Le gouvernement (soutenu par les partis bourgeois, mais pas par les communistes) décide la réquisition des fonctionnaires et interdit toute grève ou lock-out pour six semaines. La crise est dénouée, le problème social ne sera résolu qu'en juin : un accord est signé pour l'ensemble de l'industrie entre le patronat (SAF) et la LO.

Olof Palme annonce, à la fin de mars 1971, la décision de la Suède de ne pas solliciter son adhésion au Marché commun. Le 7 avril, un attentat contre l'ambassadeur de Yougoslavie, attribué aux oustachis — leur procès s'ouvre le 28 juin —, altère les relations entre Belgrade et la Suède.

Suisse

6 224 000. 151. 1,3 %.
Économie. PNB (68) 2 754. Énerg. (*68) : 3 012. C.E. (68) : 24 %.
Transports. (*68) : 8 992 M pass./km, 6 113 M t/km. (*68) : 1 180 500 + 105 400.  : 193 000 tjb. (*68) : 3 333 105 000 pass./km.
Information. (69) : 123 quotidiens ; tirage global : 2 261 000. (68) : 1 752 000. (68) : 1 011 000. (68) : 228 700 fauteuils ; fréquentation : 35 M. (68) : 2 685 800.
Santé (68). 9 304. Mté inf. (68) : 16,1.
Éducation. Prim. (66) : 465 575. Sec. et techn. (66) : 410 144. Sup. : 35 914.
Institutions. République confédérale. Constitution de 1874. Président de la Confédération : Rudolf Gnaegi. Vice-président : Hans Peter Tschudi.

Indignation

Le 1er octobre 1970, à 2 heures du matin, trois terroristes arabes, condamnés par la Cour d'assises de Zurich à douze ans de réclusion, s'embarquaient dans un avion spécial qui les ramenait au Caire. S'ils n'étaient un peu longs pour une mémoire d'Européen, les noms de Mohammed Abou el Heiga, de Tawfik Ibrahim Youssef et de l'institutrice Amena Dabhor, dont la presse avait abondamment montré le jeune et beau visage, se marqueraient au fer rouge sur l'épiderme de la Suisse.

Le chef du commando serra la main d'un policier : « Nous vous prions d'excuser le tort que nous avons fait à votre pays... — Ça va, dit l'autre, mais ne revenez plus. »

Ils étaient les auteurs de l'attentat commis, le 18 février 1969, à l'aéroport de Kloten, contre un avion de ligne israélien. La bataille avait fait deux morts : le pilote d'un côté, un des agresseurs de l'autre. La justice les avait lourdement frappés. Mais, moins de dix mois de leur peine accomplis, les portes de leur prison s'étaient ouvertes. Humiliée, la Confédération venait de reculer devant un nouveau coup de force.

Le dimanche 6 septembre 1970, le DC-8 Nidwald de la Swissair, en route pour New York, avait brusquement changé de cap. Des pirates de l'air l'avaient contraint à se poser sur une piste de sable jordanienne, à Zerka, près d'Amman. Il transportait 155 personnes. Un appareil de la TWA lui tenait compagnie. Et les fedayin palestiniens faisaient bientôt connaître leurs exigences. Les otages qu'ils s'étaient assurés ne sauveraient leur vie que si la Suisse renvoyait les trois condamnés de Zurich, l'Allemagne de l'Ouest trois autres détenus à Munich, et la Grande-Bretagne Leila Khaled, la panthère du ciel, qui, au-dessus de Londres, avait essayé de détourner, puis de faire exploser, au prix (notamment) de sa propre vie, un avion d'El Al.

Immédiatement, le Conseil fédéral se déclara, quant à lui, prêt à céder. Ne retenons pas que les circonstances diplomatiques s'embrouillèrent beaucoup. Les Palestiniens, haussant les enchères, réclamaient la libération de partisans détenus en Israël. Les puissances occidentales impliquées dans l'affaire se solidarisaient et formaient à Berne une sorte de comité d'urgence. Puis éclatait la guerre de Jordanie. Libérés au plus chaud de la bataille qui jetait l'armée du roi Hussein contre les organisations de résistance palestiniennes, les derniers otages parvenaient à regagner l'Europe sains et saufs. Mais il fallut alors que — renonçant à toute espèce d'explication juridique — le Conseil fédéral, pour la première fois dans l'histoire du pays, annule purement et simplement les effets d'un jugement régulier, et organise lui-même... l'évasion des terroristes.

Violemment secouée, l'opinion suisse réagit. L'avis le plus inattendu, sans doute, émane d'un grand personnage de l'économie : Théo Waldesbühl, un des directeurs de l'empire Nestlé, qui, s'étant trouvé parmi les otages de Zerka, déclare à son retour à notre confrère Claude Provost : « Pour comprendre ces Palestiniens, il faut les avoir vus comme je les ai vus [...]. Je ne rentre pas aigri, loin de là. Tout au contraire, je crois avoir saisi une nouvelle dimension de problèmes que je ne faisais qu'imaginer : je suis aujourd'hui plus convaincu que jamais qu'il faut aider le tiers monde, et cela sera le travail de toute une génération. » Mais, ailleurs, l'indignation prévaut.