Cet appétit des amateurs d'ancien s'explique par l'élargissement d'un public fortuné à la recherche de pièces rares ou décoratives, par la venue, du côté des demandeurs, d'acheteurs japonais qui, au début de 1973, ont fortement poussé à la hausse, et peut-être, surtout, par des intentions spéculatives. On retiendra de ces ventes de qualité exceptionnelle une commode en laque Louis XV, à plus d'un million, un secrétaire ayant appartenu à Marie-Antoinette, à 270 000 F, un bureau plat estampillé Dubois, trois pièces rarissimes vendues le 15 mars 1973 par l'étude Ader, Picard, Tajan (qui fait à elle seule un tiers du chiffre d'affaires des 70 commissaires-priseurs parisiens). Ces meubles faisaient partie de la collection de Mme Henry Farman, une des plus prestigieuses, dispersée à Galliera.

Les meubles Arts-Déco de la collection Jacques Doucet (187 600 F pour un paravent en laque rouge, par Mes Audap, Godeau, Solanet, le 8-XI-72) et de la collection Haviland (39 100 F pour une table de Pierre Legrain, par Mes Laurin, Guilloux, Buffetaud, le 4-XII-72) ; les tableaux de la collection de l'Argentin Eduardo Mollard (830 000 F – le double de l'estimation – pour une toile de Pissarro, par Mes Ader, Picard, Tajan, le 4-XII-72) ; 530 000 F pour un cavalier de Delacroix (même vente) ; la collection Philippe Gangnat (880 000 F pour un bouquet de roses de Renoir, même vente) ; les sculptures africaines de la collection Arman (52 300 F pour un masque de la Côte-d'Ivoire, par Mes Leudmer, Poulain, Cornette de Saint-Cyr, le 18-XII-72) ; les livres de la bibliothèque Raphaël Esmerian ont été enfin un des clous de la saison, avec un livre rarissime qui a fait plus de deux millions.

Certaines enchères ont dépassé toutes les prévisions ; 750 000 F pour un carton de 50 × 73 de Maurice Utrillo, daté 1911, la période la plus recherchée (Me Ferri, le 8-IV-73) ; 570 000 F pour une composition surréaliste signée en 1926 par Yves Tanguy (Me Libert, le 27-II-73) ; 557 000 F sur offre à 100 000 pour une peinture de Max Ernst de 1923 (Mes Laurin, Guilloux, Buffetaud, le 8-IV-73) ; 500 000 F pour une toile de Gauguin, peinte aux environs de Rouen en 1884, et 520 000 F pour Les saules de Claude Monet, deux œuvres adjugées par Mes Ader, Picard, Tajan à des acheteurs japonais (19-III-73).

Dans le domaine des objets d'art, le record des records a été atteint avec une enchère de 1 276 000 F donnée par un Japonais pour un vase de Chine du XVIe siècle à décor de dragons (Mes Couturier et de Nicolay, M. Beurdeley, expert, le 10-XI-72).

Ventes et grands hommes

Tous les objets qui ont appartenu à des célébrités (vedette de la chanson, personnage historique, homme politique) provoquent toujours de fortes enchères. Le canotier et la canne de Maurice Chevalier ont trouvé preneur à 4 000 F à Roque-brune-sur-Argens, le 26 août 1972.

Une proclamation manuscrite rédigée par de Gaulle après le 18 juin 1940 a été emportée, le 23 février 1973, par un amateur belge qui a accepté de renoncer à cette pièce unique au profit de l'Ordre des compagnons de la Libération.

Le rasoir d'écaille dont Louis XVI se servait dans son cachot du Temple a été adjugé pour 4 200 F (Drouot, 18-V-73).

Parmi les autographes historiques, on a payé 79 000 F une lettre d'amour enflammée du général Bonaparte à Joséphine, qu'il venait d'épouser, datée du 30 mars 1796 (Drouot, 28-V-73).

Armes

Les amateurs d'armes se pressent toujours aussi nombreux à chaque vente du genre, et toujours aussi avides d'enrichir des collections qui constituent un précieux capital.

On a donné 5 200 F pour un sabre de tambour-major (Drouot, 4-IV-73), 4 200 F pour un sabre de la Garde impériale (1802). Mais ce sont surtout les armes à feu qui continuent à faire parler la poudre des enchères : – Paire de pistolets à rouet, Nuremberg 1580 : 70 000 F, Drouot, 11-XII-72. – Pistolet à silex (vers 1660) : 31 000 F, Drouot, 11-XII-72. – Pistolet à piston Gastine-Renette (XIXe) : 6 800 F, Versailles, 5-II-73. – Fusil à silex du roi de Rome, par N. Boutet : 45 000 F, Drouot, 23-III-73. – Fusil de chasse à silex du Grand Dauphin (XVIIe) : 50 000 F, Drouot, 23-III-73. – Deux pistolets à rouet provenant du cabinet des armes de Louis XIII : 145 000 F et 160 000 F, 23-III-73, préemption du musée de l'Armée. – Pistolet Charleville, 1763 : 4 100 F, Drouot, 18-V-73.

Tableaux et dessins anciens

Parmi les tableaux du XVIIe, les natures mortes sont toujours très appréciées, ainsi que les tableaux de genre signés de Watteau, Boucher ou Simon Vouet.