Économie

Matières premières

Le ralentissement de l'expansion dans la plupart des pays industriels a continué de peser sur un grand nombre de marchés de matières premières, notamment ceux des métaux non ferreux, du caoutchouc et de la laine. Par contre, la fermeté a prévalu sur les marchés de plusieurs denrées, comme les céréales, le sucre et les oléagineux. Le cacao a enregistré une chute brutale. Les indices généraux ont assez nettement fléchi : du début d'octobre 1970 au milieu de mars 1971, l'indice londonien Reuter est passé de 558 à 532 et l'indice new-yorkais Moody's de 404 à 380.

Ces fluctuations dans les deux sens n'ont pas empêché les marchés mondiaux de matières premières de connaître un nouveau développement, notamment aux États-Unis. Au mois d'octobre, la plus importante Bourse de commerce créée aux États-Unis depuis soixante-dix ans a ouvert ses portes à Los Angeles. Elle porte le nom de West Coast Commodity Exchange (WCCE). L'argent métal, le cuivre, le cacao et le sucre y sont négociés.

Aux États-Unis, si certains marchés, comme ceux du café et du caoutchouc, sont tombés en désuétude, l'augmentation du nombre de spéculateurs s'est traduite par un fort accroissement de l'activité sur des marchés comme ceux des céréales, de l'argent, du cacao et, au début de l'année 1971, du coton. En outre, de nombreuses bourses américaines ont créé de nouveaux contrats pour répondre aux besoins des négociants et des utilisateurs de certains produits.

Au début de l'année 1971, un grand coup a été porté par les pays détenteurs de pétrole aux pays consommateurs. À Téhéran, 30 % d'augmentation du prix de la matière première ont été arrachés. Aussi s'est-on demandé si les pays du tiers monde détenteurs d'autres matières premières indispensables aux pays développés ne seraient pas tentés de suivre cet exemple en organisant des ententes analogues afin d'obtenir des augmentations de prix comparables pour leurs produits.

La part du pétrole

En fait, la position occupée par les pays sous-développés sur le marché des matières premières n'est pas favorable à ce genre de démarche, sauf précisément pour le pétrole, qui intervient pour près de 20 % dans le commerce mondial des produits primaires. Il faut, en effet, tenir compte des rapports quantitatifs suivants : 52 % des exportations mondiales de produits primaires sont originaires des pays développés ; 12 % viennent des pays à économie planifiée, et seulement 36 % (dont la quasi-totalité des 20 % de pétrole) des pays sous-développés.

Ainsi, pétrole exclu, les ventes des pays sous-développés aux pays industriels n'atteignent plus que 16 % du commerce mondial des produits primaires, et toute solution globale des prix des matières premières intéresserait en premier lieu les pays évolués.

Les incertitudes monétaires, qui ont atteint leur paroxysme au milieu du second trimestre de l'année 1971, n'ont influencé que modérément l'ensemble des marchés commerciaux. Sur toutes les places, les matières premières ont augmenté. Mais cette augmentation s'est inscrite dans une fourchette très étroite. Les matières premières industrielles et les denrées dont la tendance était déjà à la hausse pour des raisons statistiques, politiques ou spéculatives, ont réagi d'une manière plus sensible. C'est le cas notamment de l'argent métal. Les autres matières premières industrielles ou denrées dont la tendance était à la baisse ont été moins stimulées, mais ont toutes enregistré une hausse de l'ordre de 1 à 1,5 %. Ainsi le cuivre, après avoir perdu 10 % de sa valeur en quinze jours, a marqué un temps d'arrêt pendant la crise.

Une activité plus intense a été notée sur tous les marchés. Les opérateurs à découvert, notamment, ont effectué de nombreux achats.

Mis à part le pétrole, les pays sous-développés n'occupent de position privilégiée que sur le marché des denrées tropicales, le plus étroit de tous et le moins nécessaire économiquement. Les groupes de produits dont la demande s'accroît le plus rapidement sont ceux qui s'échangent principalement entre pays industriels.