Journal de l'année Édition 1971 1971Éd. 1971

D'une manière plus générale, les États ainsi que l'opinion publique arabes paraissent se désintéresser d'un mouvement qui fait preuve d'impuissance non seulement face à l'adversaire jordanien, mais surtout face à l'ennemi israélien. Les actes de résistance dans les territoires occupés sont rarissimes, sauf à Gaza, où la situation économique et sociale de la population arabe favorise le maintien d'un mouvement de contestation. Selon les statistiques du gouvernement de Jérusalem, 29 israéliens (18 civils et 11 soldats) ont été tués en 1970 à Gaza (contre 80 Arabes assassinés par leurs compatriotes pour faits de collaboration), tandis que 2 israéliens ont perdu la vie, toujours en 1970, en Cisjordanie.

Morcellement

L'une des raisons de l'échec de la guérilla est son morcellement. Malgré les épreuves endurées, malgré la tragédie de la guerre civile en Jordanie, suscitée partiellement par des initiatives isolées, malgré de laborieuses tractations, les responsables ne parviennent pas à fondre les diverses organisations. Les contradictions politiques et idéologiques demeurent nombreuses. Tandis que le Front populaire et le Front démocratique (de Nayef Hawatmeh) se réclament du marxisme-léninisme et prônent la lutte prioritaire contre les régimes arabes, El Fath se présente comme un front de diverses tendances dont le seul objectif est de libérer la Palestine du sionisme. D'où les conflits d'ordre tactique qui n'ont cessé de se produire tout au long de 1970 et dans la première moitié de 1971.

Toutefois, les fedayin sont parvenus à harmoniser leurs positions respectives, en les modérant, concernant une éventuelle solution pacifique du conflit israélo-arabe. Tirant la leçon du passé, le Comité central de l'OLP publie, le 20 janvier 1971, un communiqué ainsi conçu : « La révolution palestinienne continuera la lutte armée en vue de libérer toute la Palestine. Cependant, cet engagement ne constitue nullement un obstacle aux tentatives de la RAU visant à liquider les séquelles de la guerre de 1967, tant que ces tentatives ne portent pas atteinte aux droits du peuple palestinien. »

Cette prise de position nuancée permet à l'OLP de maintenir des relations fructueuses avec tous les États arabes, partisans ou adversaires d'une solution de compromis avec Israël. Elle a, de même, satisfait aussi bien l'Union soviétique (favorable à un règlement pacifique et alliée de la RAU) que la Chine populaire, qui prône la poursuite de la guerre populaire. La résistance palestinienne continue ainsi à bénéficier de l'aide des deux puissances communistes. Les responsables des fedayin se félicitaient, en juin 1971, de l'impasse dans laquelle s'était enlisée la négociation Jarring. La reprise des hostilités, estimaient-ils, ne pouvait que favoriser la guérilla palestinienne.

Viêt-nam

L'enlisement militaire et politique

Le Laos après le Cambodge. Le dernier maillon de la péninsule indochinoise qui était encore théoriquement en dehors du conflit (mais, en l'occurrence, la théorie est importante) a été à son tour touché par la guerre du Viêt-nam. Tel est l'événement essentiel de l'année 1970-71. La guerre a fait tache d'huile, elle est partout, mais c'est une guerre qui s'enlise sur le terrain comme chez les grandes puissances, militairement comme politiquement.

Sur le terrain, les troupes sud-vietnamiennes, avec l'appui logistique des Américains, font face aujourd'hui, dans trois pays, à quatre armées différentes, mais alliées et coordonnées : les Nord-Vietnamiens, les Viêt-congs, les partisans de Sihanouk et les forces du Pathet Lao. D'un point de vue militaire, les combats ne se comprennent que sur la totalité de l'Indochine. L'intervention des Sud-Vietnamiens au Laos est la conséquence directe de leur intervention, l'année passée, au Cambodge (Journal de l'année 1969-70) et l'une et l'autre ne se saisissent que dans la volonté de l'état-major américain de briser l'infrastructure des forces communistes ou procommunistes. Une telle extension de la guerre a, en un sens, ralenti les opérations d'envergure. Tout est maintenant coups de main, attaques surprises, raids, affrontements pour une colline ou une vallée. Aussi bien à Saigon qu'à Hanoi, nul n'envisage plus, semble-t-il, la bataille décisive qui entraînerait la victoire militaire.