Le premier Concorde de présérie, achevé au printemps 1971, sera suivi en 1972 d'un deuxième appareil dont les moteurs seront moins bruyants et n'émettront plus de fumées. Dix avions de série sont en construction, dont le premier volera en 1973. La certification de l'appareil et sa mise en service sont prévues pour 1974. La commercialisation de Concorde, comme celle du Mercure ou de l'Airbus, se heurte cependant à la conjoncture défavorable du transport aérien. Dassault a malgré tout lancé la construction d'un autre avion civil, le Falcon-20 T, version de transport (26 passagers) du biréacteur d'affaires Falcon-20. L'appareil volera en septembre 1972. Le petit Falcon, Falcon-10 (4 à 7 passagers), a effectué son premier vol en décembre 1970. En juin 1971, l'appareil (commandé en série par la PANAM) a battu le record de vitesse de sa catégorie en parcourant 1 000 km à 930 km/h : le Falcon-10 est l'avion d'affaires le plus rapide du monde.

Toujours dans le domaine des avions civils, l'Aérospatiale a fait voler en octobre 1970 la première Caravelle-12, version allongée (130 à 140 passagers) de son biréacteur moyen-courrier. Livraison en mars 1971 du premier appareil sur 12 commandés (7 par une compagnie charter, 5 par Air Inter).

L'avenir appartient aux avions à décollage court (STOL) : l'Aérospatiale et Dassault ont lancé leurs premières études dans cette direction. Dans le domaine des hélicoptères, le petit SA 341 Gazelle, qui entrera en service en 1972, a battu, le 19 mai, trois records de vitesse en volant à plus de 300 km/h.

Dans le domaine militaire, on notait chez Dassault le premier vol (8 mai) du premier Mirage G-8, biréacteur à flèche variable de près de 20 t de poids total, capable de décoller sur des pistes courtes et de voler à Mach 2,5. Le déroulement du programme Jaguar s'est poursuivi avec quelques difficultés.

Les motoristes

L'industrie motoriste a vu son activité remonter très sensiblement. La SNECMA a accéléré considérablement la fabrication de ses Atar, a continué avec succès la mise au point du petit Larzac et du moteur M 53 (8 t de poussée) destiné aux avions militaires de la classe Mach 2,5/Mach 3, et a lancé les premières études d'un turboréacteur civil de 10 t de poussée, le M 56 inscrit au VIe Plan, qu'elle développera avec un autre motoriste. Turbomeca a présenté en vol au Bourget l'Astafan, un turboréacteur peu bruyant et économique de 700 à 1 000 kg de poussée, doté pour la première fois d'une soufflante à pas variable, et une nouvelle version du turbopropulseur Astazou, le type XX, qui développe une puissance de 1 200 CV dans un fuseau de 46 cm de diamètre, tout en ne consommant que 200 gr au cheval/heure.

La MATRA a présenté de nouveaux types de missiles : les missiles air-air Super-530 et Magic, en cours de développement, et le projet Otomat (missile mer-mer et air-mer).

Concentrations

L'industrie des équipements, en expansion, a amorcé un certain regroupement, à la demande des services officiels. En particulier, la société Messier (trains d'atterrissage et hydraulique) a fusionné avec la partie de la division Hispano-Suiza de la SNECMA.

À l'issue des concentrations opérées depuis plusieurs années, l'industrie aérospatiale voit ses effectifs (102 000 personnes au 1er janvier 1971) partagés entre le secteur nationalisé (50,5 %) et le secteur privé (49,5 %).

Le rapport du Comité de l'industrie aéronautique et spatiale du VIe Plan, publié en mai, fait état du développement considérable attendu des fabrications civiles, qui doivent représenter plus de 50 % de son activité, et se traduiront par un niveau d'exportation très élevé, entraînant (hypothèse moyenne) un solde positif en devises de plus de 13 milliards de francs. Les effectifs devront atteindre pour ce faire 120 000 à 125 000 personnes, d'où la création de 20 000 à 25 000 emplois d'ingénieurs, techniciens et spécialistes qualifiés.

Construction navale

La France en tête pour les méthaniers

« Faut-il que je rie, ou dois-je pleurer ? » Le vieux conflit sévit à nouveau chez les constructeurs de navires, partagés entre deux sentiments contraires. Euphorie, d'une part : depuis 1963 l'expansion s'est poursuivie dans leur secteur sans discontinuité (la production mondiale des chantiers a doublé au cours des six dernières années) et en 1970 les commandes enregistrées en France ont encore battu tous les records. Inquiétude, d'autre part : les contrats sont exécutés à prix fermes ; or, depuis 1968, et singulièrement en 1969 et 1970, les constructeurs ont à faire face à d'importantes augmentations des coûts de fabrication (main-d'œuvre et matières premières). Bref, beaucoup de travail, mais peu de profits, et parfois des difficultés financières.

Chantiers saturés

Au début de 1970, les chantiers occidentaux espéraient obtenir l'accord des Japonais, première puissance mondiale dans la construction de navires, pour revenir à la pratique de contrats à prix révisibles. Ils ont été déçus dans leur attente.