Journal de l'année Édition 1973 1973Éd. 1973

Les industriels et commerçants voient leurs revenus progresser plus vite que ceux des salariés, par personne active, car leur nombre diminue, à l'inverse de celui des salariés.

Cela est vrai aussi des exploitants agricoles, qui profitent en outre directement du vif renchérissement des produits alimentaires – ce qui fait qu'en 1972, malgré une production qui a été stagnante (en volume), le résultat d'exploitation, par agriculteur, a été majoré de plus de 19 %.

Le ministre des Finances ne convainc donc pas grand monde quand il prêche la désinflation. Pourquoi les salariés accepteraient-ils la modération du couple prix-salaires, par exemple, alors que le salaire réel est un résidu qui n'est pas constant et a tendance à s'élargir avec la hausse des prix ? Le problème de la maîtrise de l'inflation, aggravé par le dérapage intervenu en 1972, n'a donc cessé de prendre de l'acuité en 1973, d'autant plus qu'à la pression des coûts se sont ajoutées les tensions provoquées par la saturation des équipements disponibles pour satisfaire la demande.

La politique des revenus, c'est-à-dire l'action directe sur la formation des prix et des salaires, a été repoussée, en tant qu'instrument de lutte contre l'inflation, aussi bien par le président de la République que par le ministre des Finances. Au contraire, à la fin mai, ce dernier s'est fait, devant l'Assemblée nationale, l'avocat d'une intervention a posteriori, par l'impôt, pour réaliser un peu plus d'égalité entre ceux que l'inflation enrichit indûment et ceux qu'elle appauvrit injustement. Mais recherchait-il une véritable recette de stabilité ou une nouvelle image de marque ?