La position de la Grèce sur la scène internationale s'améliore indiscutablement. En dépit des divergences de vues qui la séparent des États-Unis, et auxquelles fait allusion le secrétaire d'État William Rogers lors de son passage à Athènes le 4 juillet 1972, les relations étroites entre les deux pays se raffermissent et se développent. D'importants marchés, que des groupes français espéraient s'assurer, sont adjugés à des firmes américaines. Les investissements américains s'intensifient tandis que les visiteurs d'outre-Atlantique fournissent près de la moitié des revenus à l'industrie du tourisme. Le 8 janvier un accord est signé, qui accorde des facilités à la VIe flotte.

Coopération

Certes, les relations avec l'Europe ne s'améliorent pas d'une manière notable. Les pays du Marché commun persistent à ne pas vouloir venir en aide à l'économie grecque, surtout depuis l'arrestation, en mai 1972, du professeur Pezmazoglou, président du Mouvement grec des jeunesses européennes. Cependant, les capitales qui passaient pour être les plus hostiles au régime d'Athènes – Stockholm et Bonn, en particulier – normalisent leurs rapports et, parallèlement, intensifient les échanges avec la Grèce.

Le gouvernement d'Athènes tente de diversifier ses relations internationales. Après la reconnaissance du régime de Pékin, le 5 juin 1972, le vice-président du Conseil Nicolas Makarezos se rend du 19 au 26 mai en Chine, où sont conclus divers accords de coopération. D'autre part, les échanges commerciaux s'améliorent avec plusieurs pays de l'Europe communiste, notamment la Roumanie, la Bulgarie, la Yougoslavie et l'URSS.

Inflation

L'expansion de l'industrie – notamment du bâtiment –, du commerce et du tourisme se poursuit à un rythme accéléré. Le taux de croissance atteint le chiffre de 8,5 %. Ce développement s'accomplit, grâce à une politique inflationniste, par l'octroi de subventions, de crédits bancaires excessifs (qui ont triplé par rapport à 1966), par le gonflement exagéré des investissements de l'État (qui ont quadruplé en quatre ans). En raison de l'importance que donne le régime aux forces armées et au bien-être de ses membres (les crédits militaires sont trois fois plus élevés en 1973 qu'en 1966), la Grèce est ainsi parmi les membres européens de l'OTAN celui qui – après le Portugal – consacre à ses forces armées la proportion la plus élevée de ses ressources nationales (environ 5 % du PNB). La Grèce est, de ce fait, conduite à s'endetter massivement : ses créances étrangères triplent de 1967 à 1973, passant de 1,1 milliard de dollars à plus de 3 milliards.

La poussée inflationniste se traduit dès l'automne 1972 par une hausse galopante des prix, qui atteignent, pour certains produits de consommation courante, des taux allant de 50 à 200 %. Le marché noir se répand. Les salaires, bien qu'en hausse également, ne suivent pas la courbe du coût de la vie. Le mécontentement se répand dans le pays, surtout dans la paysannerie. La réduction autoritaire des prix agricoles ainsi que l'augmentation des coûts de production incitent les agriculteurs à laisser leurs champs en friche. La superficie cultivée décroît (de 144 000 ha en 1964 à 85 000 en 1972), le nombre des paysans tombe à 120 000 (contre 210 000 en 1964). L'émigration s'accélère : depuis l'instauration du régime militaire en 1967, 225 000 personnes se sont expatriées, contre 150 000 au cours des cinq années précédentes.

Malaise

Les étudiants se font les interprètes du mécontentement qui se répand dans plusieurs catégories de la population. Pour la première fois depuis le coup d'État du 21 avril 1967, le monde universitaire s'insurge dans la violence. À l'automne de 1972, mais surtout au printemps de 1973, les étudiants débrayent, occupent les locaux d'enseignement, manifestent, se heurtent aux forces de l'ordre, bravent les tribunaux d'exception.

L'inquiétude du régime s'accroît quand le malaise fait son apparition dans l'armée. Le 17 février 1973, neuf généraux dénoncent, dans un manifeste, la répression exercée contre les étudiants. Le 15 avril, quatre militaires prestigieux, deux anciens chefs de l'état-major général et deux anciens chefs de l'état-major de l'armée de terre, qui ne passaient pas pourtant pour être hostiles au régime, publient un appel en faveur du rétablissement de la démocratie parlementaire.