De tels faits ont contribué à répandre une crainte souvent irraisonnée à l'égard de l'alimentation dite chimique, allant jusqu'à critiquer l'emploi des engrais. Des médecins français ont dû rappeler avec force, en avril 1971, que s'il convient de surveiller les effets de certains produits, il n'en demeure pas moins que la population des pays industrialisés dispose d'aliments incomparablement meilleurs et plus sains (y compris les conserves) que ceux dont usaient les générations précédentes ou dont usent aujourd'hui les habitants des pays moins développés.

L'inspection en chef de la lutte contre la pollution en Grande-Bretagne a dénoncé (août 1970) la psychose créée par les arguments excessifs utilisés dans les campagnes pour la protection de la nature. Son rapport dénonce comme « fantaisiste » l'idée que les poussières industrielles puissent modifier le climat terrestre. Quant au dégagement artificiel d'anhydride sulfureux, il ne représente actuellement qu'un cinquième du dégagement naturel (volcans notamment).

La protection des sites pittoresques, des forêts, des paysages, de la nature végétale et animale relève de préoccupations à la fois écologiques et esthétiques : la civilisation des loisirs pousse les habitants des villes à rechercher toutes les occasions possibles d'une évasion hors du cadre urbain. Mais c'est précisément l'extension des surfaces bâties — conséquence de la pression démographique, de l'industrialisation, de l'essor des loisirs — qui constitue le principal facteur de détérioration du cadre naturel ; sa sauvegarde, déclarait en avril 1971 Robert Poujade, « se heurte à des intérêts de toute sorte, à d'énormes difficultés techniques et financières, à l'esprit de facilité et de fatalité qui règne trop souvent dans notre pays au niveau des particuliers comme des agents de l'État ».

Ces difficultés ne semblent pas particulières à la France. Un rapport publié en avril 1971 aux États-Unis dénonce l'« échec misérable » des actions annoncées contre les nuisances industrielles, les firmes privées n'ayant pas coopéré à ces actions.

La création, en France et dans d'autres pays, d'organismes gouvernementaux centralisant la protection de l'environnement apparaît surtout comme un acte symbolique qui marque le début d'un effort de longue haleine. C'est seulement en 1972 que le ministère de Robert Poujade disposera d'un budget lui permettant d'entreprendre le programme dont les grandes lignes ont été annoncées en février 1971.

Parcs nationaux

Parmi les mesures prises en faveur de la protection de la nature, la plus spectaculaire et sans doute la plus efficace a été la création de parcs nationaux et régionaux.

Il en existe un peu partout de par le monde. Immenses comme aux États-Unis ou en Afrique ; plus réduits, mais plus nombreux et plus réglementés en d'autres coins du globe, comme, par exemple, à Ceylan, véritable pays phare où on ne compte pas moins de deux parcs nationaux, quatre réserves intégrales, sept zones protégées et vingt et un sanctuaires de faune, soit au total 3 550 km2 pour une île dont la superficie totale est de 65 000 km2. C'est donc sur plus de 5 % du territoire cinghalais que la nature est intégralement protégée.

Les premières réserves en France ont été aménagées surtout pour permettre la reproduction du gibier.

La faune et la flore

De ce stade pour le moins limité, on passe à la création de territoires destinés à la protection d'animaux déjà en voie de disparition. Et, rapidement, le parc naturel a pris une autre dimension. Il constitue une région où non seulement la faune, mais aussi la flore sont protégées. Il est, de plus, une réserve d'air pur ou très peu pollué, un ensemble de ruisseaux et de rivières sans résidus industriels ou autres, une oasis de calme sans autres bruits que ceux de la nature.

Les parcs nationaux sont très surveillés. Les itinéraires qui les parcourent ont été étudiés pour que les animaux sauvages ne soient pas gênés ou effrayés. Et les visiteurs doivent observer des règles strictes de propreté et de discrétion.