La tournée occidentale du maréchal Tito, qui l'a amené, en octobre 1970, à Bruxelles, Luxembourg, Bonn, Paris, n'a pas posé de problème ; la Yougoslavie a pu se féliciter d'avoir normalisé ses relations avec l'Albanie et surtout avec la Chine (Trepavatz, le ministre des Affaires étrangères, est allé à Pékin en juin 1971) ; la visite de J. Chaban-Delmas à Belgrade, du 22 au 24 avril 1971, a montré qu'avec Paris les relations étaient au beau fixe. Mais deux questions ont heurté les susceptibilités yougoslaves. Belgrade est resté en très mauvais termes avec la Bulgarie, qui, appuyée par l'URSS, a persisté à ne pas vouloir reconnaître la Macédoine comme un membre à part entière de la Fédération. Pour les Yougoslaves, il s'agissait là de prouver que si le pays était en proie à une agitation intérieure, il n'en restait pas moins uni devant les menaces extérieures. Avec l'Italie, le maréchal Tito a adopté la même attitude : donner un exemple supplémentaire d'unité.

À la suite d'une phrase malheureuse d'Aldo Moro, le ministre italien des Affaires étrangères, indiquant que Rome n'avait pas renoncé à ses droits sur la zone B de Trieste, administrée par les Yougoslaves, le maréchal Tito a ajourné le voyage qu'il devait effectuer en décembre en Italie. Il ne s'est rendu à Rome que le 25 mars 1971, après avoir reçu des apaisements ; il a été le premier chef d'État communiste à être reçu par le pape.