Le programme Post-Éole a vite comporté une vingtaine d'expériences différentes réalisées pendant le premier semestre pour 18 utilisateurs. On peut citer : l'étude de la dérive d'un iceberg (Expéditions polaires françaises), l'essai de gestion centralisée de la flotte marchande des Chargeurs réunis, l'établissement de cartes pour l'exploitation du plateau continental (pour le compte de la NASA et du Virginian Institute of Marine Sciences), l'étude des courants du Gulf Stream (pour la NOAA américaine), celle des ressources en poissons dans la région mer du Nord-Atlantique (pour le Laboratoire des pèches britanniques de Lowestoft), l'observation de la migration des larves de homards (pour le CSIRO australien), etc.

Il y a eu aussi l'expérience internationale Isagex, dirigée par la France : quatre satellites américains et trois français (Diadème 1, Diadème 2 et Péole) ont servi à une campagne de mesures géodésiques à laquelle ont participé 17 pays, dont l'URSS.

Moscou et Paris

Plusieurs engins spatiaux soviétiques sont maintenant porteurs d'équipements français destinés à des expériences communes. La sonde Mars 3 était porteuse du matériel français pour l'expérience Stéréo 1 et, le 27 décembre 1971, le satellite soviétique Oreol a emporté un équipement pour l'expérience Arcade 1 (étude des phénomènes liés aux aurores polaires). Dans la nuit du 4 au 5 avril 1972, les Soviétiques ont profité de la mise en orbite de l'un de leurs gros satellites de télécommunications Molniya pour loger sous cet engin le premier satellite français de la série SRET (Satellites de recherche sur l'environnement et la technologie).

Sur sa longue orbite (périgée à 480 km ; apogée à 39 260 km), SRET 1 accomplit automatiquement deux expériences : il teste de nouvelles cellules solaires de conception française, caractérisées par leur minceur, et donc par leur légèreté ; il procède à des mesures sur les particules électrisées de haute énergie piégées dans les ceintures de Van Allen. À noter, enfin, la remise au CNES d'échantillons du sol lunaire ramenés par les sondes automatiques Luna 16 et 20.

Au Centre spatial guyanais ont été lancées, en septembre 1971, 3 fusées Centaure françaises et 13 Nike américaines lors d'une campagne CNES/NASA pour l'étude des marées atmosphériques au voisinage de l'équateur. En octobre, une fusée Centaure a été tirée pour le compte de l'ISRO indienne, afin d'étudier le système de récupération en mer d'une pointe de fusée. Enfin, toujours au CSG, une fusée-sonde Super-Arcas est lancée tous les quinze jours, depuis le 1er février 1972, dans le cadre du programme américain d'études météorologiques EXAMETNET.

Le CNES a procédé aussi en Espagne, avec la NASA et l'INTA espagnol, au tir de 4 fusées Centaure. Enfin, de nombreux ballons ont été lâchés dans le cadre de divers programmes, notamment pour le compte de l'ESRO (essais de liaison radio servant à la mise au point du projet de satellite d'aide à la navigation).

Mars : un monde en formation

Tous les vingt-six mois en moyenne, Mars et la Terre se rapprochent du même côté du Soleil : c'est l'opposition. Tous les quinze ans, cette opposition approche de sa valeur minimale (56 millions de km). Cette situation s'est produite en août 1971 ; les deux astres sont passés à 56,3 millions de kilomètres l'un de l'autre.

Russes et Américains ne pouvaient que profiter de l'aubaine. Les Américains ouvrent le feu le 9 mai 1972, mais le lancement de leur Mariner 8 échoue. Suivent les Mars 2 et 3 soviétiques, lancés respectivement les 19 et 28 du même mois. Enfin, le 30, c'est le départ de Mariner 9. Les trois sondes automatiques vont se satelliser avec succès autour de la planète rouge : Mariner 9 le 14 novembre, Mars 2 à son tour le 27 novembre et Mars 3 le 2 décembre 1971.

Répétant ce qu'ils avaient déjà fait pour la Lune et pour Vénus, les Soviétiques ont chargé Mars 2 de lâcher une petite sphère métallique, aux armes de l'URSS, premier objet terrestre ayant atteint le sol martien (dans la région de Simoïs). Mars 3 fera mieux : il engage sur une trajectoire de descente une capsule scientifique retenue par un parachute qui, le 2 décembre, se pose dans la région de Phaéton.

Tempête de poussière

L'atterrissage en douceur a été réussi, mais la sonde n'a pu émettre que pendant de brefs instants : un ouragan extrêmement violent avait accueilli le messager terrestre.