Dans l'immédiat, la recherche systématique de l'antigène australien pratiquée chez les donneurs de sang a exclu du don du sang les porteurs de l'antigène. Mais, en même temps, on a prélevé le plasma de donneurs de sang trouvés porteurs d'anticorps de l'antigène australien, afin de préparer des gammaglobulines spécifiquement actives contre cet antigène australien. Les premiers essais de cette gammaglobuline spécifique sur des sujets exposés, par métier, à la contamination ont été satisfaisants.

Reste la possibilité de mettre au point un vaccin. En mai 1971, le docteur P. Krugman, du collège médical central de New York, présentait les premiers résultats obtenus dans la prévention de l'hépatite B, par l'injection à des enfants de filtrat de sérum contenant de l'antigène australien inactivé par la chaleur : un certain nombre d'entre eux semblèrent immunisés et fabriquèrent des anticorps contre l'antigène australien.

Krugman décida d'avoir une preuve plus directe de l'efficacité du vaccin ; après avoir fait deux injections, espacées de quatre mois, de sérum inactivé à d'autres enfants, il leur inocula du sérum actif – c'est-à-dire contenant de l'antigène australien non traité par la chaleur. Tous fabriquèrent des anticorps ; un seul présenta une légère infection hépatique.

Espoirs

Le protocole du docteur Krugman souleva des objections sérieuses : le nombre des cobayes humains était insuffisant pour que l'essai fût considéré comme valable. D'autre part, est-il moral de se servir d'emblée de matériel humain, du fait que, dans l'état actuel de la science, l'hépatite virale n'est pas reproductible chez l'animal de laboratoire ? Sur le chemin du vaccin, il y a encore bien des obstacles ; ils seront sans doute levés bientôt.

Sexualité et opinion publique

Avortement : le mot sort de la clandestinité. Le débat autour de ce problème est devenu public ; on échange ses points de vue à la cantine, autour de la table familiale, dans les dîners en ville, et les bulletins paroissiaux, eux aussi, abordent la question.

Après les élections, l'avortement devient une préoccupation des sphères politiques, et les députés se prononcent en première lecture le 20 juin en faveur d'un projet gouvernemental qui, en fait, aménage la loi de 1920, devenue caduque. Que contient la loi ? Les femmes ont désormais le droit de décider de se faire avorter, sous réserve de l'accord du médecin, mais seulement dans les 3 cas suivants :
– lorsque la grossesse met en danger la vie de la mère, ou lorsqu'il est certain que l'enfant à naître sera anormal ;
– lorsqu'il y a eu viol ou inceste ;
– lorsque les problèmes sociaux et économiques peuvent déclencher chez la mère des troubles psychologiques ou psychiques graves.

Vivement attaquée sur sa droite par une grande partie du corps médical français et par les militants du mouvement Laissez-les vivre, pour qui le mot avortement est synonyme d'euthanasie, cette loi est attaquée sur sa gauche par les militants de Choisir et du MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) qui lui reprochent ses ambiguïtés. Pour eux, il y a libéralisation, certes, mais le fléau de l'avortement clandestin demeure, l'interprétation de la loi restant entre les mains de l'arbitraire médical.

Le procès de Bobigny, à l'automne 1972, est à la une des journaux et on apprend qu'un grand médecin, catholique et père de six enfants, a déclaré à la barre des témoins que, dans ce cas précis, l'avortement était le moindre mal. Les mouvements de libération féminins ne sont plus les seuls à réclamer le droit à l'avortement libre et gratuit ; en février 1973, des médecins, des personnalités diverses, bref des notables se mettent ouvertement en infraction avec la loi de 1920. Dans le courant du mois de mai, le professeur Debré se déclare partisan d'une libéralisation de la loi archaïque de 1920.

Plus : des centres s'ouvrent dans toute la France et pratiquent sans se dissimuler des avortements suivant la méthode Karman, c'est-à-dire par aspiration. Les femmes affluent et les centres sont vite débordés. L'opération est gratuite, les membres de ces collectifs se contentant de solliciter une participation aux frais. Le 8 mai, à Grenoble, une militante du mouvement Choisir, le docteur Annie Ferrey-Martin, est inculpée d'avortement. Cette affaire se produit presque simultanément avec l'examen de la nouvelle loi par la Chambre des députés.