Si les Israéliens ne revendiquent pas ces attentats ni ceux qui suivront, les Palestiniens se félicitent de ceux qu'ils commettent. Le 17 août 1972, une bombe explose à bord d'un avion de la compagnie israélienne Al Al ; le 5 septembre, un commando prend en otages des athlètes israéliens aux jeux Olympiques de Munich ; le 1er septembre, un diplomate de l'État juif est tué à Londres par une lettre piégée. Les représentants de l'OLP à l'étranger sont tout particulièrement visés : celui de Rome, Wael Zouaitar, est assassiné le 16 octobre ; celui de Tripoli est grièvement blessé le 25 du même mois ; le directeur à Paris de l'Organisation centrale palestinienne, Mahmoud Hamchari, victime d'un attentat le 8 décembre, meurt de ses blessures un mois plus tard ; le 25 janvier 1973, c'est au tour du représentant de l'OLP à Chypre d'être tué par une bombe.

À Nicosie, Madrid, Paris, des hommes dans les deux camps tombent sous les balles d'assassins dont on ne retrouve pas la trace.

Septembre noir défraie la chronique internationale à deux reprises : le 28 décembre 1972, à Bangkok, un commando occupe l'ambassade d'Israël et s'empare de six otages. Mais, grâce à l'intervention de l'ambassadeur d'Égypte en Thaïlande, les agresseurs renoncent, le lendemain, à leur projet et se réfugient au Caire. Le 1er mars 1973, un commando de Septembre noir, rééditant le coup de Bangkok, séquestre à l'ambassade d'Arabie Saoudite à Khartoum l'ambassadeur de ce pays, le chargé d'affaires de Jordanie, celui de Belgique, l'ambassadeur des États-Unis et son ministre-conseiller. Ces trois derniers sont abattus à bout portant par les terroristes, le lendemain, après que leur exigence relative à la libération des fedayin en Israël, en Jordanie et en Allemagne fédérale eut été rejetée.

Le 9 avril 1973, les fedayin attaquent l'ambassade d'Israël à Chypre et un avion israélien à l'aéroport de Nicosie. Les forces armées de l'État juif lancent, le lendemain, une opération d'une rare audace contre les organisations palestiniennes à Beyrouth. Trois dirigeants de premier plan sont tués dans leur appartement par des commandos débarqués en pleine nuit sur une plage de Beyrouth : Kamal Nasser, porte-parole de l'OLP, Youssef Najjar et Kamal Adwan. Ces deux derniers occupent des positions de direction dans Al Fath, dont ils furent parmi les fondateurs. Également mitraillé par les assaillants israéliens, Abou Leila, pourtant dirigeant d'une organisation hostile au terrorisme, le Front démocratique, est grièvement blessé.

Au total, la guerre secrète entre Israéliens et Palestiniens a été beaucoup plus coûteuse pour ces derniers. Rien n'indiquait cependant, fin juin 1973, que le phénomène du terrorisme avait perdu sa raison d'être. De jeunes Palestiniens, frustrés et amers, impatients de poursuivre la lutte contre Israël avec les moyens dont ils disposent, demeurent persuadés de l'efficacité de leurs méthodes. Ils estiment, en tout cas, ne pas avoir le choix face à l'attitude du gouvernement israélien tant dans les territoires occupés qu'à l'égard du mouvement national palestinien.

Liban

L'évolution des rapports entre les autorités libanaises et les fedayin réduit singulièrement la marge de liberté de ces derniers et les pousse dans leurs derniers retranchements. Au fur et à mesure que se répètent et s'intensifient les raids israéliens en territoires libanais, le gouvernement de Beyrouth insiste pour limiter les implantations, les déplacements, les activités des guérilleros palestiniens. La classe dirigeante, les milieux d'affaires s'inquiètent des répercussions des opérations militaires sur l'économie d'un pays qui sert de plaque tournante au commerce et à la finance internationale, de refuge aux capitaux provenant des richissimes producteurs du pétrole arabe. Le gouvernement de Beyrouth cherche dès lors à imposer le respect de la convention d'armistice conclue en 1949, enlevant tout « prétexte à Israël d'occuper le sud du Liban ou de bombarder le pays », selon les termes de Raymond Eddé, leader du Bloc national et l'un des représentants de la communauté maronite.