Depuis 1961, des sondes Venera ont été lancées chaque fois que la fenêtre vénusienne s'est ouverte, à peu près tous les 19 mois (Journal de l'année 1968-69). Depuis le premier atterrissage de Venera 3 sur Vénus (16 novembre 1965), tous les engins étaient mis hors de service — apparemment avant même d'atteindre le sol — par des pressions de l'ordre de celles que supportent les sous-marins en plongée profonde et par des températures infernales.

Lancée le 17 août 1970, Venera 7 a largué le 15 décembre sa capsule scientifique munie de parachutes d'un type nouveau, plus perméables à l'air vénusien, pour rendre la descente plus rapide afin d'abréger le temps d'exposition aux conditions redoutables de température, de pression et aux vents de l'atmosphère de la planète. Avant le largage, la sonde a été refroidie à – 8 °C, afin de retarder l'énorme échauffement à subir.

À l'altitude où ont commencé les émissions radio, l'atmosphère était à 25 °C et à la pression de 0,5 atmosphère ; lorsqu'elles ont cessé, 35 minutes plus tard, les valeurs mesurées étaient respectivement de 325 °C et 27 atmosphères. On crut, une fois de plus, que l'engin avait été mis hors de service avant d'atteindre le sol. Le 26 janvier 1970, on apprenait que Venera 7, pour la première fois, avait continué d'émettre après son atterrissage.

Se réservant de fournir de plus amples détails aux milieux scientifiques, l'Académie des sciences de l'URSS a rendu publics les deux résultats essentiels de cette expérience : sur le sol de la planète Vénus, ce matin du 15 décembre 1970, la pression et la température atmosphériques étaient respectivement de 90 atmosphères (avec une erreur maximale de 15 en plus ou en moins) et de 475 °C (plus ou moins 20).

Le 19 mai, la sonde Mars 2 s'envolait vers la planète du même nom, suivie neuf jours plus tard par Mars 3, qui porte à son bord une expérience française. Les deux engins devaient atteindre leur but en novembre, et l'on se demandait si l'un d'eux n'était pas chargé de déposer une station automatique sur le sol de la planète rouge.

La station spatiale

La station spatiale conçue par les spécialistes soviétiques est un énorme satellite destiné à servir de laboratoire polyvalent pendant une longue période de temps. Elle est constituée par un certain nombre de modules interchangeables (en fonction des expériences a faire) qui, lancés séparément, sont assemblés dans l'espace.

La première pièce de ce jeu de construction, depuis longtemps au point, est le Soyouz, composé lui-même de trois éléments séparables : un module de service qui groupe les moyens propulsifs, les sources d'énergie et autres servitudes ; la capsule triplace habituelle des vaisseaux spatiaux (à bord de laquelle les hommes peuvent revenir au sol) ; un compartiment orbital, cabine supplémentaire assez vaste prévue pour abriter des laboratoires ou pour loger des hommes, conserver des provisions, etc.

Dans une première phase de leur programme, les Soviétiques avaient assemblé deux Soyouz en orbite et les travaux des astronautes se déroulaient ainsi dans un quatre pièces assez spacieux. L'étape suivante a été franchie le 19 avril 1971 avec la satellisation par une puissante fusée, à 200-224 km de la première station orbitale Saliout. Il s'agit, en fait, du corps central de la future station, pourvu de quatre systèmes de raccordement auxquels peuvent se fixer des compartiments orbitaux amenés par des Soyouz, ainsi que l'un de ces vaisseaux assurant la navette avec le sol. Le tout doit constituer une station déjà imposante : près de 40 m3 de volume habitable.

Le programme se déroule toutefois avec prudence et sans hâte. Pour commencer, les Soviétiques se contentent d'expérimenter en vol les différentes installations du Saliout : instruments de navigation, système de guidage des vaisseaux lors de l'approche et de l'accostage, moyens propulsifs permettant à la station de changer d'orbite, etc. Pour ce faire, un seul Soyouz suffit ; il porte le numéro 10. Lancé le 23 avril, il est confié à deux cosmonautes expérimentés : Vladimir Chatalov (un ancien des Soyouz 4 et 8) et Alexei Elisseiev (Soyouz 5 et 8) qui est un spécialiste des sorties dans l'espace (parti à bord de Soyouz 4, il était revenu à la Terre à bord de Soyouz 5) [Journal de l'année 1968-69]; le troisième membre de l'équipage, Nikolaï Roukavichnikov, est qualifié par les communiqués d'« ingénieur de station orbitale ».