne pas. Divers observateurs notent toutefois, dans les mois qui suivent – mais sans mettre ce phénomène en relation avec l'âge du pape –, un certain ralentissement de l'activité pontificale. Plus de grands gestes comme les voyages à travers le monde, pas d'encyclique, pas de grandes réformes.

Élections

La nouvelle répartition des fonctions au sein de la curie, qui intervient normalement au début de mars (ces fonctions étant désormais dévolues pour cinq ans), n'implique elle-même aucun bouleversement. Elle a été précédée de la nomination de 30 nouveaux cardinaux – dont les Français Paul Philippe, dominicain appartenant à la curie, et Jean Guyot, archevêque de Toulouse –, qui confirme la tendance à l'internationalisation du Sacré Collège.

Paul VI annonce également à cette occasion qu'il envisage une réforme du conclave destiné à élire ses successeurs : outre les cardinaux-électeurs, participeraient à celui-ci les représentants des Églises orientales et des membres du secrétariat permanent du synode. Cette dernière disposition est particulièrement remarquée : en effet, les membres de ce secrétariat sont élus par le synode, lui-même composé en grande partie d'évêques élus par leurs pairs. Ainsi, d'une manière indirecte et limitée, certes, les évêques de base participeraient à l'élection du pape.

Une autre innovation mérite d'être retenue : la création, le 11 janvier 1972, d'un comité pour la famille, composé de clercs et de laïques et chargé d'étudier les problèmes familiaux.

Viêt-nam

L'activité diplomatique du Vatican, toujours très vive, forme un saisissant contraste avec son relatif effacement en d'autres domaines. Surtout dirigée vers les pays de l'Est, elle poursuit deux objectifs : contribuer au maintien ou au rétablissement de la paix ; obtenir pour les Églises locales les meilleures conditions possibles d'existence.

Le premier objectif a incité le pape à déployer de très nombreux efforts – discrets – en faveur de la paix au Viêt-nam. On apprend même, au début de 1973, qu'il n'avait pas hésité, pour prendre contact avec Hanoi, en 1966, à utiliser les services d'Enrico Berlinguer, chef du parti communiste italien.

Normalisation

Le second objectif est surtout l'affaire de Mgr Agostino Casaroli, chargé, à la secrétairerie d'État, des relations avec l'Est, et qui continue à sillonner les pays communistes pour y tisser, patiemment, un réseau serré de relations. En février, il consacre lui-même quatre nouveaux évêques en Tchécoslovaquie et croit pouvoir annoncer, à son retour à Rome, une normalisation future des relations avec Prague. Avec Varsovie, l'établissement prochain de rapports diplomatiques normaux paraît également probable ; d'autant plus que Paul VI a nommé cardinal l'archevêque polonais de Wroclaw, confirmant ainsi sa reconnaissance de la ligne Oder-Neisse et du caractère polonais des diocèses ex-allemands.

Discrètement, la diplomatie vaticane s'intéresse aussi à la Chine. Paul VI lui a fait publiquement des avances qui n'ont rencontré, officiellement, aucun écho. En même temps, il a laissé doucement dépérir ses relations avec les Chinois nationalistes de Formose, où la nonciature du Vatican n'est plus gérée que par un chargé d'affaires. Or, voici qu'au début de 1973 plusieurs voyageurs italiens qui passent par Pékin rencontrent par hasard des prêtres chinois (appartenant à l'Église nationale chinoise, qui ne reconnaît pas l'autorité du pape). Ceux-ci leur déclarent être disposés à entrer en contact avec l'Église italienne. Ce qui paraît être une façon détournée de rétablir une liaison avec le catholicisme, tout en paraissant ignorer le Vatican.

Le pape proclame 1975 « année sainte »

Paul VI a décidé de proclamer 1975 année sainte ; il en a fixé le thème : « La réconciliation des hommes dans l'Église et hors de l'Église ». L'année jubilaire sera ouverte à Noël 1974.

Golda Meir chez le pape

Golda Meir, Premier ministre d'Israël (venant de Paris, où elle avait participé à une réunion de l'Internationale socialiste), est reçue en audience par le pape Paul VI, le 15 janvier 1973. La presse israélienne présente d'abord cette audience comme un succès diplomatique (le Vatican, en effet, n'entretient pas de relations officielles avec Israël, attendant, selon sa règle traditionnelle, qu'un traité de paix conclu entre cet État et ses voisins en consacre l'existence). Or, Paul VI, dans une allocution prononcée le 22 décembre 1972, avait rappelé son souhait d'un statut international pour Jérusalem et évoqué « les fils du peuple palestinien qui attendent depuis tant d'années et qui revendiquent la juste reconnaissance de leurs aspirations ». Le pape Paul VI évoque évidemment ces deux points de vue devant Mme Golda Meir, chef du gouvernement israélien. Le porte-parole du Vatican, Mgr Federico Alessandrini, le précise publiquement le jour même devant les représentants de la presse.

France

Réunis à Lourdes du 23 au 30 octobre 1972, 176 évêques s'interrogent sur les rapports de la politique, de l'Église et de la foi. Ce sujet d'étude était prévu depuis plusieurs années, mais l'approche des élections législatives donne à cette assemblée un relief particulier.

Ouverture

Les différents textes adoptés, à la quasi-unanimité, sur le rapport de Mgr Gabriel Matagrin, évêque de Grenoble, soulignent l'importance de l'action politique et constatent que « les catholiques français couvrent aujourd'hui tout l'éventail de l'échiquier politique ». Ce pluralisme des choix politiques est jugé par les évêques inconfortable, mais légitime, à la condition que les chrétiens manifestent toujours leur unité essentielle. La lutte des classes, qui met cette unité en péril, n'est pas niée, mais les documents expriment de sérieuses réserves à l'égard de l'analyse marxiste du phénomène. Enfin, il est recommandé aux chrétiens de confronter leurs choix politiques entre eux et avec leur foi, pour que la foi critique sans cesse leurs engagements politiques.