Cependant, le 7 octobre, ce n'est qu'une délégation en visite privée que B. J. Vorster reçoit à Pretoria lorsqu'il accueille Blaise Ndia Koffi, ministre d'État, accompagné de deux autres personnalités ivoiriennes. Et, au cours de l'année 1972, il est beaucoup moins question des rapports avec l'Afrique du Sud qu'au cours des deux années précédentes.

Deux questions retiennent davantage l'attention du président de la République : le resserrement des liens entre pays d'Afrique francophone et la poursuite de l'expansion économique ivoirienne.

Abidjan-Dakar

En décembre 1971 est scellée officiellement à Abidjan, à l'occasion de la visite officielle de Léopold Sédar Senghor en Côte-d'Ivoire, la réconciliation entre le président de la république sénégalaise et son collègue ivoirien. Après vingt ans de rivalités feutrées entre les deux capitales ouest-africaines, on a pris conscience de part et d'autre de l'importance des intérêts communs.

D'ailleurs, au-delà de leurs divergences de vues occasionnelles, Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor avaient compris depuis plusieurs années déjà qu'ils devaient harmoniser progressivement leurs politiques. C'est ainsi que dès février 1965 était créée autour de l'axe Abidjan-Dakar l'Organisation commune africaine et malgache. C'est également à partir de cette époque que les deux gouvernements ont adopté de plus en plus fréquemment des positions identiques au sein de la zone franc et des organismes monétaires internationaux. Ayant l'un et l'autre atteint un stade de développement relativement comparable, les deux pays sont aux prises avec des problèmes semblables, posés par la détérioration des termes de l'échange ou par la recherche de débouchés pour leurs industries.

La montée au pouvoir d'une nouvelle génération, à Abidjan comme à Dakar, a facilité le rapprochement en apaisant les querelles d'amour-propre qui entravaient le développement de la coopération entre les deux pays et gênaient la constitution de la grande Communauté économique ouest-africaine, créée en juin 1972 à Bamako, dont la naissance fut annoncée dès décembre par les deux leaders.

Cette réconciliation n'est sans doute pas étrangère non plus à la relance de l'Organisation commune africaine, malgache et mauricienne après la nomination de Léopold Sédar Senghor à la présidence de cet organisme à la conférence d'avril 1972 à Lomé.

Austérité

Un thème de préoccupation des dirigeants d'Abidjan est la remise en cause du miracle économique ivoirien par certains experts.

Certes, le président Houphouët-Boigny lui-même a été le premier à mettre en garde ses concitoyens contre le vertige de la réussite auquel certains d'entre eux succombaient. S'adressant, le 28 octobre 1971, aux cadres du parti gouvernemental, il attirait avec insistance leur attention sur le fait que si la Côte-d'Ivoire connaît « une relative réussite », son économie n'en demeure pas moins « des plus fragiles ».

La chute des cours du cacao pèse sur la balance du commerce extérieur de la Côte-d'Ivoire, cependant excédentaire (près de 20 milliards de francs CFA en 1971). Ce produit contribue, en effet, pour un quart environ aux recettes. Le même phénomène a entraîné aussi une sensible réduction du budget d'investissement 1972 par rapport au précédent, ce budget ayant été alimenté pour une part importante ces dernières années par des prélèvements sur les réserves de la Caisse de compensation du café et du cacao.

Certes, l'homme d'État ivoirien a été le premier à imposer à son pays d'immédiates mesures d'austérité. Ces mesures tendent à réduire le train de vie un peu ostentatoire du personnel politique et administratif, dont bien des membres occupent des postes très importants à la tête d'un secteur d'économie mixte de plus en plus dominant, où intérêts publics et privés s'entrecroisent.

Expansion

En fait, les statistiques continuent d'être rassurantes et les autorités ivoiriennes ne manquent point d'y faire fréquemment référence. Ainsi, le chiffre d'affaires de l'industrie, qui est la première désormais de l'Afrique de l'Ouest francophone et s'oriente de plus en plus vers l'exportation, est passé de 100 à 115 milliards de francs CFA en 1971. À l'exception du bois, toutes les productions agricoles enregistrent également de nouveaux records. Entré en exécution en juillet 1971, le nouveau plan de développement vise à porter la production intérieure brute à 513 milliards de francs CFA en 1975, contre 354 en 1970, et prévoit notamment 250 milliards de francs CFA d'investissements publics. Les dirigeants ivoiriens se préoccupent également de l'importance du problème démographique.

Dahomey

2 760 000. 25. 2,9 %.
Économie. PNB (66) 81. Énerg. (*69) : 33. C.E. (66) : 6 %.
Transports. (*69) : 65 M pass./km, 85 M t/km. (*69) : 10 600 + 6 500. (*69) : 60 507 000 pass./km.
Information. (68) : 1 quotidien ; tirage global : 1 000. (68) : 60 000. (64) : 3 800 fauteuils ; fréquentation : 0,7 M. (69) : 5 639.
Santé. (66) : 77.
Éducation. (67). Prim. : 139 734. Sec. et techn. : 14 210. Sup. : 115.
Institutions. État indépendant le 1er août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1968. Chef de l'État et Premier ministre : Justin Ahomadegbe (en tant que président en exercice du Conseil présidentiel, comprenant Sourou Migan Apithy et Hubert Maga) succède au directoire militaire présidé par le colonel Paul-Emile de Souza, en place après le coup d'État du 10 décembre 1969.

Retour à l'ordre

Conformément aux dispositions constitutionnelles qui régissent le fonctionnement du Conseil présidentiel (triumvirat qui exerce le pouvoir de façon indivise), Justin Ahomadegbe Timotin devient, le 7 mai 1972, président de cet organisme unique en son genre. C'est sans le moindre incident que Hubert Maga transmet la présidence à son successeur tandis que Sourou Migan Apithy devient le numéro deux.