Commerce extérieur

Le redressement de la balance commerciale se consolide

Malgré un environnement international médiocre, le commerce extérieur français s'est finalement bien comporté en 1971. Il y a eu pourtant les incertitudes et la spéculation monétaires, les mesures Nixon d'août — suspension de la convertibilité en or du dollar, surtaxe de 10 % sur les importations —, les poussées inflationnistes, le ralentissement de la croissance économique chez nos principaux partenaires commerciaux, l'atonie du commerce mondial (dont l'augmentation en volume n'a pas dépassé 5 %).

Les résultats du commerce extérieur ont été satisfaisants parce que, dans ce contexte troublé, la France est demeurée un îlot d'expansion. Le flottement des cours des monnaies, comme le deutsche mark, le florin hollandais, le franc belge, le yen japonais, la réévaluation du franc suisse et du schilling autrichien, ainsi que le refus du gouvernement français de réévaluer le franc, ont maintenu, sinon accentué, la compétitivité de nos produits sur les marchés extérieurs.

Le franc commercial

Après les mesures prises en juillet pour freiner les entrées de capitaux flottants, l'instauration d'un double marché des changes — décision logique, prudente et efficace — est venue compléter, en août, le dispositif du côté français.

Le franc commercial, lié à la parité dollar, a conféré un avantage supplémentaire à nos exportateurs. Cela a favorisé l'accélération des livraisons à l'étranger au deuxième semestre.

Nos exportateurs ont donc disposé d'une plus grande marge de manœuvre. Leur effort ne s'est pas relâché. Des gains de parts de marchés ont été enregistrés.

En octobre, les exportations parvenaient à un niveau record avec près de 10,6 milliards de francs. En décembre, le cap des 11 milliards était franchi. Il faut dire que depuis janvier, septembre excepté, chaque mois a vu non seulement l'équilibre global des échanges en termes FOB-FOB, mais le plus souvent un excédent notable.

Acquis en 1970 avec le retour à l'équilibre de la balance commerciale, le redressement de notre commerce extérieur a été consolidé en 1971. Cela s'est traduit, à travers un rythme de croissance plus normal des importations et exportations (or et matériel militaire inclus), par un solde positif non négligeable.

En 1971, les importations FOB se sont chiffrées à 110,8 milliards de francs, progressant de 11,3 % par rapport à 1970. Les exportations FOB, en se situant à 115,3 milliards, ont fait un bond en avant de 14,7 %. D'où un excédent réel de 4,5 milliards et un taux de couverture de 104 %. D'une année à l'autre, le pourcentage de couverture s'est élevé de trois points ; le solde excédentaire a été, pour ainsi dire, presque multiplié par 5.

Il s'agit là des données globales toutes zones. Un examen plus en profondeur des résultats montre cependant que le taux de couverture dans les relations avec les pays hors zone franc, exprimé cette fois à partir des importations CAF et des exportations FOB, bien qu'en amélioration, n'a été que de 92,8 %, soit au-dessous des 94 % qui situent, dans ce cas, la ligne d'équilibre.

Des pays hors zone franc, les importations CAF (110,5 milliards) ont augmenté de 14,5 % par rapport à 1970. Vers ces mêmes pays, les exportations FOB (102,6 milliards) se sont accrues de 16,1 %.

Il est certain qu'un meilleur résultat aurait été obtenu s'il n'y avait pas eu une forte progression en valeur des achats de pétrole brut (près de 29 %), consécutive tant à la hausse des prix découlant des accords de Téhéran et Tripoli que du déplacement des approvisionnements en pétrole d'Algérie vers le pétrole du golfe Persique, à la suite des démêlés avec l'Algérie dans le domaine pétrolier.

De la zone franc, les importations (7,5 milliards) ont en effet chuté de 22,5 %. Cela résulte plus particulièrement de l'arrêt des achats de vins algériens à partir d'août 1970, de la stagnation des importations de produits agricoles et alimentaires, de matières premières et produits bruts. Et, comme on l'a vu, de la quasi-disparition du pétrole saharien. En provenance d'Algérie, nos importations (1,3 milliard) ont baissé d'une manière vertigineuse : plus de 63 % par rapport à 1970.