France-Inter (qui se porte bien) verra les formules qui ont fait son succès améliorées. Pour concurrencer les stations rivales, on n'envisage d'engager ni spécialiste du courrier du cœur ni astrologue. On songe plutôt à maintenir un certain niveau de qualité. L'échec d'un jeu européen (Trois Cent Millions de voisins) amène la direction à faire commencer la soirée à 20 h 10 au lieu de 20 h 30. Le Théâtre de l'étrange, le Boulevard du théâtre confié à Claude Dufresne, le Pop Club de José Arthur, Inter-Sciences et Savoir-Vivre constituent l'essentiel des soirées. Inter-Femmes répond aux questions des auditrices, Banc d'essai accueille les jeunes présentateurs ; Georges de Caunes fait un retour discret. C'est dans le domaine de l'information que la réforme est le plus sensible. Les bulletins horaires rappellent les titres du jour ; un Inter-Panorama est créé à 7 h 30, Inter-Soir est présenté à 19 h et, à 20 h, le bulletin dure dix minutes. Deux fois par mois, une grande enquête est diffusée le dimanche soir. Chaque jour, à 22 h, le Journal du lendemain est confié à l'équipe d'un quotidien de la presse écrite. Enfin, après un séjour d'étude aux États-Unis, Yves Mourousi lance un Inter-Actualités Magazine régionalisé, en direct des grandes villes de province. Il s'agit de faire de l'information un spectacle (on retrouve, là aussi, l'idée lancée par Jacqueline Baudrier).

France-Culture, qui coûte cher — certains avancent que l'heure d'antenne peut être évaluée à plus de 7 000 F contre 3 000 pour France-Inter et 500 pour FIP 514 —, reste une chaîne minoritaire (4 % d'écoute) en partie à cause de l'absence de bons émetteurs. Bien que de réels efforts aient été réalisés, le ton demeure trop souvent didactique. L'objectif numéro un devra donc être de rendre les programmes plus vivants et plus accessibles, sans décevoir les auditeurs fidèles et difficiles qui suivent notamment des bonnes séries : Notre temps et Panorama culturel de la France.

L'auditoire matinal

Dans le public de France-Musique — environ cinq cent mille personnes —, sur 10 nouveaux venus, on compte 7 moins de trente ans. Il s'agit de donner satisfaction à ces nouvelles couches sans perdre les habitués des programmes réguliers. L'ORTF, qui, avec ses six cents musiciens et choristes, est le principal soutien de la vie musicale française, compte maintenir son effort de création et de promotion.

Dans les stations privées, l'objectif est sensiblement différent. C'est la recherche de l'écoute à tout prix qui mène le jeu. La direction d'Europe no 1 — la station se veut « l'agence de presse permanente de l'auditeur et du citoyen » —, soucieuse de concurrencer France-Inter point par point, annonce des journées plus longues. L'auditoire matinal est de plus en plus important ; dès le réveil, la radio fait partie de la vie. Les émissions commencent donc à 5 h ; elles conservent leur style, qui mêle flashes d'information, revues de presse, chroniques, journaux plus élaborés et programmes musicaux. À la rentrée d'octobre 1971, Jacques Paoli lance Carré bleu, une émission publique du type Music and News. Le problème reste la mauvaise qualité de l'écoute dans certaines régions (Pays basque et Côte d'Azur notamment). Cet inconvénient devrait être supprimé avec l'augmentation de la puissance des émetteurs.

Jésus après Freud

RTL inaugure brillamment ses nouveaux locaux style XXIe siècle en présence de plusieurs milliers de personnes. Sur l'antenne, un effort particulier est réalisé dans le domaine de l'information, essentiellement en début de soirée. Contrairement à celle des concurrents, la grille ne prévoit ni débats ni tables rondes, mais plutôt des bulletins brefs. Trois ans après une série sur Freud, qui suscita beaucoup de commentaires, RTL lance une autre grande enquête : Vingt-Cinq Volets sur Jésus à l'heure même où Godspell et Jésus Superstar affrontent le public parisien.

Nouveaux émetteurs

Sud-Radio, qui avait dû consentir de lourds investissements, voit pour la première fois son bilan se solder par un bénéfice financier. Son audience dans le Sud-Ouest grandit chaque année. Un nouvel émetteur, qui fonctionnera fin 1972, devrait en faire bientôt une chaîne concurrente de celles qui sont déjà établies.

Bien engagée, tant sur la voie de l'audience que sur celles des programmes et de la gestion commerciale, Radio Monte-Carlo bénéficie d'une amélioration grâce à son nouvel émetteur de Chypre, qui lui permet — les expériences l'ont prouvé — d'être entendue du public francophone au Liban, en Syrie et dans tout le golfe Persique.

Brillantes manifestations promotionnelles, gestion commerciale satisfaisante, programmes sans cesse en amélioration dans l'esprit qui leur est propre, souci permanent des directions de maintenir, voire de relancer la concurrence : la radio se porte bien. Mieux, d'une certaine manière, que la télévision.