L'armée libanaise, jalouse de ses prérogatives, n'apprécie guère le statut d'autonomie dont bénéficient les fedayin dans les camps de réfugiés et dans le sud du pays, où ils ont installé leurs bases. D'autre part, les raids de représailles israéliens exaspèrent les militaires libanais dans la mesure où les affrontements mettent en évidence leur infériorité opérationnelle.

À la mi-septembre, l'armée établit des postes de contrôle sur les routes conduisant au sud et empêche les Palestiniens de rejoindre leurs camps et leurs bases, sous prétexte que le leader du Fath, Yasser Arafat, avait accepté, le 26 juin 1972, d'interrompre provisoirement les infiltrations de ses guérilleros en Israël. Le 2 octobre, à la suite de nouvelles tractations avec le gouvernement de Beyrouth, Yasser Arafat accepte d'évacuer les fedayin des villes du Sud.

Malgré ces mesures d'apaisement, les incidents se multiplient entre militaires libanais et commandos, pour déboucher, le 2 mai 1973, sur des combats de grande envergure. L'aviation pilonne les postes palestiniens. « Nous offrons volontiers l'hospitalité à 300 000 réfugiés palestiniens, déclarait le 3 mai le président Frangié, mais nous ne pouvons pas tolérer sur notre sol une armée d'occupation. »

Le lendemain, une brigade de l'armée de la libération de la Palestine, stationnée en Syrie, pénètre au Liban pour venir au secours des fedayin. À plusieurs reprises, entre les 6 et 9 mai, des dirigeants israéliens avertissent la Syrie que si elle devait intervenir au Liban pour soutenir les organisations palestiniennes, l'armée du général Dayan serait obligée d'agir pour défendre la sécurité de l'État juif. Le 8 mai, la Syrie, accusant le gouvernement de Beyrouth de mettre à exécution un complot mis au point à l'étranger, ferme sa frontière avec le Liban. La Libye et l'Irak rejettent la responsabilité de la confrontation sur les autorités libanaises. Plusieurs autres pays arabes dépêchent des émissaires pour tenter de mettre fin au conflit. Trois cessez-le-feu conclus successivement ne sont pas respectés. Les combats — au cours desquels l'artillerie entre en action — s'étendent à l'est et au sud du pays.

Après de longues et laborieuses tractations, un accord est conclu entre le gouvernement libanais et l'OLP. Les termes du compromis ne sont pas rendus publics. Mais on apprend, grâce à certaines indiscrétions, que l'armement lourd ne sera plus admis dans les camps de réfugiés, que les commandos ne seront plus autorisés à porter d'uniformes et d'armes en dehors de leurs camps, ni à dresser des barrages routiers. Il leur est désormais interdit de procéder à des arrestations, de mener leurs propres enquêtes ou d'entreprendre des tournées de patrouilles. Il a été, en outre, décidé d'un commun accord que les forces de sécurité libanaises partageront avec les fedayin la responsabilité du maintien de l'ordre dans les camps de réfugiés.

Le compromis, selon la plupart des observateurs, ne constitue qu'un répit. Se considérant comme provisoirement vaincus, les fedayin, pour lesquels le Liban est le principal sanctuaire, chercheraient à rétablir le rapport des forces en leur faveur. L'armée libanaise, dont la victoire n'a pas été totale, attendrait l'occasion pour reprendre son offensive. Le gouvernement de Beyrouth, enfin, persuadé que le mouvement palestinien est en perte de vitesse tant au Liban que dans le reste du monde arabe, souhaiterait rétablir sa pleine souveraineté dans le pays.

Désengagement

Plusieurs États arabes, mécontents de la politique suivie par l'OLP ou de son incapacité à mener une action d'envergure dans les territoires occupés, prennent leurs distances envers Yasser Arafat et ses amis. Le Soudan, après l'attentat de Khartoum, a accusé le Fath d'avoir organisé l'agression. L'Arabie Saoudite, indignée par la prise en otage de son ambassadeur, aurait interrompu le versement de ses subsides. L'Algérie et la Libye ont fait de même. Le gouvernement de Tripoli a, de surcroît, rappelé les volontaires qui avaient rejoint les rangs de la résistance palestinienne.