On estime — mais, là aussi, les statistiques sont approximatives — qu'il y a environ 1 000 000 de déficients mentaux en France, dont 150 000 à 200 000 enfants de moins de 5 ans (il y a 300 places de jardins d'enfants spécialisés), 700 000 enfants et adolescents de 5 à 20 ans (moins de 200 000 places en instituts médico-pédagogiques ou médico-professionnels), et de 150 000 à 200 000 adultes (4 000 places de centres d'aide par le travail et 350 places de foyers pour ceux qui ne peuvent pas rester dans leur famille). Il n'existe aucun centre de rééducation pour les tout-petits, alors que tous les médecins s'accordent pour estimer que la rééducation doit commencer dès la petite enfance, et pratiquement rien pour accueillir les enfants ou les adultes qui souffrent de plusieurs handicaps à la fois.

Si les frais de maladie et une partie de ceux de rééducation sont pris en charge par la Sécurité sociale, les inadaptés mentaux âgés de plus de 20 ans n'ont plus d'autre recours qu'en l'assurance volontaire, dont le montant constitue souvent une lourde charge pour les familles.

Tenus en marge

Les travailleurs étrangers constituent désormais le volant de main-d'œuvre indispensable à toute économie moderne. Ils sont, par exemple, plus de 2 000 000 en Allemagne de l'Ouest. En France, ils sont plus de 3 000 000 si on compte leurs familles, soit 6 % de la population totale du pays. Cette situation ne va pas sans poser de graves problèmes de logement, de scolarisation pour les enfants et d'adaptation à la vie française en général. Elle provoque aussi, çà et là, des réactions de défense de la population qui, en dépit du fait que les travailleurs étrangers accomplissent généralement les travaux dont les Français ne veulent pas, s'obstine souvent à les tenir en marge de la collectivité nationale.

Les immigrations étrangères les plus importantes sont, dans l'ordre décroissant : celles des Portugais, des Algériens, des Espagnols. Les Marocains, les Tunisiens, les Turcs, les Yougoslaves et les Africains sont également très nombreux.

Un nombre non négligeable de ces travailleurs étrangers finissent par s'installer définitivement en France quand ils ont un emploi stable, qu'ils ont trouvé un logement et qu'ils ont pu faire venir leur famille. Mais la grande majorité ne passe en France que quelques années pour se constituer un petit pécule qui leur permettra, rentrés au pays, d'acheter un lopin de terre, quelques bêtes, un petit commerce ou, plus simplement, une femme... C'est surtout ceux-là qui vivent dans un ghetto à la fois économique, social et culturel.

Discrimination admise

On sera peut-être surpris, voire choqué, que des femmes, en tant que représentantes du deuxième sexe, soient comptées parmi les habitants du ghetto ; mais quelques chiffres ramènent, là aussi, aux réalités. En tête des laissées pour compte de l'abondance figurent les femmes seules, chefs de famille : environ 3 000 000 sur les quelque 7 000 000 de femmes qui travaillent, dont la majorité gagnent moins de 800 F par mois. Les femmes constituent aussi 80 % des effectifs du personnel de service (particulièrement mal payé), mais 13 % seulement des effectifs des cadres supérieurs. Leurs salaires sont, en général, inférieurs de 8 % à ceux des hommes (salaire horaire), mais cette disparité monte à 30 % et même 50 % pour les salaires mensuels des cadres. Dans la région parisienne, les mères de familles disposent d'un quart d'heure de loisir par jour si elles sont ouvrières, d'une demi-heure si elles sont employées, d'une heure et demie si elles sont cadres...

Mauvais logement, sous-culture, salaires abusivement bas, manque de loisirs, absence de possibilités de promotion sont quelques-uns des traits caractéristiques aux habitants des ghettos des sociétés industrielles. Ils manquent aussi de voix autorisées pour se faire entendre, mise à part la constellation d'associations privées qui se réclament d'eux, avec plus ou moins de bonheur.

La conscience de ces discriminations commence seulement à devenir perceptible aux responsables dans la société. C'est ainsi que le social envahit petit à petit la vie publique, mais d'une façon qui n'a plus rien à voir avec l'esprit charitable des dames d'œuvres d'antan. Les jeunes ne s'y trompent pas qui, dans tous les pays développés, s'engagent de plus en plus nombreux dans l'action sociale professionnelle. Non plus pour s'y trouver une bonne conscience comme les bénévoles d'autrefois, mais pour améliorer la qualité de la vie.

Baisse de la natalité : seuil critique en Europe

Une analyse publiée par l'Institut national d'études démographiques révèle que dans quatre pays d'Europe — Allemagne fédérale, Suède, Danemark, Portugal — la baisse de la natalité a atteint une telle importance que le remplacement des générations n'y est plus assuré : si la tendance actuelle se poursuit, la population diminuera en chiffres absolus dans les années qui viennent.