Parallèlement aux actions officielles, on voit se développer un nouveau secteur industriel, producteur d'appareils et de dispositifs destinés à lutter contre la pollution, à traiter les déchets et à éliminer le bruit. La concurrence internationale se manifeste déjà sur ce marché important.

Mais l'existence de solutions techniques ne résout pas tous les problèmes. En dépit d'une répression renforcée contre les pollueurs, l'application des textes antipollution rencontre des obstacles d'ordre économique. C'est le cas de l'automobile et des industries qui déversent leurs déchets dans les rivières. En Touraine, une usine de produits chimiques, incapable financièrement de respecter les prescriptions réglementaires, a déposé son bilan. Par ailleurs, l'opportunité de certaines mesures est contestée : tandis que la Suisse interdit totalement le DDT et les autres insecticides organochlorés, d'autres pays se bornent à en réglementer l'usage, et l'Organisation mondiale de la santé prend position contre l'interdiction. Même désaccord pour les transports civils supersoniques diversement accueillis.

Il apparaît de plus en plus que la protection de l'environnement exige une révision de la notion du prix de revient des produits incluant les nuisances, et qu'elle dépasse la compétence particulière des États : c'est une tâche à l'échelle planétaire.

Un premier pas vient d'être franchi dans cette direction, à Stockholm, avec la conférence des Nations unies sur l'environnement. Fait exceptionnel pour une réunion internationale à l'échelon gouvernemental, la conférence s'est donné une devise : « Une seule Terre. »

La conférence de Stockholm

Décidée le 3 décembre 1968 par l'Assemblée générale de l'ONU, sur une proposition suédoise, cette conférence avait pour but d'« éveiller l'intérêt des gouvernements et de l'opinion publique sur l'importance des problèmes de l'environnement ». Trois ans et demi plus tard, cette louable préoccupation était atteinte et même largement dépassée.

C'est finalement autour d'un thème beaucoup plus réaliste que se sont déroulés du 5 au 16 juin 1972, les travaux de la conférence ; il peut se résumer ainsi : réorienter les résultats de la science vers la création et la mise au point de technologies nouvelles au service de l'homme, de sa promotion et de son épanouissement dans un environnement sain.

C'est donc une nouvelle dimension qu'on tente d'introduire dans les relations internationales, une dimension qui implique la révision des structures de la coopération entre les États du monde et plus spécialement entre les nations riches et les nations pauvres.

Une véritable charte

Les travaux se sont clos par l'adoption (à l'unanimité moins la Chine) d'une déclaration de vingt-six principes précédés d'un préambule, véritable charte de l'environnement.

De ces principes on retient notamment :
– l'homme a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être.

À cet égard les politiques qui encouragent ou perpétuent la ségrégation raciale ou la discrimination sous toutes ses formes doivent être éliminées.

Le développement économique et social est indispensable si l'on veut assurer un environnement propice à l'existence et au travail de l'homme et créer les conditions nécessaires à l'amélioration de la qualité de la vie.

Les politiques nationales d'environnement devraient renforcer le potentiel de progrès des pays en voie de développement et non l'affaiblir.

Dans les régions qui connaissent un taux d'accroissement ou une concentration excessive de la population de nature à exercer une influence défavorable sur l'environnement, il faudrait mettre en œuvre des politiques démographiques qui respectent les droits fondamentaux de l'homme.

Enfin, un plan d'actions concrètes a été également élaboré par la conférence ; il prendra effet après son adoption par l'Assemblée des Nations unies. Un fonds de 100 millions de dollars est prévu pour les cinq premières années.

Offensive contre le bruit

Longtemps traitées comme un mal inévitable, les nuisances sonores ne rencontraient en France que des réglementations incohérentes et généralement non appliquées. En novembre 1971, le ministre de la Protection de la nature et de l'environnement charge un haut fonctionnaire déjà rompu à cet énorme problème, Yves Martin, de le reprendre à la base. Il assumera une double mission :
– combler dans l'immédiat les lacunes les plus graves de la réglementation existante et la rendre effective ;
– préparer une loi-cadre coordonnant et normalisant toutes les actions entreprises contre le bruit.