Rendue nécessaire par l'autonomie des universités, une nouvelle définition des diplômes nationaux doit favoriser les initiatives en matière de formation professionnelle. Le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche propose une formule assez souple qui soumet l'organisation des diplômes nationaux à des règles communes, mais laisse à chaque université le soin d'en définir, pour une large part, le contenu. Les nouvelles dispositions doivent entrer en vigueur à la rentrée 1973.

Les projets concernant la réorganisation du premier cycle sont connus en mars. Ils sont à l'origine de quelques mouvements de grève parmi les étudiants en droit et sciences économiques. En effet, une réglementation plus stricte des redoublements et les conditions plus ou moins confidentielles des textes répandent la crainte d'une limitation de l'accès aux UER de droit et sciences économiques. Le professeur Georges Vedel, auteur du rapport, proteste contre cette interprétation. Il reste que, face aux divers projets du ministère, étudiants et enseignants apparaissent particulièrement sensibilisés — les congrès de leurs organisations syndicales en font également foi — aux menaces de sélection.

L'Europe universitaire

Pour la première fois depuis la signature du traité de Rome, les ministres de l'Éducation des six pays de la Communauté se sont rencontrés à Bruxelles, le 16 novembre 1971.

La discussion a porté essentiellement sur la proposition du ministre français de créer un Centre européen pour le développement de l'éducation. Selon O. Guichard, qui en avait lancé l'idée en novembre 1969 à La Haye, un tel centre aurait pour triple tâche de rassembler des informations sur les divers systèmes éducatifs, de mener un travail comparatif en vue d'aboutir à une reconnaissance mutuelle des diplômes, de promouvoir des recherches communes dans le domaine pédagogique ou dans celui de l'éducation permanente.

Le texte adopté par les Six est en retrait sur les propositions d'O. Guichard. Les ministres se contentent d'affirmer qu'ils sont favorables au principe d'une coopération et « disposés à examiner la question de savoir si la création d'un centre est nécessaire ».

Les ministres ont décidé, d'autre part, la création d'un Institut universitaire européen à Florence ; il doit accueillir dès la rentrée 1973 une centaine d'étudiants du troisième cycle, spécialisés dans l'histoire des civilisations et les sciences sociales.

Les réformes se heurtent encore à de solides résistances

La rénovation des méthodes et des programmes de l'enseignement secondaire entre peu à peu en vigueur, mais la mise en place des nouvelles dispositions s'accompagne de nombreuses difficultés, d'hésitations et de retours en arrière.

Olivier Guichard rétablit, en juillet 1971, le principe de la notation de 0 à 20 : les résultats obtenus par chaque élève devront être « exprimés dans les livrets scolaires, dossiers scolaires et documents de cette nature mis à la disposition des jurys sous la forme de notes chiffrées de 0 à 20 ». Ce système se substitue à celui de la notation (de A à E) décidé en 1969, qui commençait à entrer en vigueur.

Cette mesure, approuvée par plusieurs organisations (réputées conservatrices, notamment la Société des agrégés), mécontente les partisans des réformes. L'association Défense de la jeunesse scolaire y voit une concession aux « groupes les plus hostiles au renouveau pédagogique ».

La fin du jeudi traditionnel

Une réorganisation des congés hebdomadaires, présentée par Olivier Guichard, est approuvée le mercredi 10 mai 1972 par le Conseil des ministres. Le jour de repos est reporté du jeudi au mercredi : cette mesure, qui partage la semaine en deux parties (presque) égales, rencontre l'approbation générale. En revanche, l'éventualité d'une libération du samedi suscite une large controverse. Aux partisans de la semaine anglaise, qui estiment suffisante, en milieu de semaine, une demi-journée de repos, la plupart des enseignants et des médecins opposent la nécessité de ménager aux écoliers une coupure réelle dans leur temps de travail.

Les nouveaux programmes

Le renouvellement des programmes s'achève dans le premier cycle : la réforme commencée en 1968, concernant notamment l'enseignement de l'histoire et de la géographie, ainsi que l'initiation à la technologie (introduite partiellement en quatrième, l'année dernière) touchent désormais la classe de troisième. Les nouveaux programmes de mathématiques, publiés au printemps 1971 après quelques tergiversations, s'appliquent en classe de quatrième avant de s'étendre à la rentrée 1972 à la classe de troisième.