En créant le CSG (Centre spatial guyanais), le CNES a doté la France d'un très important cosmodrome. Là sont expérimentés d'autres Diamant, ceux de la série B, dont la poussée a été améliorée. Quatre ont été lancés ; l'un d'eux a mal fonctionné. Il reste que, sur 8 tirs, le CNES a réussi 7 satellisations, ce qui témoigne de la valeur du personnel et de la qualité du matériel.

Au début de l'année 1972, le CNES emploie 1 089 personnes (dont 70 au Centre spatial guyanais). En outre, environ 1 500 personnes travaillent pour son compte dans les diverses sociétés et services publics qui participent à l'exécution des programmes.

Des équipes du CNES sont à l'œuvre un peu partout dans le monde. En particulier dans les six stations du réseau de poursuite et de contrôle des satellites, éparpillées sur trois continents : à Brétigny-sur-Orge (France), Ouagadougou (Haute-Volta), Brazzaville (République populaire du Congo), Pretoria (République sud-africaine), Las Palmas (Grande Canarie) et Kourou (Guyane française).

Mais rien ne saurait témoigner davantage de l'importance prise par le CNES que le rapport de ses activités principales au cours de la période 1971-72.

Fusées-sondes et ballons

Cette période pourrait se résumer ainsi : le CNES diversifie ses activités ; il est pris au sérieux par les deux grandes puissances spatiales ; il affirme sa personnalité en organisant d'importants programmes internationaux.

Un seul lancement de satellite a eu lieu, celui de l'engin D-2 A Polaire, le 5 décembre 1971. Il a échoué par suite d'une défaillance du deuxième étage du lanceur. C'est surtout dans le domaine des fusées-sondes et des ballons que le CNES a poursuivi son programme national.

On peut citer en exemple le tir, le 16 octobre, d'une fusée Éridan destinée à expérimenter la récupération en mer des pointes des fusées-sondes. Des recherches astronomiques ont été menées le 14 septembre par une fusée Dauphin et, le 16 décembre, par la fusée Véronique. Lancés des bases d'Aire-sur-l'Adour et de Gap, des dizaines de ballons ont servi à des essais technologiques et à des recherches scientifiques. En particulier, le CNES acquiert expérimentalement des données nécessaires à la mise au point ultérieure d'un satellite destiné à détecter les ressources naturelles du sol.

Dans le domaine de la coopération internationale, le programme Éole apporte une contribution importante à l'aérologie et à la météorologie. Il a consisté à lancer du territoire de la république Argentine des centaines de ballons de 4,50 m de diamètre qui, à l'altitude constante de 12 000 m, entraînés par la circulation générale autour de la Terre, ont transmis des mesures portant sur la température et la pression de l'air. À défaut d'un réseau suffisant de stations terrestres dans cette partie de l'hémisphère sud, les émissions des ballons étaient captées et retransmises par le satellite français Éole (lancé par la NASA à Wallops Island, le 16 août 1971).

Sur les 479 ballons lâchés du 21 août au 9 décembre, un certain nombre ont été détruits peu après leur départ à la suite d'une fausse manœuvre. Mais 280 ont pu être interrogés en un seul jour par le satellite. Dès maintenant on dispose de cartes détaillées, établies jour par jour, de la circulation de l'atmosphère autour de l'hémisphère sud et on connaît la vitesse des différents courants. Un ballon a établi un record en bouclant 14 fois le tour de la Terre à la vitesse moyenne de 150 km/h.

Les cartes font apparaître trois perturbations stagnantes : une au-dessus du bassin de l'Amazonie, une autre sur l'Afrique équatoriale, une troisième, jusqu'ici inconnue, dans le Pacifique, entre l'Australie et l'Amérique. En outre, la diminution constante du nombre des ballons présents dans la région tropicale a permis de mesurer indirectement le taux de mélange de l'air polaire et de l'air tropical. Des mouvements des ballons, de leur concentration ou de leur dispersion, on déduit une foule de renseignements scientifiques.

On évalue, par exemple, dans quelles conditions le nuage radioactif d'une explosion nucléaire se mélange et se dissipe dans l'atmosphère. Le dépouillement des centaines de milliers de mesures faites pendant cette expérience et l'exploitation des résultats demanderont beaucoup de temps.

Le programme Post-Éole

La vie des ballons étant brève, le satellite Éole devenait disponible pour d'autres recherches dans sa spécialité, qui est de localiser des émetteurs mobiles, d'en recueillir l'information et de la retransmettre aux bases terrestres. Au début de 1972 s'est déroulé le programme Post-Éole, qui a éveillé un grand intérêt — ce satellite étant le premier qui se prête à toute une variété d'expériences même improvisées.