Les prostaglandines médicamenteuses mises en vente outre-Manche sont, pour la plupart, extraites de la bourrache ; d'autres ont été synthétisées, mais cela coûte cher, et on attend pour très bientôt les prostaglandines semi-synthétiques issues d'un corail qui abonde dans les eaux des Caraïbes, Plexaura homomalla, ou fouet de mer.

Accouchement

C'est en gynécologie-obstétrique que ces substances font merveille : leurs indications sont diverses, voire opposées – car elles peuvent tout aussi bien déclencher un accouchement difficile au moment le plus favorable que provoquer un avortement sûr et sans danger à n'importe quel stade de la grossesse, ou libérer la contraception de l'exigence quotidienne de la prise de la pilule.

Dans la première situation, les résultats sont démonstratifs : ainsi l'emploi de PG F2 (les prostaglandines sont, selon leur nature, différenciées par une lettre et un numéro) dans le déclenchement du travail chez des parturientes vouées à une délivrance difficile pour des raisons diverses (hypertension, diabète...) permet d'obtenir, dans 80 % des cas, un accouchement rapide et sans risque, plus rapide qu'en utilisant une ocytocine de synthèse.

Avortement

Pour la deuxième situation, l'avortement (thérapeutique ou non thérapeutique, selon les lois en vigueur dans les différents pays) est régulièrement obtenu dans la grande majorité des cas après une perfusion intraveineuse ou intra-utérine de PG F2 α+ chez des femmes traitées pendant les 12 premières semaines de la grossesse. L'évacuation hors de l'utérus se fait sept heures après la perfusion. Mais tous les spécialistes qui utilisent les prostaglandines comme substances abortives ont observé des effets secondaires désagréables : diarrhées et nausées fréquentes. Des essais sont en cours, afin de déterminer la meilleure voie d'administration des prostaglandines à effet abortif : la voie orale ou l'injection intra-amniotique.

Lendemain

Quant à l'utilisation des prostaglandines ou, plus précisément, de l'une d'entre elles comme pilule à utiliser après, elle est sérieusement envisagée : il a été prouvé en effet que, administrées par voie vaginale, des tablettes de prostaglandines déclenchent, neuf fois sur dix, l'apparition de leurs règles chez des femmes qui présentent un retard de deux à sept jours.

Les hommes ne sont pas oubliés parmi les futurs utilisateurs. R. Ericson (Berlin) a montré (décembre 1972) que PG E1 et PG E2 peuvent suspendre, pendant des temps variables, la spermatogenèse du rat.

Panacées

Telles sont quelques-unes des utilisations thérapeutiques ou médicamenteuses des prostaglandines. Mais le congrès international qui leur fut consacré à Vienne (septembre 1972), et où se retrouvèrent près de 4 000 biologistes, chercheurs, cliniciens, et... curieux, a révélé toute une gamme d'indications possibles. Parmi celles-ci : asthme, ulcère gastrique, certaines arthrites, hypertension artérielle.

Les prostaglandines seront-elles les médicaments passe-partout de demain ? Apporteront-elles dans le traitement des maladies humaines le même bouleversement que les sulfamides, les antibiotiques ou les corticoïdes ? Il est encore trop tôt pour se prononcer.

Botanique

Nouvelles espèces végétales par hybridation non sexuelle

Un pas important vers la production de nouveaux types de plantes a été franchi au cours de l'été 1972, quand le Dr Peter S. Carlson a annoncé la réalisation du premier hybride parasexuel de tabac. Ce chercheur, qui travaille au laboratoire national de Brookhaven (États-Unis), est parvenu à appliquer aux végétaux une technique déjà utilisée avec succès chez les animaux : la fusion de deux cellules somatiques (c'est-à-dire de cellules non sexuelles).

F. Barski et ses collaborateurs de l'Institut du cancer de Villejuif sont arrivés à fusionner, depuis 1960, des cellules provenant d'espèces très distinctes de mammifères, homme et souris par exemple. Ils ont même obtenu des divisions de ces cellules mixtes ; mais, bien entendu, celles-ci ne vont pas jusqu'à reconstituer un individu complet.

Protoplastes

Ce type d'hybridation, sans passer par la voie sexuelle, permet de combler le fossé génétique séparant des espèces fort différentes.