Si les grands scrutins font rarement sortir le peuple souverain de son calme, il n'est pas douteux, pourtant, que l'atmosphère politique s'électrise un peu, et que diverses oppositions, en marge de la démocratie des compromis, tentent de se former.

Oppositions

D'abord, le conseiller national James Schwarzenbach, auteur de l'initiative xénophobe rejetée le 7 juin 1970, forme un Parti républicain. L'adjectif sonne drôlement dans un pays qui (brève exception faite des interventions napoléoniennes) n'a guère connu de républiques. Mais la référence au passé n'est nullement fortuite. Aux élections fédérales de l'automne 1971, Schwarzenbach tentera d'installer au Parlement les défenseurs d'une Suisse pure, idyllique, protégée contre les excès de l'industrialisation, hostile aux influences étrangères, fermée aux perspectives européennes. Une Suisse mal définie, peut-être, mais qui veut farouchement rester elle-même.

De l'autre côté de l'éventail politique, un noyau de gauchistes, non dépourvu d'efficacité, défie l'ordre bourgeois, et parvient quelquefois (dans les plus grandes villes) à faire sortir la police de ses gonds. Zurich et Genève se relaient dans la mise en scène de petites batailles. Et Lausanne bouge.

Mais, plus sérieusement, les conflits sociaux témoignent que la Suisse, à son tour, est sortie des eaux calmes. Des grèves très localisées se succèdent néanmoins assez rapidement pour ébranler le patient édifice de la paix du travail. En mars 1971, 800 ouvriers genevois débrayent, paralysant cinq usines. Quelques jours plus tard, un conflit secoue, à Yverdon, la grande entreprise Paillard. Puis, à Genève de nouveau, des travailleurs du bâtiment se croisent les bras. Le comble est qu'ils immobilisent un chantier de l'Organisation internationale du travail.

Les syndicats n'y sont pour rien. Ils ne prennent pas l'initiative de ces grèves, que seul un malaise diffus peut expliquer. Ils essaient, après coup, de récupérer les grévistes. Et, pour reprendre intelligemment leurs troupes en main, ils lancent une initiative : on inscrirait dans la Constitution le principe de la participation des salariés à la conduite des entreprises.

Mais l'opinion réagit mollement. Rien ne menace de façon sérieuse la paix civique. Rien non plus ne rassure tout à fait l'homme d'aujourd'hui.

Tchécoslovaquie

14 467 000. 113. 0,6 %.
Économie. Production (66) : A 14 % + I 73 % + S 13 %. Énerg. (*68) : 5 776.
Transports. (*68) : 18 965 M pass./km, 56 710 M t/km. (*68) : 598 600 + 170 500.  : 75 000 tjb. (*68) : 776 375 000 pass./km.
Information. (67) : 28 quotidiens ; tirage global : 4 042 000. (68) : 3 827 000. (68) : 2 712 000. (67) : 1 054 000 fauteuils ; fréquentation : 118,8 M. (68) : 1 789 373.
Santé (67). 28 141. Mté inf. (68) : *22,1.
Éducation (67). Prim. : 2 109 183. Sec. et techn. : 384 109. Sup. : 134 033.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. Fédération depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République : général Svoboda, élu le 30 mars 1968. Premier secrétaire du Parti : Gustav Husak. Premier ministre : Lubomir Strougal.

Épuration permanente

« Il n'y aura pas de purge permanente dans le parti », déclarait, en automne 1970, Gustav Husak. Quelques jours plus tard, la Commission de contrôle du parti répliquait : « Il faut sans cesse épurer. » Entre ces deux phrases se situe le débat qui agite les milieux dirigeants, partagés sur l'attitude à adopter vis-à-vis des libéraux, qu'ils avaient déjà fait disparaître de la scène politique.

Conservateurs réalistes ou néo-staliniens, apaisement ou répression : le choix définitif n'a, semble-t-il, pas été fait, même si G. Husak paraît avoir triomphé des velléités de revanche de ses adversaires, qui lui ont reproché sa mollesse. Le Congrès du parti, ouvert le 25 mai 1971, a inscrit dans les statuts de l'organisation la notion sans précédent d'épuration permanente. Gustav Husak s'était élevé contre cette clause. Cela n'a pas empêché le secrétaire général d'être réélu sans problème à son poste et d'obtenir l'appui sans réserve de Leonid Brejnev, venu le soutenir à Prague.