La soirée du mercredi, visible en famille, est consacrée à de grandes fresques de fiction historico-culturelles (les Actes des Apôtres, revus et corrigés par Rossellini), puis à des variétés dites de création (Au risque de vous plaire, de Jean-Christophe Averty ; Dim dam dom, de Daisy de Galard ; À l'affiche du monde, de Claude Fléouter et Christophe Izard) ; et, enfin, à l'actualité du livre, avec Post-Scriptum, pseudo-café littéraire animé par Michel Polac, où se règlent quelques comptes d'auteurs. Le Conseil d'administration de l'ORTF décide, le 8 mai 1971, à la suite d'une émission consacrée au Souffle au cœur de Louis Malle, que Post-Scriptum ne sera plus que mensuel. Il sera finalement supprimé.

Quatrième anniversaire

Le jeudi prennent place les grandes fictions de divertissement (Mauregard, fresque retraçant l'histoire d'une famille française sur plusieurs générations ; Aventures en Méditerranée, tellement sinistres qu'elles seront interrompues avant la fin de la série pour la plus grande joie de tous ; Quentin Durward, d'après sir Walter Scott, réalisé par Gilles Grangier ; « Comme au cinéma »; Arsène Lupin, d'après Maurice Leblanc, avec Georges Descrières) et les émissions musicales (Arcana, jazz).

Le vendredi est consacré aux Dossiers de l'écran d'Armand Jammot, qui fêtent leur quatrième anniversaire et dont la popularité baisse un peu, tant auprès de la critique qu'auprès du public, en raison surtout de l'équivoque qui subsiste dans les rapports entre le film et le débat. Celui-ci constituerait souvent une bonne émission à lui tout seul.

Le samedi, après un après-midi à programme ininterrompu avec rubriques diverses (Jouez sur deux tableaux, Télé-bridge, Pop 2, Fermé jusqu'à lundi), la soirée propose une série étrangère (Chapeau melon et bottes de cuir, Département S), une variété et un jeu culturel (Pourquoi ?). Plus tard sera mis en place un grand magazine mensuel d'information, illustration de ce que peut être une soirée de télévision continue et ouverte (le Troisième Œil).

Enfin, le magazine Aujourd'hui Madame, d'Armand Jammot, parait cinq après-midi par semaine.

Des retours

On s'apercevra très vite que le public refuse la concurrence entre les deux films du dimanche soir. La deuxième chaîne diffusera alors sa soirée cinématographique le vendredi, tandis que les Dossiers de l'écran reprendront leur place initiale, le mercredi, Post-Scriptum revenant au mardi. Seule la concurrence en matière d'information aura, en définitive, été appréciée de tous. Car il est indéniable qu'avec la création de deux unités autonomes non seulement l'objectivité, mais aussi la qualité de l'information ont grandi.

On constate avec satisfaction que la deuxième chaîne va enfin devenir autre chose qu'un moyen de diffuser des films de long métrage (il y en avait jusque-là cinq ou six par semaine).

Sur la première chaîne, avec Pierre Sabbagh, la rentrée se fait plus modeste, car ces changements interviendront en janvier. Parmi les retours remarqués, en bien ou en mal, ceux de Guy Lux (l'Avis à deux), Guy Béart (Bienvenue), Denise Glaser (Discorama 71), Claude Santelli (les Cent Livres des hommes), l'équipe de Cinq colonnes à la une (Objectifs), Claude-Henri Salerne (Vivre au présent), la Caméra invisible et du catch.

L'année Beethoven s'achève par la Ve symphonie, conduite par Herbert von Karajan. Au théâtre ce soir, les grands magazines d'information (Hexagone, À armes égales, XXe siècle, Procès), les dramatiques du samedi (Ne vous fâchez pas Imogène, de Charles Exbrayat ; l'Écureuil, de Diego Fabbri, avec Fernand Gravey ; l'Objet perdu, avec Pierre Mondy) ou un feuilleton (la Dynastie des Forsyte, d'après John Galworthy, avec Kenneth More) complètent la grille des programmes de la première chaîne.

Noël maigre

Pour les fêtes de fin d'année, les directeurs de chaînes conservent leurs responsabilités à part entière. Traditionnellement, les programmes de Noël marquaient une période exceptionnelle pour la télévision. La coutume s'en était établie depuis le remarquable succès des émissions coordonnées par Claude Santelli en 1964. L'expérience renouvelée de décembre 1968 et la déception partielle enregistrée par le même Claude Santelli et son public ont quelque peu éteint l'enthousiasme de la Direction générale à cet égard. Pour la Noël 1970, le premier programme « évoluera dans la continuité », comme le précise Pierre Sabbagh, tandis que Maurice Cazeneuve souhaite faire apparaître « l'esprit de fête ». Les téléspectateurs pourront ainsi voir, en noir et blanc : les Cousins de « la Constance » ou les aventures des marins bretons en six épisodes ; un portrait de Noureev ; le Noël de Mme Berrichon, avec Jacques Martin ; la Légende du quatrième roi, avec Maurice Chevit ; le Fil à la patte, de Georges Feydeau, avec la troupe du Théâtre-Français ; la Mégère apprivoisée, en hommage à Bernard Noël ; Adieu Berthe, avec Francis Blanche. Et, en couleurs : Alice au pays des merveilles, réalisé par Jean-Christophe Averty, d'après Lewis Carroll, les Lettres de mon moulin, adaptées par Pierre Badel, d'après Daudet, le Cantique des créatures, d'après saint François d'Assise ; l'Œuvre de Jean Bazaine vue par Marianne Oswald ; Zadig, d'après Voltaire ; Lancelot du lac, adapté par Claude Santelli, d'après Chrétien de Troyes ; l'Italienne à Alger, de Rossini, filmée au festival d'Aix-en-Provence ; Bravo Pravo, avec Patty Pravo ; et une Soirée Roland Petit. Une fois encore, les programmes de fin d'année ne satisfont ni le public ni les critiques.

Succession difficile

En janvier, les changements annoncés s'opèrent sur la première chaîne. Chaque soir de semaine, Pierre Bellemare anime, à 19 h 30, Rien que la vérité. Puis, après les informations, est diffusé le feuilleton (Noële aux quatre vents, dont la version télévisée n'a pas confirmé le succès radiophonique ; Une autre vie, avec Jean-Claude Pascal ; Un soir chez Norris, avec Jean Vinci).