On ne devait plus retrouver que des corps recroquevillés, disloqués, mutilés, des visages défigurés. Des scènes insoutenables se déroulent à l'arrivée des familles : un habitant de Voiron découvre qu'il a perdu ses deux enfants ; une famille d'origine arabe apprend que ses trois fils et sa fille sont morts dans la fournaise...

Dans l'opinion publique, à l'émotion s'ajoute très vite l'indignation. Toutes les précautions avaient-elles été bien prises, à l'intérieur du 5-7, contre les risques d'incendie ? N'y avait-il pas eu, outre les imprudences, des négligences commises par l'administration qui, avant d'accorder l'autorisation d'ouverture, avait été chargée de vérifier si l'établissement était conforme aux plans prévus ? Pourquoi les issues de secours, qui auraient dû, dans une salle susceptible d'accueillir 700 personnes, être d'une largeur de 1,40 m, n'avaient-elles que 0,80 m ? Pourquoi n'étalent-elles pas surmontées de l'inscription lumineuse qui doit indiquer leur emplacement ?

Quelques jours après le drame, le Conseil des ministres prend deux mesures qui semblent indiquer a priori les responsables ; il suspend le secrétaire général de la préfecture de l'Isère et le maire de Saint-Laurent-du-Pont, Pierre Perrin.

Sanctions

Une véritable frénésie s'empare alors des préfets et des maires dans toute la France : on se met à examiner, à renforcer les mesures de sécurité dans les lieux publics, les salles de spectacle, les bals. Quelques établissements sont provisoirement fermés.

Par la suite, la sanction frappant P. Perrin irrite les administrés du maire de Saint-Laurent-du-Pont et les édiles de la région. La population de la localité proteste : le conseil municipal exige que la sanction soit reportée ; les maires du canton adressent leur démission au préfet... Un mois plus tard, ils obtiennent gain de cause. Mais cette fois, ce sont les familles des victimes qui organisent une manifestation silencieuse de protestation.

C'est à l'enquête qu'il appartenait de déterminer les causes du drame. Les experts ont attribué l'origine de l'incendie à une installation défectueuse du chauffage. Ils ont retenu également que les plans initiaux soumis à l'agrément avaient été modifiés et que les issues de secours étaient exiguës et mal éclairées. En conséquence, le juge d'instruction prononce diverses inculpations : celle de l'unique survivant des trois associés du 5-7, Gilbert Bas, celles des responsables de l'installation du chauffage et de la société qui fournit la matière plastique utilisée pour la décoration et, enfin, fin juin, celle du maire de Saint-Laurent-du-Pont, confirmant sur ce dernier point la sanction décidée par le Conseil des ministres.

Drame à Sallen

Le maire du petit village de Sallen, en Normandie, aurait-il fini par être, lui aussi, inculpé, après s'être vu reprocher par l'Administration sa responsabilité dans la mort de 13 personnes ?

Le drame se produit, le 15 mai, au cours d'un bal de noces pour lequel le maire, René Auvray, avait prêté la salle du foyer rural, moyennant une somme de 30 F à verser à la caisse des vieillards de la commune. Au beau milieu de la fête, soudain, le plancher cède et une grappe d'invités tombent dans un puits ouvert juste au-dessous : 13 meurent noyés, écrasés ou étouffés.

Le préfet du Calvados prend aussitôt une mesure de suspension à l'égard de R. Auvray, lui reprochant d'avoir dit aux gendarmes qui (le lendemain de l'incendie de Saint-Laurent-du-Pont) étaient venus inspecter les lieux susceptibles de recevoir du public, que le local ne servait plus à rien.

Cette fois encore, les maires du canton manifestent leur sympathie au maire de Sallen qui porte son écharpe depuis vingt-cinq ans (et leur défiance envers le préfet) ; la population du village fait de même.

On ne saura sans doute jamais si leur protestation aurait eu une chance d'être entendue. Quelques jours après les obsèques des victimes, le maire de Sallen se pend par désespoir. Malgré ce suicide, l'Église décide d'accorder des funérailles religieuses à R. Auvray, la 14e victime de la noce.

Le temps des otages

La mode des enlèvements de diplomates ne se dément pas durant l'année. On peut diviser ces affaires en deux catégories : celles qui se terminent bien ; celles qui s'achèvent tragiquement.