Physalie VI a commencé le 16 mai à 15 heures. La compression s'est faite lentement, ce qui a prouvé une fois de plus qu'une mise en pression progressive, coupée de paliers, atténue le syndrome nerveux des hautes pressions. Celui-ci se manifeste par des anomalies des tracés électro-encéphalographiques, des tremblements et une grande fatigabilité. Et il apparaît régulièrement vers la pression de 31 bars, c'est-à-dire aux alentours de la profondeur (fictive) de 300 m.

Le 21 mai, à 13 h 20, les 53 bars (équivalent à la profondeur de 520 m) étaient dépassés. Le 22 mai, à 18 heures, on en était à − 565 m et vingt-quatre heures plus tard à − 591 m (60,1 bars). En dépit de leur fatigue, les deux plongeurs ont donné leur accord pour continuer. À 22 heures, ils étaient descendus à − 600 m. Il fut alors décidé d'aller jusqu'à 2 000 pieds (610 m, 62 bars), et cette pression fut maintenue de 1 h 20 à 2 h 40 le 24 mai.

Physalie VI a permis de remarquer que la grande profondeur fatigue surtout pendant les heures de repos. Au-delà de − 450 m, paradoxalement, P. Chemin et R. Gauret étaient plus fatigués le matin que le soir. Ils dormaient mal, en effet, et l'on pense que ce mauvais sommeil est dû à une insuffisance respiratoire, elle-même provoquée par la conjonction d'une ventilation pulmonaire économique et du très grand poids spécifique du mélange respiratoire sous forte pression. L'équipe médicale (notamment les docteurs Fructus et Naquet) a comparé le mauvais sommeil des deux plongeurs à celui dont souffrent certains malades atteints d'insuffisance respiratoire. Dans les deux cas, mais pour des causes différentes, les organismes endormis ne peuvent s'assurer une ventilation pulmonaire suffisante.

Ce nouveau syndrome respiratoire permet de prévoir paradoxalement que les plongeurs qui, dans un avenir plus ou moins lointain, descendront à grande profondeur, seront moins fatigués par leurs séances de travail que par leurs séjours de repos en caisson !

Mais en dépit des syndromes neurologiques et respiratoire, on pense que le travail humain sera possible vers 500 et même 600 m de profondeur. Les électro-encéphalogrammes en particulier restent normaux, et les tests psychomoteurs sont correctement exécutés. Cependant il semble bien que 600 m, en l'état actuel des connaissances et des techniques, soient proches de la limite de la plongée humaine.

Après être restés cinq heures à des profondeurs égales ou supérieures à − 600 m (61 bars), dont 1 h 20 à − 610 m, les deux hommes ont entamé leur décompression le 24 mai à 2 h 40. Celle-ci a duré 283 h 20 et ne s'est donc achevée que le 2 juin à 20 heures.

La largeur des eaux territoriales françaises est portée de 3 à 12 milles marins par la loi du 30 décembre 1971. Cette mesure ne remet pas en cause le droit de pêche accordé dans cette zone aux autres nations (dont nos partenaires du Marché commun). Elle répond à deux objectifs principaux :
– impératifs militaires de sécurité, la France « pouvant exercer plus au large ses pouvoirs de police » ;
– prévention de la pollution des côtes, la nouvelle limite des eaux territoriales facilitera la surveillance des pétroliers de gros tonnage notamment.

Sous-marins de poche

L'approche de cette limite renouvelle l'intérêt pour les engins sous-marins habités : l'homme peut seul faire face à certains problèmes insolubles pour des robots. La Comex, qui s'est acquis une renommée justifiée dans la plongée industrielle, a donc entrepris l'étude de plusieurs petits véhicules sous-marins habités, simples et bon marché.

Une démonstration de l'utilité des petits sous-marins de cette catégorie a été fournie en septembre 1971 par Cocéan. Cette société française a employé pour du travail en mer un sous-marin crache-plongeurs américain, le Shelf-Diver, construit par Perry Oceanographics. C'était même la première utilisation industrielle d'un tel engin. Des plongeurs ont été amenés à pied d'œuvre puis remontés en pression dans le compartiment humide du Shelf-Diver, pour déconnecter, à 100 m de profondeur, le joint à la Cardan qui maintenait sur son embase le fût de la plate-forme oscillante expérimentale qu'Elf-Erap avait installée en 1968 dans le golfe de Gascogne.