Pour tenter d'enrayer le fléau, on a tué des dizaines de milliers de renards. En vain jusqu'ici. Une meilleure solution serait la vaccination antirabique des renards devant le front de l'épidémie : il s'agit là d'une opération difficile, mais non impossible.

Vipères

Depuis quelques années, les vipères, qui ont de moins en moins d'ennemis, prolifèrent en Europe.

Connu pour ses dons de chasseur de vipères, le hérisson se fait décimer sur les routes par les voitures. Le circaète jean-le-blanc, sorte d'aigle spécialisé dans la capture des serpents, est devenu très rare, comme la plupart des rapaces. Enfin, l'abandon des fermes entraîne la disparition des pintades et des dindons, qui savent fort bien tuer ces serpents d'un coup de bec.

Les chercheurs s'ingénient à mettre au point des méthodes permettant de limiter dans des proportions raisonnables la densité des animaux ravageurs. La lutte intégrée, qui vise à combiner diverses techniques (chimiques ou biologiques), semble la voie la plus prometteuse.

Il est parfois possible de prévoir la pullulation de certaines espèces. Une thèse soutenue en 1972 par un zoologiste de l'Institut national de la recherche agronomique, F. Spitz, montre qu'une lutte préventive contre les invasions de campagnols peut désormais être envisagée.

Animaux en surnombre

Les balles ont sifflé, le 14 octobre 1972, dans le parc national de l'Engadine, en Suisse. Fait surprenant, voire scandaleux, qui soulève une vague de protestations en Suisse et ailleurs. Les victimes désignées ? Les cerfs, les biches et les faons du parc. La protection dont bénéficiaient ces animaux avait favorisé leur multiplication au point que leur nombre était devenu trop grand pour la superficie du parc. Aussi, les autorités des Grisons décidèrent-elles d'en abattre 2 000.

Plusieurs parcs français s'étaient déclarés prêts à accueillir un certain nombre de cervidés, mais en vain. L'hécatombe, par contre, a fait l'affaire des restaurateurs de l'Engadine ; le civet de cerf y fut proposé à un prix défiant toute concurrence.

Le nombre des victimes n'a pas atteint les 2 000 prévues, les autorités ayant pris la décision de limiter le carnage, mais de le reprendre chaque année pour restreindre l'effectif de cerfs du parc. Leur prolifération s'explique aisément : ils n'ont plus d'ennemis. L'homme a cessé de les chasser ; leurs prédateurs naturels, ours, loups et lynx ont disparu : beaucoup d'écologistes pensent qu'une bonne solution serait de réinstaller ceux-ci.

Angleterre

Au début de novembre 1972, dans la réserve des îles Farne, sur la côte orientale de l'Angleterre, où les phoques gris s'étaient multipliés, la mise à mort de 1 000 femelles, de 500 mâles et de 1 000 jeunes a été décidée. Mal nourris, les animaux devenaient agressifs. Un navire norvégien fut chargé de l'opération. Une vedette de la police croisait devant les îles ; on pouvait redouter des incidents, l'opinion publique ayant été sensibilisée ces dernières années par les massacres de bébés phoques dans le Grand Nord.

Allemagne

Au début de l'année 1973, on apprenait que l'Allemagne occidentale se trouvait confrontée à une situation identique à celle de la Suisse. Les forêts allemandes hébergent quelque 90 000 cerfs et biches, et 1 200 000 chevreuils, alors que leurs effectifs, pour ne pas perturber l'équilibre écologique, ne devraient pas dépasser respectivement 70 000 et 800 000 têtes. Les autorités fédérales envisagent une intensification de la chasse aux cervidés.

Afrique

Le même problème se pose de façon aiguë dans les parcs et réserves d'Afrique. Les éléphants, devenus trop nombreux, y détruisent les forêts et risquent de les transformer en semi-déserts ; cette situation menace le parc national de Tsavo, au Kenya.

Un éléphant mange 450 kg de nourriture par jour... Dans une seule vallée africaine, 23 000 éléphants étaient concentrés sur 30 000 km2 seulement. Des équipes de décimation sont chargées d'en abattre un certain nombre, en évitant de les faire souffrir ; leurs dépouilles sont ensuite placées dans des entrepôts frigorifiques, en attendant d'être livrées à la consommation. Dans le célèbre parc national Krüger, en Afrique du Sud, les buffles étaient trop abondants : plusieurs centaines ont été mis à mort pour rétablir l'équilibre écologique.