Au mois de mars 1973, la firme responsable est condamnée : elle versera plus de 16 millions de francs aux plaignants ou à leurs familles. La fréquence des affaires de ce genre commence à inquiéter l'opinion japonaise : les maires de plusieurs villes demandent au gouvernement de créer un système de compensations aux victimes de la pollution.

Au début de janvier 1973, la Fédération belge des consommateurs affirme dans un communiqué que, selon des examens scientifiques, un tiers du thon vendu en Belgique contient des doses dangereuses de mercure (0,5 mg par kg). Des études faites en France sont un peu plus rassurantes : l'analyse de 2 500 échantillons de thon ne révèle pas de teneur supérieure à 0,3 mg.

Le problème de la présence du mercure dans la chair des poissons connaît un rebondissement inattendu. Le conservateur du musée d'anthropologie de l'université du Michigan, E. Wilmsen, découvre des traces de mercure dans des restes de poissons vieux de 3 200 ans. Ce qui tendrait à prouver qu'il ne convient pas de tout rapporter à la pollution industrielle.

Moules

Au mois de juillet 1972, l'attention est attirée sur les mollusques. L'Institut scientifique et technique des pêches maritimes (ISTPM) interdit à soixante-douze ostréiculteurs du bassin d'Arcachon de vendre leurs huîtres en raison de la pollution. Leurs viviers se trouvent dans le fond du bassin, zone où l'eau n'est guère renouvelée par les marées. La pollution des eaux du bassin d'Arcachon est causée par les égouts et, surtout, les nombreux bateaux de plaisance.

En janvier 1973, l'Union générale des consommateurs accuse les moules d'être intoxiquées par la pollution et, par suite, toxiques. Les analyses faites par l'ISTPM sur des échantillons provenant de toutes les côtes françaises sont rassurantes : leur teneur en mercure est très faible. Seules, les moules pêchées dans les ports et les estuaires présenteraient des taux élevés, mais leur récolte y est interdite.

Menaces sur les forêts du monde

L'autoroute qui doit relier Recife, sur la côte brésilienne, à la frontière péruvienne, en traversant sur 3 000 km la forêt amazonienne, l'un des derniers refuges de la vie sauvage, risque de modifier le climat de la terre entière, en détruisant la première usine à oxygène de la planète.

Les travaux sont en cours : un millier d'ouvriers, épaulés par plusieurs milliers de militaires, ont commencé à éventrer la forêt. Le gouvernement brésilien attache un grand prix à cette opération de prestige et fait la sourde oreille aux cris d'alarme qu'elle suscite.

Érosion

À première vue, une simple autoroute ne paraît pas une menace sérieuse pour l'équilibre de l'immense enfer vert amazonien. Et cependant elle risque de le transformer en désert d'ici cinquante ans. En effet, une bande de terre large de 10 km est défrichée le long de la route ; l'érosion va se propager à partir d'elle et s'étendre à toute la forêt. Son déclin entraînera celui de sa faune et de ses premiers habitants, les Indiens.

De plus, en rejetant de grandes quantités d'oxygène, la forêt amazonienne participe à la purification de l'atmosphère terrestre. Elle intervient aussi dans la régulation du climat mondial en formant un écran contre les vents et en absorbant la chaleur. Sa disparition serait donc lourde de conséquences.

En Alaska, c'est la construction d'un oléoduc qui suscite l'opposition des défenseurs de l'environnement : il risque non seulement de provoquer une pollution des eaux de pêche, mais aussi de perturber les migrations de caribous. Au mois d'août 1972, les écologistes ont été déboutés, mais se sont pourvus en appel : la Cour suprême des États-Unis doit trancher le différend.

En France, des batailles du même genre se livrent à propos de plusieurs sites menacés par des projets d'implantation militaire, notamment le Larzac et Canjuers.

Autour de cette dernière localité, située sur les plateaux du haut Var, un gisement paléontologique et des forêts se trouvent englobés dans les limites d'un camp militaire. Les fossiles devraient cependant être sauvés, un accord étant intervenu entre l'armée et le Muséum de Paris. Ce gisement est un lagon fossile d'âge jurassique, où un reptile du genre Compsognathus a été découvert à l'automne 1972.

Enrésinement

D'une façon plus générale, c'est le sort des forêts françaises qui retient l'attention des écologistes. Le Syndicat national unifié des personnels techniques des forêts (CFDT) a publié un livre blanc intitulé SOS Forêt française. Il s'y élève contre les atteintes portées aux forêts du littoral provençal et à celles des côtes atlantiques, de la Vendée aux Landes, où elles sont rognées par les lotissements.