Les doses annuelles reçues de sources artificielles ont été estimées, en moyenne, comme suit : examens radiologiques 50 millirems, télévision 10, cadran des montres lumineuses 2, retombées des explosions nucléaires 2, centrales atomiques 1.

Pour apprécier la grandeur de ces doses, il suffira de préciser que la tolérance admise est de 3 000 millirems par trimestre pour le personnel des installations nucléaires. Elle est fixée à 500 millirems par an pour la population.

À en croire les mesures officielles, il est donc plus dangereux de multiplier les téléviseurs que les centrales nucléaires...

Reste l'accident. À l'encontre de ce que le grand public croit dans sa forte majorité, un réacteur de centrale ne peut être le siège d'une explosion nucléaire (du genre de celle des bombes atomiques). L'accident le plus grave qui peut se produire est l'arrêt du système de refroidissement du réacteur. Le propre de ce dernier étant, comme le foyer d'une chaudière, de dégager le plus de chaleur possible, si cette chaleur n'en était pas extraite, la température ferait fondre les éléments du réacteur et polluerait l'atmosphère. C'est pourquoi des systèmes multiples ont été prévus pour arrêter la réaction en chaîne et pour refroidir le réacteur par des moyens de secours.

Sécurité

L'industrie atomique, qui occupe 150 000 personnes, n'a enregistré à ce jour que dix morts accidentelles. Elle est ainsi, de loin, celle dont les chiffres d'accidents sont le plus bas et cela en raison du luxe de précautions que ses dangers potentiels ont incité à prendre dès l'origine.

Le mouvement de contestation qui s'est développé dans le monde, surtout à partir de 1969, contre l'utilisation de l'énergie nucléaire contribue efficacement à rendre l'atome encore plus sûr.

Aux États-Unis, l'Atomic Energy Commission a dû accepter la discussion avec les représentants d'une soixantaine de mouvements. De nouvelles normes encore plus strictement appliquées que précédemment ont rendu cent fois moindre la radio-activité des rejets atmosphériques et des effluents. Au début de l'année 1973, une discussion serrée a porté sur le système de secours pour le refroidissement des réacteurs des centrales ainsi que sur ces barreaux de combustible nucléaire qui, çà et là, fondent parfois. Décision a été prise de procéder à une étude sérieuse de la question avant la fin de 1973. En attendant, sept centrales ont été contraintes d'abaisser leur puissance afin de diminuer le risque d'accident.

En Suisse, la construction de centrales nucléaires a été exclue pour l'instant. En France, la centrale alsacienne de Fessenheim a vu sa puissance limitée afin d'éviter que le cœur du réacteur ne soit fondu par la chaleur en cas de panne du système de refroidissement de secours. D'autre part, l'EDF a décidé de construire toutes ses centrales futures au bord de la mer, et cela pour éviter la pollution thermique des cours d'eau (dont la température deviendrait telle que tout l'équilibre biologique en serait affecté, des algues nuisibles pouvant, par exemple, proliférer au détriment des poissons).

Maîtriser parfaitement les techniques et atteindre une fiabilité encore plus grande est le seul moyen d'en finir avec l'angoisse atomique.

Car demain, après le gaspillage des réserves actuelles en combustibles fossiles, la fission de l'atome sera notre seule source d'énergie encore disponible et il faudra bien s'en accommoder.

Étonnante résistance des algues

Une thèse de doctorat, soutenue en janvier 1973 devant l'université de Bordeaux par le docteur J. P. Ehrhardt, démontre que toute vie ne serait pas détruite si, un jour, un cataclysme nucléaire s'abattait sur la terre. Les algues, seules survivantes à la catastrophe, continueraient à produire de l'oxygène. La DL 50-30 (dose létale, ou mortelle, de radiations, qui tue 50 % des échantillons irradiés en trente jours) est de 200 000 rads pour les algues bleues (cyanophycées) et varie de 50 000 à 300 000 rads pour les algues vertes étudiées. Toutes ces algues ont une organisation très simple. À titre de comparaison, un homme succombe à 650 rads environ ; les végétaux supérieurs ne sont guère que 10 à 20 fois plus résistants.

Le front de la rage avance

La pollution biologique existe. Une trop grande abondance d'espèces vivantes indésirables à divers points de vue en est à l'origine. C'est ainsi que la rage continue son inquiétante progression à travers la France. Une zone d'infection profonde comprend maintenant l'Alsace, la Lorraine et la Champagne ; des cas isolés ont été signalés dans l'Aisne, la région parisienne, le Sud-Ouest, etc. Premiers responsables : les renards, qui véhiculent la maladie en mordant les animaux domestiques. Deux à trois cents personnes – principalement des éleveurs, mordus à leur tour – se trouvent obligées de se faire vacciner chaque année dans l'est de la France.