Alors que les instances financières nationales et internationales édifient laborieusement de délicates réglementations monétaires, voilà que des trésoreries énormes et errantes vont attiser la spéculation.

Alors que les gouvernements s'emploient à maintenir un difficile équilibre entre industries de croissance et activités traditionnelles, voilà que des capitaux multinationaux vont s'investir exclusivement dans les secteurs à haut niveau de rentabilité.

Bref, on va assister à l'accélération du développement d'institutions dont la motivation essentielle reste le profit, au moment précis où les pouvoirs publics nationaux commencent à s'intéresser à un nouveau type de croissance, fondé, notamment, sur la qualité de la vie.

Dilemme

Qui gagnera dans cette lutte d'influences ? Tout dépendra de la capacité des États à atténuer les effets pervers du multinationalisme. Les pays les plus puissants parviendront sans doute à trouver un modus vivendi acceptable par tous. Mais les plus faibles seront acculés à un cruel dilemme. Ou bien se laisser dominer en y perdant une partie de leur indépendance ; ou bien pratiquer une politique de contrôle très stricte — voire d'interdiction — des investissements étrangers, ce qui les priverait d'avantages certains : apports de capitaux, créations d'emplois, progrès technologiques, apparition de nouveaux produits, stimulation de la concurrence, amélioration de la balance des paiements, etc.

Les pays du tiers monde se sentiront naturellement les plus menacés par cette évolution. Encore que, dans certains secteurs où ils contrôlent le produit de base (comme le pétrole), ils aient appris à faire jouer en leur faveur les lois de l'offre et de la demande que leur ont appris les pays capitalistes.