Car, finalement, le grand intérêt de l'Arbresle, microcosme de ce qui se passe ou commence à se passer partout, fut la densité avec laquelle chacun des 120 participants, grâce à la clairvoyance du pasteur Henry Bruston, sut écouter les autres. C'est-à-dire ceux qui n'étaient pas à l'Arbresle, les autres croyants français, en premier lieu, le monde catholique, les communautés de base ou sauvages, et, naturellement, ceux qu'on nomme athées.

Fédération protestante de France

La FPF, fondée en 1907, rassemble les six Églises luthériennes, réformées et baptiste de France et, dans six départements, l'ensemble des œuvres, mouvements, dont Taizé, la CIMADE, la jeunesse, l'information, les mouvements d'adultes, etc. Une Assemblée générale est convoquée tous les trois ans ; composée de délégués des Églises et des départements, elle élit son conseil et son bureau. Jean Courvoisier, laïc, a été élu en 1970. La FPF gère tous les principaux services et les commissions de l'ensemble du protestantisme. Quatre Églises sont membres du COE et toutes membres de la FLM, de l'ARM ou de l'ABM.

À l'écoute des autres

C'est assurément cette capacité d'écoute qui a permis aux quatre bureaux de ces Églises, réunis au printemps, de prévoir la prochaine convocation d'un synode commun. On peut espérer que ce Synode prendra peu à peu la place des Synodes particuliers en laissant à chacun la liberté de demeurer lui-même, et aussi qu'il sera largement ouvert aux autres.

Il ne faut pas voir là une sorte d'abandon ou de concession, mais, bien au contraire, une avancée certaine vers cette forme d'unité diverse et véritablement œcuménique que recherche obstinément, pour ce monde en gestation, la chrétienté tout entière, y compris l'Église catholique.

Œcuménisme : de la théorie à l'œuvre commune

Un certain nombre d'événements survenus cette année permettent d'affirmer que la stagnation du Mouvement œcuménique, pourtant dénoncée par quelques voix, est la conséquence d'un malentendu. Non seulement d'autres voix, mais la plupart des assemblées, congrès, colloques ou organismes de dialogue ont insisté sur la dimension de ce mouvement et sur sa réelle vocation. Ainsi en a-t-il été des travaux du groupe mixte Église catholique-Conseil œcuménique, de ceux, préparatoires à sa conférence mondiale, de la Commission Foi et Constitution ou des entretiens entre catholiques et anglicans ou entre catholiques et luthériens.

Union des diversités

L'œcuménisme ne consiste pas à rebâtir une Église centralisée après des siècles de divisions, et souvent de haine. De ce faux espoir, il faut passer à la notion véritable d'oikouméné, qui signifie « toute la terre habitée », c'est-à-dire rechercher l'union de toutes les diversités.

En dépit de plusieurs combats d'arrière-garde menés par des groupes plus attachés à un passé révolu qu'attentifs au présent, on a commencé à sortir des malentendus et des sens restrictifs du terme œcuménisme pour accepter la nécessité d'une rencontre des différentes cultures, pour aider les quêtes d'identité et pour amorcer ensemble la recherche de ce nouvel humanisme dont notre civilisation en mutation a le plus urgent besoin.

Peut-être que ce sain élargissement est venu en partie de la prise au sérieux globale du défi de ce temps qu'est le sous-développement matériel des pays pauvres et le sous-développement moral des pays riches. C'est du moins ce qui ressort de la Conférence Suisse-tiers monde ou, mieux encore, du Message œcuménique lancé à tous les chrétiens de France par les autorités catholique, protestante et orthodoxe, à l'occasion de la 2e Décennie du développement proclamée par l'ONU en octobre.

S'il est encore certain que sur des problèmes existentiels brûlants tels que la limitation des naissances ou l'avortement, les prises de position précises demeurent inconciliables alors que les analyses se rapprochent, il en est d'autres en voie de solution.

L'année écoulée a vu, par exemple, résoudre en très grande partie l'irritant problème des mariages entre partenaires de confessions différentes. Dans le domaine des idées, des progrès considérables ont été réalisés tant au sujet de la notion de ministère que sur le sens du culte aujourd'hui (4e Séminaire en septembre à Strasbourg), que sur l'eucharistie (dialogue avec l'évêque de Strasbourg), que sur la mariologie elle-même (colloque de Fribourg)... Mais c'est sur le plan pratique que les progrès sont le plus évidents.

Réalisations communes

Il apparaît clairement maintenant que plus rien de nouveau ne saurait être créé séparément. C'est sans doute ce que vivent effectivement nombre de communautés ou de groupes de base, absolument partout dans le monde (actions politiques, sociales, culturelles ; publications communes...). C'est aussi ce que réalisent les instances mondiales et nationales. Ainsi, toutes les Églises du COE ont alloué des fonds au programme de lutte antiraciste et aident des organisations clandestines de libération, tandis que Paul VI recevait en juillet des résistants angolais.