En URSS, les personnalités — ministres, militaires, acteurs — ont été priées d'éviter de paraître dans les cérémonies, sur des photos ou dans des films, cigarette aux lèvres. En Allemagne et en Suède, on interdit d'employer pour les affiches en faveur du tabac des vedettes ou des jeunes de moins de vingt-cinq ans. En France, le Comité national de lutte n'a même pas le téléphone à son siège social !

Deux rapports, l'un de l'Organisation mondiale de la Santé, l'autre du Collège royal des médecins britanniques, réclament des mesures pour : restreindre l'usage du tabac dans les lieux publics et les transports en commun ; majorer les taxes sur les cigarettes ; diminuer les primes d'assurance vie pour les non-fumeurs ; créer des établissements de cure pour les fumeurs invétérés ; mettre au point des cigarettes nouvelles contenant moins de goudrons et de nicotine.

Psychologie du fumeur

Pourquoi commence-t-on à fumer ? Pour se donner une contenance, devenir un grand, défier un interdit.

Pourquoi continue-t-on ? Parce que les substances nocives qui rendaient les premières cigarettes désagréables sont plus ou moins vite évacuées dans les urines ou dégradées par des enzymes. Le débutant ne peut plus se passer de sa drogue.

Comment cesser de fumer ? « C'est facile, disait Mark Twain, je l'ai fait plus de mille fois. » Cette toxicomanie laisse les spécialistes perplexes. Le comportement humain échappe à toute analyse, semble-t-il.

Rhumatisme toujours invaincu

Le congrès international sur le rhumatisme, réuni à Florence en mars 1971, a enregistré la croissance continue d'un fléau qui, en France, absorbe environ 10 % du budget de la Sécurité sociale. La cause des maladies rhumatismales n'est toujours pas définie, et l'on demeure sur ce point au stade de la recherche.

Selon les théories les plus récentes, le rhumatisme inflammatoire serait une maladie auto-immune : l'antigène ne viendrait pas de l'extérieur, mais serait formé dans l'organisme même du sujet. Le professeur Florian Delbarre, de Paris, et quelques autres spécialistes mettent en cause des virus capables de subsister dans l'organisme pendant plusieurs dizaines d'années sans causer de dommages, ou même de se transmettre d'une génération à l'autre. Ces virus transformeraient à la longue certaines protéines cellulaires, qui se comporteraient alors comme des corps étrangers, entraînant la formation d'anticorps, d'où l'inflammation.

Faute de connaître les causes profondes du rhumatisme, les médecins font porter leurs recherches sur les médicaments anti-inflammatoires. À côté de la cortisone et de certains composés comme le phénylbutazol, un médicament relativement récent, l'indométacine, a retenu l'attention des congressistes de Florence : il semble particulièrement efficace contre l'inflammation, mais son mode d'action est inconnu.

Contre l'infarctus : greffe de vaisseaux

Bien qu'en France un homme ait passé, en novembre 1970, le cap de la deuxième année de survie avec un cœur transplanté, le bilan généralement très lourd des greffes cardiaques semble avoir conduit la plupart des spécialistes à renoncer, au moins provisoirement, à ce type d'intervention. Leur position, exprimée au Congrès mondial de cardiologie de Londres (septembre 1970) par le professeur Charles Dubost, qui avait opéré le P. Boulogne, peut se résumer ainsi : « Pas de nouvelle transplantation cardiaque tant que n'auront pas été maîtrisés les phénomènes de rejet, et les traitements immunosuppresseurs rendus plus supportables pour les malades. » L'opinion contraire a été soutenue par le chirurgien américain Norman E. Shumway, inventeur de la technique en usage pour les greffes du cœur, et par le professeur Christian Barnard, qui fut le premier à l'oser sur un patient humain, et qui, après deux ans d'interruption, a pratiqué, le 10 mai 1971, au Cap, une nouvelle transplantation.

Une autre greffe, moins spectaculaire, pourrait se généraliser dans le traitement des insuffisances coronariennes graves. Elle consiste à prélever une veine dans la cuisse du malade et à la greffer entre l'aorte et le muscle cardiaque, ou entre l'aorte et la partie non obstruée de l'artère coronaire, pardessus la partie obstruée. On réalise ainsi un pontage qui rétablit une irrigation normale du myocarde, chez les patients menacés d'un infarctus par suite d'un rétrécissement de l'artère coronaire. Connue depuis longtemps dans son principe, cette intervention est devenue beaucoup plus efficace depuis que l'on sait, en injectant dans le sang des isotopes radioactifs, radiographier les artères coronaires et localiser ainsi la région obstruée. À Cleveland (USA), le docteur René Favaloro avait pratiqué, jusqu'en avril 1971, 2 763 greffes de ce genre, avec un taux de mortalité tardive très inférieur à celui des malades soumis à un traitement uniquement médical. Il est désormais acquis que ce type de greffe, qui peut être entrepris même en phase aiguë, peut sauver de nombreux malades.