Le 8 janvier 1973, trois semaines après le retour d'Apollo 17, c'est le lancement de Luna 21, qui, dans la nuit du 15 au 16, atterrit dans le cirque Le Monnier, à l'est de la mer de la Sérénité et à 180 km du dernier site exploré par les astronautes américains. Le laboratoire automobile Lunakhod 2 descend de l'engin porteur et commence aussitôt à transmettre des images des alentours.

Astrophotomètre

Plus lourd que le premier de la série (840 kg au lieu de 756), cet engin est aussi plus efficace. En particulier, il est équipé d'une troisième caméra disposée frontalement à la hauteur des yeux humains, afin d'apercevoir les accidents du sol. Un magnétomètre permet, pour la première fois, la mesure permanente du magnétisme lunaire. D'autres instruments servent à mesurer le rayonnement X du Soleil, à analyser le sol, à en mesurer les caractéristiques mécaniques, etc.

Le 24 janvier, le Soleil se couche : c'est la longue nuit lunaire (quatorze jours terrestres) ; la température descend à – 140 °C. Les opérateurs terrestres, pour protéger les équipements de la sonde, la mettent en hibernation après l'avoir immobilisée, son réflecteur de rayons laser convenablement orienté vers la Terre.

Cette mise en sommeil n'empêche pas Lunakhod de se rendre utile. C'est la nuit que travaille son astrophotomètre, instrument qui mesure le rayonnement ultraviolet de la Terre et de la Galaxie, ainsi que la luminosité du ciel.

Dès son immobilisation, d'étroits et puissants faisceaux laser cherchent dans les ténèbres le réflecteur (de construction française) qui doit les renvoyer vers la Terre. Le 26 janvier, l'observatoire américain Mc Donald obtient les premiers échos laser et mesure ainsi la distance Terre-Lune à 30 cm près.

Le 9 février, Lunakhod reprend ses randonnées, guidé de la Crimée par des conducteurs anonymes.

Ainsi, après les Apollo, les Luna assurent la relève. Mais, malgré leur admirable efficacité, malgré les propos blasés de Richard Nixon, ces robots ne feront qu'assurer l'intérim.

Télécommunications par satellites au Canada

Le Canada est le premier pays au monde, après l'Union soviétique, à s'être doté d'un réseau de satellites pour les télécommunications nationales. Deux satellites cylindriques de 3,30 m de hauteur et 1,80 m de diamètre, construits aux États-Unis (avec 20 % de composants canadiens) et lancés par la NASA au cap Canaveral, doivent couvrir le vaste territoire canadien. Le premier de ces relais, Anik (frère, en esquimau), a été placé sur une orbite équatoriale le 10 novembre 1972 et calé en un point situé à 114° de longitude ouest. Son antenne couvre tout le Canada, l'Alaska et une bande des États-Unis. Sa capacité de transmission est de 10 programmes de télévision ou 4 800 conversations téléphoniques. Anik 2, lancé le 20 avril 1973, a été installé à 109° de longitude ouest. Un Anik coûte 10,3 millions de dollars ; la fusée Thor-Delta et la mise sur orbite représentent 6,5 millions de dollars payés à la NASA.

Du deutérium dans l'espace interstellaire

Lancé en août 1972 du cap Canaveral le satellite astronomique américain OAO-3 (également baptisé Copernic) a révélé que les nuages de matière interstellaire de la Galaxie contiennent non seulement de l'hydrogène atomique, neutre ou ionisé, mais aussi de fortes quantités d'hydrogène moléculaire et de deutérium.

Depuis que la radio-astronomie permet de capter l'émission sur 21 cm de longueur d'onde de l'hydrogène neutre, on sait que l'espace interstellaire contient d'immenses nuages d'hydrogène à l'état atomique, c'est-à-dire que les atomes n'y sont pas associés en molécules. La présence dans ces nuages d'au moins 10 % d'hydrogène à l'état moléculaire constitue une première surprise pour les astrophysiciens.

Plus étonnant encore est le fait que pour deux cents atomes d'hydrogène interstellaire il y aurait un atome de deutérium (isotope lourd de l'hydrogène, dont le noyau, au lieu d'être fait d'un simple proton, contient un proton et un neutron).

Dans la nature terrestre, il y a à peu près un atome de deutérium pour dix mille atomes d'hydrogène ordinaire. Son abondance relative dans l'espace interstellaire pose donc un problème. Même si – comme le pensent certains spécialistes – les appareils de mesure de Copernic ont transmis des valeurs supérieures à la réalité, la différence est si forte qu'elle ne peut être uniquement imputée à des erreurs d'observation. Des radio-astronomes américains ont d'ailleurs retrouvé dans les nuages interstellaires des raies caractéristiques du deutérium ou de molécules contenant un atome de deutérium.