En contrepartie, la fréquente, mais toute relative, faiblesse de la production résulte essentiellement de la dimension réduite d'États spécialisés (c'est le cas des États Scandinaves, des Pays-Bas, de la Suisse) ou d'un ralentissement sensible de la croissance de la production (exemple du Royaume-Uni), la Belgique-Luxembourg se trouve dans une situation intermédiaire. Le Canada, pour les filés de coton, les engrais azotés, le ciment ne vient qu'au 18^e ou au 19^e rang ; la Suède arrive seulement au 19^e rang pour l'énergie et les engrais azotés, la Suisse au 24^e pour la production d'acier.

La production belge est tout de même plus développée, se situant presque toujours dans les dix premiers rangs (acier, ciment, téléviseurs notamment). C'est là un groupe de pays plus ou moins nantis, aux productions souvent très élaborées, parmi ceux dont on considère que le niveau de vie est le plus élevé, mais parfois davantage en raison d'un passé florissant que d'une réelle prospérité actuelle (c'est surtout le cas du Royaume-Uni, moins nettement celui de la Belgique-Luxembourg).

Les producteurs

C'est la situation inverse. La production (compte tenu d'un maximum théorique inférieur à celui de la consommation) est plus développée que la consommation. C'est le cas de la quasi-totalité des pays socialistes (URSS, Tchécoslovaquie, Pologne, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Yougoslavie) et aussi celui de l'Italie et du Japon. Il s'agit d'États en cours d'industrialisation, où la consommation n'a pas encore rattrapé le niveau déjà souvent élevé de la production.

Les productions lourdes sont surtout importantes dans les pays de l'Est. La Tchécoslovaquie, l'URSS, l'Allemagne de l'Est et la Pologne arrivent respectivement aux 3^e, 4^e, 5^e et 6^e rangs pour la production d'énergie (suivant immédiatement les États-Unis et le Canada, c'est-à-dire qu'ils précèdent tous les États de l'Europe de l'Ouest) ; la Tchécoslovaquie est même au 2^e rang pour l'acier.

En revanche, aucun État socialiste ne figure dans les dix premiers producteurs mondiaux de matières plastiques, un seul pour les téléviseurs (la Hongrie, au 7^e rang) et pour la construction automobile (la Tchécoslovaquie, au 9^e rang). Ces productions élaborées tiennent, au contraire, une place importante en Italie et au Japon. Ce dernier pays vient au 1^er rang pour la production de téléviseurs, au 4^e pour celle de matières plastiques (et d'acier), au 5^e pour la construction automobile. L'Italie se situe au 6^e rang pour les matières plastiques et au 7^e pour la construction automobile.

La consommation est beaucoup moins développée. Aucun des États de ce groupe ne figure parmi les dix premiers consommateurs de logements, papier journal, voitures de tourisme et téléphones. La consommation des États socialistes est surtout importante dans les domaines énergétique et médical. Celle des deux États libéraux est plus égale, mais très en retrait du niveau de leur production (surtout au Japon). Toutefois, dans la majorité des cas, il s'agit ici d'économies en expansion, et la priorité de la production n'apparaît pas inquiétante, dans la mesure où elle est temporaire et ne s'accentue pas. Le passage de la société de production à la société de consommation n'est cependant pas toujours aisé.

Économies équilibrées

Ce sont les États où, à des degrés différents, s'équilibrent approximativement production et consommation. La Belgique aurait pu s'intégrer à ce groupe, où figurent les deux Allemagnes et l'Autriche. La République fédérale allemande possède un niveau de vie déjà élevé, comparable à celui de ses voisins de l'Europe occidentale, mais la production industrielle y est aussi particulièrement développée (2^e rang pour les matières plastiques, 3^e pour l'acier, les téléviseurs et la construction automobile). C'est, après les États-Unis, le second pays producteur.

La consommation est encore un peu en retard, mais se situe tout de même dans les dix premières places pour l'énergie et l'acier, le logement et le parc automobile. L'Allemagne de l'Est doit l'importance relative de sa consommation d'ensemble surtout à l'énergie et à l'acier, mais c'est le premier pays socialiste pour le logement, le parc automobile et la consommation de papier journal, le second pour l'équipement automobile, avantages qui justifient son individualisation, sans rendre son niveau de consommation comparable toutefois à celui de la République fédérale. L'Autriche occupe un rang moyen tant pour la production que pour la consommation, intermédiaire, comme sa situation géographique, entre Europe occidentale et Europe orientale.

En voie de développement

Les pays en voie de développement sont quatre États méditerranéens : Espagne et Portugal, Grèce et Turquie. L'Espagne se situe à un degré au-dessus de ses infortunés voisins, mais la production est encore bien faible (en dehors de la construction automobile, l'Espagne se situe toujours parmi les dix derniers producteurs) et la consommation guère plus développée (l'Espagne ne figure dans aucune catégorie dans les dix premiers rangs) ; double constatation qui la place dans cette catégorie. Pour les trois autres pays, le niveau de la production est extrêmement bas (sauf pour les filés de coton au Portugal).