Les usines, les mines, les rizières, les puits de pétrole rejettent dans l'atmosphère une forte quantité de méthane. Ces diverses activités sont à l'origine d'environ 50 % du méthane produit par la Terre, les 50 % restants étant dus principalement à la fermentation de la cellulose dans les marais.

Barrière aux ultraviolets

Parvenu à la stratosphère, le méthane est transformé en vapeur d'eau par oxydation, et la vapeur d'eau, sous l'effet du rayonnement ultraviolet du soleil, entre dans une série de réactions qui aboutissent à une diminution du taux de l'ozone atmosphérique.

Or, ce gaz, abondant surtout entre 30 et 40 km d'altitude, absorbe précisément les ultraviolets. Sans cet ozone les rayons ultraviolets frapperaient la Terre et y détruiraient une grande partie de la vie.

La raréfaction de l'ozone a déjà des effets néfastes. On estime qu'aux États-Unis l'augmentation des radiations ultraviolettes est la cause de 10 000 cas supplémentaires de cancer de la peau par an au cours des dernières années.

Barrages et maladies

La création de barrages peut avoir des répercussions d'ordre sanitaire. Dans une communication du 3 novembre 1971, un biologiste de l'Institut Pasteur, R. Deschiens, a attiré l'attention de l'Académie des sciences sur ce problème, qu'il a étudié au Ghana et au Cameroun.

Les filaires

Les lacs de retenue des barrages africains, parfois vastes comme un grand département français, sont peu à peu envahis par la flore et la faune aquatiques. Des plantes variées : joncs, nénuphars, potamots, apparaissent d'abord, bientôt suivies par les algues et de nombreux animaux microscopiques.

Ces derniers attirent à leur tour des espèces plus grandes, qui s'en nourrissent, mais qui sont beaucoup plus dangereuses, car elles véhiculent de graves maladies. Il s'agit de larves de moustiques et de simulies, ainsi que de mollusques comme le bulin. Les moustiques, on le sait, transmettent le paludisme. Les simulies, qui leur sont apparentées, portent des vers, les filaires, responsables d'une affection à tumeurs, l'onchocercose. Quant au boulin, sorte d'escargot d'eau, il héberge le schistosome, ver qui provoque la redoutable bilharziose : près du nouveau lac Volta, 90 % des enfants en sont atteints.

Il importe donc de surveiller attentivement les plans d'eau créés par les barrages, afin qu'ils ne deviennent pas des foyers de maladies. Le progrès, une fois de plus, se révèle une arme à double tranchant...

Pour et contre le DDT

Des campagnes pour la protection de l'environnement ont abouti, dans certains pays, à la limitation ou à l'interdiction de l'emploi des insecticides organochlorés, particulièrement de leur chef de file, le DDT. Une vive réaction s'est cependant manifestée contre cette tendance parmi les spécialistes de l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

En novembre 1971, au congrès de Rome de la FAO, le célèbre savant américain Norman Borlaug, prix Nobel 1970 de la paix (Journal de l'année 1970-71), a condamné en termes énergiques les campagnes menées, au nom de la protection de l'environnement, contre le DDT et les engrais. Il tient ces produits non seulement pour bien plus bénéfiques que malfaisants, mais même comme indispensables à la survie d'une grande partie de l'humanité, surtout dans les pays en voie de développement. Norman Borlaug cite de nombreux exemples de cas de disparition, de raréfaction des espèces vivantes attribués à tort aux insecticides, alors que ces phénomènes ont débuté bien avant l'apparition du DDT.

Les vrais périls

Il reproche aux environnementalistes de concevoir la protection de la faune sous des aspects plutôt négatifs que positifs. Et il considère que le principal péril, pour la faune et l'environnement, réside dans la pression démographique incontrôlée.

L'UNESCO a accueilli la thèse du savant américain en publiant dans son Courrier un article qui conclut : « Sans réfléchir, des conservationnistes et des environnementalistes, ainsi que des spécialistes de l'information bien imparfaitement informés, se sont embarqués dans une croisade visant à faire abolir des produits chimiques agricoles tels que les pesticides et les engrais. Ils ne se sont pas avisés du résultat final de cette entreprise : la famine et le chaos politique qui s'abattraient sur le monde. »

Pollution nucléaire

Les attaques dirigées contre l'utilisation industrielle de l'énergie nucléaire, latentes dès l'origine, ont pris une vigueur nouvelle au cours de l'année 1971-72. Aux États-Unis en premier lieu, puis dans les principaux pays engagés dans des programmes d'équipement électronucléaire, des comités de défense s'organisent, de plus en plus nombreux.