Les tensions sur les frontières de la RDPY persistent, en particulier celles avec le sultanat d'Oman et la République arabe du Yémen. Les tribus nord-yéménites – armées et financées par l'Arabie Saoudite, selon Aden – multiplient les coups de main, faisant au moins une centaine de morts de part et d'autre.

Le 26 septembre, des hostilités générales éclatent entre les deux républiques yéménites, qui s'accusent mutuellement d'en avoir pris l'initiative. Les combats sont particulièrement violents autour de la ville de Qahtaba. L'armée nord-yéménite occupe quatre localités en territoire ennemi. Une mission de la Ligue arabe tente en vain de mettre un terme au conflit. Le 8 octobre, le gouvernement d'Aden accuse les forces de Sanaa d'avoir occupé l'île de Kamaran, tout en poursuivant le bombardement de divers villages frontaliers. Le 10, un porte-parole de la République arabe du Yémen annonce que « Kamaran est définitivement nord-yéménite ».

Les combats se poursuivent jusqu'au 23 octobre, date à laquelle les deux républiques sœurs décident non seulement le cessez-le-feu mais aussi de s'unir. Sept commissions doivent être créées pour entreprendre, dans un délai d'un an, les études pour la fusion des institutions.

Accords

Cette soudaine et surprenante évolution constitue en réalité, pour les deux camps, une astuce politique pour sortir de l'impasse. Le gouvernement du Nord Yémen voulait mettre un terme à une guerre qui tournait à son désavantage, celui du Sud cherchait à gagner un répit indispensable alors qu'il est assailli par de multiples problèmes intérieurs. Chacune des deux capitales espérait d'ailleurs que l'unité – si jamais elle devait se réaliser – se solderait par l'absorption du régime adverse. L'accord d'unité préliminaire, signé au Caire le 28 octobre 1972, ainsi que celui conclu le 28 novembre par les deux présidents de la République à Tripoli, sous l'égide du colonel Kadhafi, sont rédigés de telle manière que chacune des parties contractantes dispose d'une confortable marge d'interprétation.

Les retrouvailles seront de courte durée. Un mois plus tard, la démission du Premier ministre nord-yéménite Mohsen el-Ayni et son remplacement par un ultraconservateur, Abdallah al-Hijri, qui passe pour être un pro-saoudien, donne un coup d'arrêt au rapprochement. Aden accuse aussitôt l'Arabie Saoudite de saboter l'accord d'unité, de pousser le gouvernement de Sanaa et les tribus à reprendre les hostilités afin d'abattre le régime sud-yéménite. Le 22 mars, selon Riyad, la localité saoudienne de Wadiha est bombardée par les avions de la RDPY. Aden rétorque le lendemain que le poste frontière de Wadiha est une localité yéménite annexée par le royaume wahhabite en 1969.

À la même époque, les autorités sud-yéménites mènent campagne contre Israël, accusé d'avoir occupé plusieurs îles de la mer Rouge appartenant à la République arabe du Yémen. Cette dernière se sent visée et dément, tout autant que Tel-Aviv, les informations diffusées par Aden.

Tensions

Les rapports se détériorent entre les deux républiques. Des combats éclatent à nouveau dans la région frontalière de Beida, où, du 22 au 26 mai, une trentaine de personnes sont tuées ou blessées.

Les relations entre Moscou et Aden se renforcent. Les missions et les dirigeants sud-yéménites se succèdent dans la capitale soviétique. En novembre, le chef de l'État, Salem al-Robaya, est reçu avec une chaleur particulière.