Il y eut aussi la nouvelle diffusion des meilleures émissions de La caméra explore le temps – dont la suppression avait à l'époque soulevé bien des protestations (elle a beaucoup, et pas toujours bien, vieilli) – parallèlement a Alain Decaux raconte, qui continue, La légende du siècle de Claude Santelli avec André Malraux, Le musée imaginaire dont l'intérêt varie suivant les qualités de l'invité.

Côté variétés, La piste aux étoiles poursuit une carrière déjà longue, Le grand échiquier de Jacques Chancel essaie de maintenir une certaine qualité sans toujours y parvenir ; le tandem Roger Pierre-Jean-Marc Thibault réapparaît – Top à..., Devine qui est derrière la porte. Le ciné-club, comme l'ensemble des films, est bien choisi, les dramatiques valent souvent par la couleur : Raboliot de Maurice Genevoix, La dame aux camélias avec Ludmila Tcherina, très contestée dans le rôle de Marguerite Gauthier. Quant au Théâtre ce soir, il a trop vécu pour être encore de qualité. Le répertoire n'est pas renouvelé et le genre s'essouffle.

Regroupées

Sous la direction de Jean-Pierre Angrémy (diplomate, écrivain – il est l'auteur, sous le pseudonyme de Pierre-Jean Rémy, du Sac du palais d'Été), chargé de l'harmonisation des programmes, les émissions littéraires changent de visage : Les cent livres des hommes de Claude Santelli disparaissent, Bernard Pivot se voit confier un magazine, Ouvrez les guillemets, qui devrait, remplacer tout à la fois Lectures pour tous Le fond et la forme, Les lecteurs savent lire et En toutes lettres, émissions littéraires plus ou moins couronnées de succès dans les années passées.

Côté sports, un protocole a été signé en octobre 1972 entre l'ORTF et la Fédération française de football, qui, grâce à la méthode de l'occultation locale, aboutit enfin à une victoire du bon sens. Côté reportages, la saison n'a pas connu de grand direct et les jeux Olympiques n'ont suscité qu'un enthousiasme limité.

Mis à part le quart d'heure de la troisième chaîne, les jeunes n'ont aucune raison de se réjouir. Ils tiennent le rôle de parents pauvres et il leur faudra attendre avril 1973 et les programmes élaborés par Jacqueline Joubert, à partir d'enquêtes réalisées dans les lycées, pour connaître un peu de nouveauté.

Il se confirme dans tous les secteurs que l'intérêt du public s'émousse au fil des ans. Seuls des programmes de qualité en tous domaines pourraient susciter un regain d'attention. Mais qui donc est capable de donner enfin au téléspectateur français ce qu'il attend, inconsciemment peut-être ?

Radio

Une cinquantenaire en bonne santé

Les choses ont bien changé depuis l'époque héroïque où quelques fanatiques – on les prenait volontiers pour des hurluberlus – parlaient devant un micro, dans une modeste cabane en bois qui leur servait de studio. La radio vient de célébrer son cinquantenaire et elle se porte bien. Elle a connu le mauvais âge, la quarantaine ; un moment on a cru que sa cadette, la télévision, rivale agressive, aurait raison de son existence.

La concurrence entre les stations périphériques et les chaînes d'État a créé sans doute l'émulation nécessaire au renouveau, et les directeurs, tels des sportifs, luttent en permanence pour améliorer leurs scores, c'est-à-dire leur audience.

Fivisation

Sur le réseau d'État, Jacques Sallebert reste à la barre. En dépit du succès prodigieux, tant à Paris qu'en province, des chaînes du type musique ininterrompue-informations pratiques, la formule de fivisation de France-Inter-Vacances a connu un semi-échec en 1971. L'expérience n'est pas renouvelée pour l'été 1972. La grille des programmes conserve donc son aspect habituel. Les auditeurs des régions de Paris, Marseille, Lyon, Nancy, Reims peuvent suivre leur FI... respectif en modulation de fréquence. Inter-Variétés relaie chaque jour France-Musique en fin de soirée afin de faire découvrir à un public non initié cette chaîne privilégiée.

Dramatiques

Si l'on considère l'ensemble des grilles de programmes pour les chaînes nationales, on s'aperçoit que la radio sait aussi être autre chose qu'un diffuseur de musique et d'informations, ce qui n'est déjà pas si mal. Ainsi le service des émissions dramatiques a produit près de 1 000 heures de programmes en 1971 : 553 heures pour France-Culture, 233 heures pour France-Inter et 151 heures pour Inter-Variétés. France-Culture diffuse des œuvres classiques interprétées par la troupe des comédiens-français par exemple, d'importantes créations, de grandes reprises, des adaptations d'œuvres romanesques célèbres. France-Inter présente régulièrement Le théâtre de l'étrange, L'heure du mystère, Mystère, mystère, La tribune de l'Histoire, Le boulevard du théâtre. Quant à Inter-Variétés, il accueille Le théâtre radiophonique et Tremplin, réservé aux jeunes auteurs.