L'Yonne est liée en grande partie à la région parisienne, la Saône-et-Loire subit l'attraction de Lyon, la Nièvre a demandé par la voix de ses élus à être rattachée à la région économique d'Orléans et la Côte-d'Or regroupe la moitié de sa population dans l'agglomération dijonnaise ; mais Dijon, métropole d'équilibre assimilée, ne fait pas un poids suffisant pour remplir son rôle.

Officiellement, on estime que la région de Bourgogne ne comporte pas de secteur en état critique :
– la récession des houillères de Blanzy est progressive, mais les implantations de reconversion sont faites ;
– la crise sidérurgique est surmontée (Creusot-Loire) ;
– les industries du textile sont peu nombreuses, mais celles qui existent sont adaptées à la concurrence internationale ;
– les secteurs de pointe sont nombreux : ainsi quatre établissements occupent à eux seuls 35 % de l'effectif salarié de la Nièvre.

Malgré ces facteurs favorables, les statistiques sur le chômage montrent que la situation s'est dégradée à partir de 1971 avec la crise monétaire et l'arrivée de nombreux jeunes sur le marché du travail.

Les services de l'emploi se désolent, car les jeunes ne veulent plus que des métiers propres et peu fatigants. L'idéal est l'emploi de bureau. Même si l'on y est payé au SMIC et si l'on gagne moitié moins que sur un chantier. Et partout c'est la course aux P3 et aux techniciens, à la main-d'œuvre qualifiée.

La nouvelle usine Michelin de Montceau-les-Mines a cherché pour juillet 1972 800 nouveaux ouvriers pour le démarrage d'une nouvelle production. Elle a été obligée de s'adresser à la main-d'œuvre étrangère ou lointaine.

Creusot-Loire envoie des émissaires, sortes de sergents recruteurs de techniciens, jusqu'à Aurillac.

Il est vrai que dans la région le secteur secondaire, à part certaines poussées, n'est plus considéré comme gros créateur d'emplois : le secteur tertiaire a pris sa place.

Les milliers d'étudiants formés chaque année à l'université de Dijon ne pourront évidemment trouver un emploi sur place et devront s'éloigner ; par ailleurs, la formation professionnelle n'est pas toujours adaptée à la demande.

Des jeunes filles repoussées par l'enseignement technique vont dans des cours privés apprendre la sténo. Lorsqu'elles ont acquis une vitesse suffisante, elles ne connaissent pas assez l'orthographe pour trouver un emploi ; elles finissent par entrer comme conditionneuses dans une usine. Les employeurs ne trouvent pas facilement la main-d'œuvre qualifiée dont ils ont besoin.

Le tableau des demandes d'emploi non satisfaites en septembre 1971 (par rapport à septembre 1970) accuse une augmentation de 30 % pour les moins de 18 ans, 66 % de 18 à 24 ans, 88 % de 25 à 39 ans, 41 % de 40 à 49 ans, 23 % de 50 à 59 ans et 14 % pour les travailleurs de plus de 60 ans.

Chez les femmes, les demandes d'emploi ont augmenté de 12 % pour les moins de 18 ans, 68 % de 18 à 24 ans, 75 % de 25 à 39 ans, 31 % de 40 à 49 ans, 39 % de 50 à 59 ans, 25 % pour les plus de 60 ans.

Bidonvilles de Dijon

Les jeunes vont le plus souvent trouver du travail dans la région parisienne, dans la région lyonnaise ou dans le secteur de Sochaux.

En revanche, des travailleurs étrangers viennent assurer le sale boulot ; à Dijon, avec l'installation de bidonvilles, leur présence a pris un tour assez spectaculaire.

Une expérience intéressante se déroule en Côte-d'Or. Menée par l'Association d'aide aux migrants, l'Éducation nationale et les syndicats patronaux et ouvriers, elle développe la formation et l'alphabétisation des travailleurs migrants avec le concours de la population ; 79 500 étrangers vivent en Bourgogne. Il en est rentré 2 951 en 1968, 6 401 en 1969, 5 718 en 1970. Compte tenu des données démographiques, les responsables régionaux estiment en effet que la réussite de la politique d'accueil des travailleurs migrants conditionnera les chances d'industrialisation.

L'environnement et les transports

L'aménagement du parc naturel régional du Morvan constitue l'une des préoccupations principales des responsables de la région.