Déposée à même le sol, une plaque rappelle le souvenir des 14 astronautes, américains et soviétiques, morts en mission ou à l'entraînement.

Que deviennent les échantillons lunaires ?

Apollo 15 a ramené 77 kg d'échantillons du sol lunaire. Environ 140 laboratoires américains se sont vu attribuer 3 kg de ces minéraux. Une soixantaine d'autres laboratoires, appartenant à 15 pays étrangers, se sont partagé 700 g d'échantillons (sur ce total, 80 g sont revenus à une dizaine de savants français). Ainsi, 95 % de la masse des minéraux ont été conservés par les services de la NASA.

Sélénographie

Le 3 août, à 20 h 10, Scott et Irwin rejoignent leur camarade resté en orbite à bord du module de commande. Le lendemain, une caméra sélénographique, employée en synchronisme avec une caméra stellaire et un altimètre, photographie en survol le sol lunaire. Une autre caméra prend des vues panoramiques dont chacune montrera une bande de 300 × 20 km. Les astronautes prennent aussi des mesures des rayonnements alpha, gamma et X émis par le sol.

Autre innovation : à 21 h 15, ils lâchent un petit satellite lunaire de 36 kg destiné à étudier l'environnement de la Lune et la queue magnétique de la Terre (traversée par la Lune à chaque lunaison).

Enfin, à 22 h 22 mn, c'est la désatellisation d'Apollo, qui entreprend alors son retour vers la Terre. Le lendemain, Worden sort de la cabine pendant treize minutes, pour récupérer, dans le module de service, les magasins des caméras qui contiennent les films exposés.

Un apport considérable

Le 6 août, les astronautes observent l'éclipsé de Lune et prennent des photographies du phénomène. Enfin, le 7, c'est la rentrée. Pour clore une longue liste d'incidents — heureusement restés sans conséquences graves —, l'un des parachutes se met en torche et le contact avec les eaux du Pacifique est un peu brutal, sans le moindre mal toutefois pour les hommes.

Apollo 15 a accompli une tâche scientifique qui dépasse l'apport total des trois Apollo précédents.

Apollo 16 décolle de cap Kennedy le 16 avril 1972. Avant-dernier de la série, il a attiré de nombreuses personnalités et une foule estimée à un million et demi de personnes.

John Young, qui commande la mission, est un habitué de l'espace. Il a fait partie de l'équipage de trois vaisseaux spatiaux : le premier Gemini habité (1965), Gemini 10 (1966) et Apollo 10 (essai du matériel autour de la Lune, sans atterrissage, en mai 1969). Pour ses deux compagnons, Charles Duke et Thomas Mattingly, c'est leur premier vol.

Conformément à une sorte de tradition, la mission Apollo 16 est émaillée d'incidents inquiétants, mais qui n'auront pas de conséquences graves : pannes vite réparées, signaux d'alarme qui s'allument on ne sait pourquoi. En particulier, la panne du système de secours servant à contrôler la poussée du moteur du vaisseau spatial retarde de six heures l'opération d'atterrissage et c'est le 21, à 3 h 24 mn, que le module Orion se pose sur le sol lunaire, dans la région montagneuse du cirque Descartes, à quelque 2 500 m d'altitude.

Efficacité du matériel

Young et Duke sont restés soixante et onze heures sur la Lune. Ils ont effectué trois sorties et exploré les alentours avec leur jeep lunaire. Ce véhicule a perdu un garde-boue (en fait de boue, il s'agit de poussière), son indicateur d'altitude s'est bloqué, ainsi que l'ampèremètre, un câble du frein s'est cassé et le système de navigation s'est livré à des fantaisies... Tout cela n'a pas empêché la Jeep de faire 27 km selon le programme.

La mission dévolue à ces deux hommes diffère peu de celle qu'ont accomplie leurs camarades d'Apollo 15. Ils l'ont menée tambour battant, avec une aisance qui témoigne d'une plus grande efficacité du matériel et des équipements. On a remarqué en particulier la souplesse des combinaisons, qui permettait de travailler à l'aise et dans la bonne humeur. Il y a même eu des moments où l'euphorie l'a emporté sur l'attention : de délicats instruments scientifiques ont roulé au sol et un pied a malencontreusement accroché et cassé un fil électrique, rendant inutilisable la sonde qui devait mesurer la température du sous-sol. De même, le 23, lors du retour à la cabine Apollo, les deux explorateurs lunaires se sont aperçu qu'ils avaient oublié d'enclencher le système d'autoguidage qui permet de provoquer la chute du LEM. Le module lunaire est donc resté satellisé autour de la Lune, privant les sélénologues d'une autre expérience : l'habituel séisme artificiel produit par l'impact de l'épave.

Caméra astronomique

Pour la première fois, les astronautes ont disposé d'une caméra astronomique prenant des vues dans l'ultraviolet. Outre la géocouronne, cette couche d'hydrogène qui entoure la Terre, ils ont photographié ainsi la nébuleuse d'Andromède, la Chevelure de Bérénice, les nuages de Magellan et d'autres objets célestes.