Pendant vingt-huit jours ces hommes vont accomplir un programme de recherches sans précédent. Le rôle du médecin consiste en premier lieu à observer sur lui-même et sur ses compagnons les effets d'un long séjour en orbite : prises de sang, pesage (avec une balance à ressorts spécialement conçue pour un milieu sans pesanteur), mesure des excreta, vectocardiographies (sorte d'électrocardiogrammes), électro-oculogrammes et électro-encéphalogrammes pour l'étude du sommeil, mesure de la fatigue avec la bicyclette ergométrique, etc. D'autres expériences portent sur des animaux (souris et mouches du vinaigre). En tout, 19 expériences biologiques sont conduites à bord de Skylab.

Les centaines d'autres expériences, mesures et observations qui ont été programmées pour cet équipage et pour les deux autres qui le suivront portent sur de nombreux pays du monde et concernent une douzaine de domaines différents : inventaire des récoltes, détection des insectes, pédologie, sylviculture, cartographie, recherche de gisements, études volcaniques et tectoniques, recherches hydrologiques, glaciologie, étude du milieu marin, météorologie, études générales (urbanisme, migrations des oiseaux, etc.).

Mais tout cela est sujet à révision en raison des dommages subis par la station orbitale et de la sérieuse réduction des disponibilités en énergie électrique. Le programme prévu ne sera donc exécuté que partiellement, suivant les instructions venues du sol.

Sauvetage

La maîtrise avec laquelle a été accompli le programme lunaire Apollo pourrait laisser croire qu'une sonde gravitant à quelques centaines de kilomètres de la Terre est pratiquement sans danger. L'odyssée de l'équipage d'Apollo 13 et la fin tragique de la première expérience Saliout ont incité la NASA à réviser sa position traditionnelle, qui, fondée sur la fiabilité du matériel et sur le calcul des probabilités, excluait l'éventualité d'un accident et dispensait de prévoir des moyens de sauvetage.

Pour la première fois, les équipages du Skylab sont couverts par un système de sauvetage, certes encore imparfait, mais qui a le mérite d'exister. Une fusée Saturn 1-B est disponible pour lancer une capsule Apollo dont on a dégagé le fond pour insérer deux couchettes supplémentaires au-dessous des trois qu'elle comporte normalement. Ainsi, un équipage de deux hommes permettra éventuellement de rejoindre le Skylab et de ramener au sol ses trois occupants. Hélas ! le lanceur n'est pas prêt à toute éventualité sur son pas de tir et le compte à rebours, à lui seul, exige un délai de huit jours...

Navette

Après des années d'études, la navette spatiale entre dans la phase de réalisation. Il s'agit de mettre au point un lanceur dont des étages seront totalement ou partiellement récupérables.

Si, en plus, ces étages ont des caractéristiques aérospatiales, ils pourront se comporter, lors du lancement d'un engin, comme des fusées classiques et, au retour, comme des avions hypersoniques capables de planer et d'atterrir sur un terrain déterminé. À l'origine (et avant l'actuelle période de restrictions) la NASA avait fait des projets ambitieux : un lanceur à deux étages, pesant 3 000 t au départ et coûtant 13 milliards de dollars. Sous sa forme actuelle, le lanceur aura une masse initiale de 1 800 t et coûtera quelque 6 milliards de dollars. Son deuxième étage, Orbiter, se posera au sol intact et pourra servir un certain nombre de fois, ce qui abaissera considérablement le coût des satellisations.

Alors que la mise sur orbite d'une masse d'un kilogramme revient à 2 000 dollars avec les fusées actuelles dont tous les étages sont perdus, le coût ne sera que de 350 dollars avec les lanceurs à éléments récupérables.

La construction, les essais et la mise au point de la navette spatiale seront très longs : le premier vol orbital avec des hommes à bord n'est prévu que pour l'année 1978.

La série des satellites Prognoz

Prognoz (prévision, en russe) est le nom d'une série de satellites soviétiques destinés à prévoir des changements induits par l'activité solaire dans la magnétosphère et l'environnement terrestre en général. Très lourds (845 kg), ils gravitent sur des orbites ayant leur périgée à moins de 1 000 km et leur apogée à 200 000. Ils mesurent le rayonnement gamma et le champ magnétique ; ils évaluent les flux de protons et d'électrons et détectent les particules alpha et les noyaux lourds, ainsi que les ondes radio-électriques d'origine solaire. Les trois premiers de la série ont été lancés le 14 avril, le 29 juin 1972 et le 15 février 1973.