Mais le rôle de la croissance, déjà reconnu auparavant, apparaît comme primordial. Le développement du crâne humain, comparé à celui des primates, se distingue donc par le maintien très tardif des relations de type généralisé qui caractérisent tous les petits primates. Les analyses de Nicole Petit-Maire montrent que l'homme ne conserve pas des caractères fœtaux ou infantiles : il conserve des relations de croissance de type infantile, ce qui est différent.

Enfin, la méthode donne des éclaircissements sur l'évolution même de l'homme et des primates. La tendance évolutive générale se marque déjà sur les graphiques : il existe bien une macroévolution, et l'on constate que l'expression d'évolution buissonnante est juste. De plus, il devient possible d'aborder des problèmes aussi difficiles et discutés que le point d'émergence du groupe humain. En effet, le type crânien primitif, à partir duquel les tendances du rameau humain ont commencé à se distinguer, a dû avoir une morphologie généralisée. Il a dû prendre place sur la relation fondamentale dans la zone d'où divergent aujourd'hui les singes classiques, les anthropoïdes et les hommes. On pourrait presque envisager de retrouver ainsi, théoriquement, les caractères et les mensurations propres à cet ancêtre commun...

Au début de 1972, dans une communication à l'Académie des sciences, Nicole Petit-Maire a fait connaître, avec Michel Charon, les résultats de séries de mesures faites sur les dents des hominidés du Quaternaire.

Le travail a porté sur les dimensions de la couronne et a conduit à tracer une série de graphiques, un pour chaque dent. Le mouvement général de réduction apparaît très nettement. On constate que la réduction n'a pas été la même pour toutes les dents. On constate aussi que les nappes successives d'hominidés s'étagent et se chevauchent de façon remarquable. Et la situation de certains fossiles peut être éclaircie : le fameux Homo habilis d'Oldoway semble bien, sur ces graphiques, se distinguer des australopithèques et se rattacher aux hommes. On sait qu'il date d'environ 2 millions d'années.

L'une des promesses de la méthode vient de ce qu'elle permet de jeter un coup d'œil sur l'avenir : il suffit pour cela de prolonger les axes évolutifs mis en évidence par ces graphiques. Le travail n'a pas encore été fait ; on n'a que des lueurs ; mais, selon les nouveaux anthropologues, l'évolution future des hominidés pourrait réserver quelques surprises.

Une nouvelle découverte préhistorique

Dans la grotte de Fontanet-Ornola, près de Tarascon-sur-Ariège, un groupe de spéléologues a trouvé, en février 1972, de très importants vestiges datant de la dernière période du paléolithique. Cette grotte, déjà explorée, ne laissait pas prévoir cette découverte. Dans un réseau de galeries d'une caverne parcourue par une rivière souterraine, un grand nombre de bisons polychromes, ainsi que des bouquetins et des figures humaines faites au trait noir sont peints sur les parois. De remarquables traces de pas et de mains des chasseurs magdaléniens qui vivaient dans ces lieux ont été parfaitement conservées, à travers les siècles, par le sol argileux. Cette découverte, jointe à celles qui ont déjà été faites dans cette région (habitat de la Vache, la caverne à peintures de Niaux, la grotte préhistorique de Lombrive), démontre que cette zone, où confluent l'Ariège et le Vicdessos autour de la montagne du Cap de Lesse, était, il y a dix mille ans, un centre de développement culturel non négligeable.

Les grands ensembles du passé menacés

Dans un terrain qui avait appartenu à l'archevêché de Lyon et où l'on se proposait de construire trois tours d'habitation, les terrassiers ont mis au jour, à la fin de l'été 1971, les vestiges d'une église du XIIIe siècle rasée pendant les guerres de Religion.

Dans le périmètre de cet édifice, on a vu apparaître les soubassements de deux absides dont la plus ancienne pourrait remonter à la fin de l'Empire romain. La ville de Lyon a pu se rendre propriétaire de cette parcelle de terrain ; les restes archéologiques découverts seront préservés.