Les journées de musique contemporaine de Paris, qui, en trois ans d'existence, se sont placées au premier rang des festivals de musique contemporaine, proposent, en octobre, une série de programmes illustrant quatre compositeurs : P. Boulez, S. Bussotti, L. de Pablo et J. Cage ; en une semaine, huit créations et plus de vingt premières auditions. Parmi les œuvres nouvelles, notons Pièces de chair II de S. Bussotti, Por diversos motivos de L. de Pablo et Song Books de J. Cage.

Autre manifestation importante, le Festival de Royan (en avril) est plus particulièrement consacré cette année aux compositeurs de l'Est. Le nombre de créations mondiales y est sans doute le plus élevé de tous les festivals européens : 40 en six jours. D'une valeur très inégale, ces œuvres ne bénéficient pas toujours d'une écoute aussi rapprochée. On retiendra un concerto pour piano et orchestre intitulé Synaphai, de Xenakis, Écran du Roumain Anatol Vieru, Ausstrahlungen de Vinko Globokar et Récitatif Air et Variation pour chœur de Gilbert Amy.

Au cours de la saison de Paris, les concerts de musique contemporaine et notamment ceux du Domaine musical de l'ensemble Musique vivante dirigé par Diego Masson, et de l'ensemble Ars Nova de Marius Constant ont programmé un certain nombre d'œuvres des compositeurs de la jeune génération : Patrick Mestral, Paul Mefano, Betsy Jolas et Jean-Claude Eloy.

Un argument touristique

Les festivals ne cessent de se multiplier et près de 200 sont inscrits au calendrier de la Saison en Europe. Une trentaine seulement sont marquants. En France, on retient Aix-en-Provence, Avignon, Besançon, Bordeaux, Lyon et Strasbourg. Le nombre des festivals français (y compris les plus petites manifestations) dépasse pourtant 150, et le ministère des Affaires culturelles n'accorde une subvention qu'à 50 d'entre eux.

On sait qu'en Europe il n'est pas un seul grand festival qui ne soit déficitaire : Vérone, le plus important par le nombre de spectateurs (25 000 environ) n'apporte par ses recettes que le tiers de son budget (13 millions de francs). Si les organisateurs français sont le plus souvent très discrets sur leur gestion, on sait que leurs problèmes financiers sont du même ordre. On constate que la création de nouveaux festivals est liée de plus en plus à l'évolution de l'industrie touristique. Leur multiplication reste toutefois un facteur important d'animation culturelle en province et Paris a perdu ses privilèges abusifs. Les pouvoirs publics l'ont bien compris, qui favorisent leur extension.

Nostalgie de l'Orient

Les musiciens pop, les poètes hippies ou les jeunes des deux côtés de l'Atlantique ne sont pas les seuls à témoigner d'une certaine nostalgie de l'Orient qu'éprouvent de plus en plus les Occidentaux. Las de leur culture et des chefs-d'œuvre éternels, ils se tournent vers le Levant, dont les mystères ne servent encore que d'exutoire.

Les concerts de musique orientale se multiplient en France et le public parisien, grâce notamment au Centre des relations culturelles franco-indiennes et à l'association des Amis de l'Orient, découvre cette saison les interprètes indiens qui comptant parmi les meilleurs, Shiv Kvmar Sharna (santour), Kashi Nath Mishra (tabla) ou Chamasia (flûte), ou de remarquables musiciens japonais, tels que le joueur de shakuhachi (flûte de bambou) K. Yokohamo, ou la chanteuse Tsuruta, qui s'accompagne au biwa (sorte de luth).

Les récitals en France de Ravi Shankhar ne se comptent plus et le jeune percussionniste iranien D. Chemirani est connu de tout le public des concerts de musique contemporaine. La plupart des organisations culturelles prévoient dans leur programme annuel ou à l'occasion des festivals des manifestations consacrées aux arts orientaux.

Il est significatif à cet égard que l'un des plus importants festivals français de musique, celui de Royan, se soit ouvert en avril par une représentation du théâtre d'ombres de Malaisie.

Théâtre musical

Échappant aux formes instrumentales traditionnelles, la « musique en action » ou le « théâtre musical » représentent depuis plusieurs années pour les compositeurs une voie nouvelle, mais peu d'œuvres, à ce jour, sont parvenues à s'imposer. L'introduction dans une exécution de concert d'actions gestuelles accomplies par les interprètes reste, depuis les exemples de J. Cage, un procédé très employé, mais rarement avec efficacité. Toutefois, l'utilisation d'un texte donne à ces actions une cohérence, comme, par exemple, dans Voix errante, du compositeur tchèque Marek Kopeland, donnée en première audition à Royan.