En marge de la contestation hippie se développe, à partir d'Amsterdam, le mouvement des Kabouters (en français les Farfadets), dont le but est de combattre aux Pays-Bas la violence et le capitalisme. Ils ont fondé le fictif et idéal État libre d'Orange, qui doit servir de cadre à une société nouvelle, tournée vers la solidarité humaine. Si leurs excentricités amusent sans effrayer, l'activité désintéressée des Kabouters sur le plan social leur a gagné de nombreuses sympathies. Le 3 juin 1970, ils avaient enlevé 5 sièges aux élections municipales d'Amsterdam ; depuis, ils espèrent porter leur action sur le plan législatif.

À la contestation de la rue s'ajoute, en septembre 1970, une grave crise sociale, marquée par des grèves, notamment dans le port de Rotterdam. Cette crise se termine le 28 octobre par un accord paritaire qui prévoit une augmentation de salaire de 1 700 F par an aux 18 000 travailleurs des ports de Rotterdam et d'Amsterdam. Pour lutter contre l'inflation, le gouvernement n'en institue pas moins un sévère contrôle des prix et prend des mesures d'encadrement des salaires pour 1971 ; le déficit commercial reste important.

Lors de la crise européenne de mai 1971, le gouvernement décide de laisser flotter le florin sur le marché des changes pour une période provisoire ; l'hypothèse d'une réévaluation n'est pas envisagée. Le taux d'escompte n'est abaissé que d'un demi-point.

Échec

Cependant, des données politiques nouvelles menacent la stabilité financière : le bloc confessionnel essuie un échec aux élections législatives du 28 avril 1971 ; pour la première fois, les trois formations confessionnelles (catholiques, calvinistes anti-révolutionnaires et chrétiens historiques) perdent la majorité. Avec leurs alliés libéraux, elles n'ont plus que 74 sièges sur les 150 de la deuxième chambre des États généraux (contre 86 aux élections de 1967). Le parti du travail (socialistes) devient la première formation politique.

Le 17 mai, le professeur Steenkamp (parti catholique populaire) est chargé d'une mission d'information en vue de constituer un nouveau gouvernement. Au terme de difficiles négociations, Barend Biesheuvel parvient, le 30 juin, à former son cabinet.

Le général Suharto se rend à La Haye le 3 septembre 1970. Cette dernière visite officielle d'un chef d'État indonésien dans l'ancienne métropole colonisatrice est accompagnée d'un déploiement inhabituel de forces de police ; trois jours plus tôt, un commando de séparatistes des îles Moluques du Sud avait pris d'assaut la résidence de l'ambassadeur d'Indonésie, laissant craindre de nouveaux incidents.

Le 5 juin 1971, Joseph Luns est élu secrétaire général de l'OTAN.

Pologne

32 807 000. 104. 1 %.
Économie. Production (67) : A 22 % + I 60 % + S 18 %. Énerg. (*68) : 3 826.
Transports. (*68) : 35 870 M pass./km, 92 636 M t/km. (*68) : 373 900 + 226 500.  : 1 536 000 tjb. (*68) : 450 888 000 pass./km.
Information. (68) : 43 quotidiens ; tirage global : 6 413 000. (68) : 5 598 000. (68) : 3 389 000. (68) : 648 600 fauteuils ; fréquentation : 153,5 M. (68) : 1 650 896.
Santé (67). 43 086. Mté inf. (68) : 33,4.
Éducation (67). Prim. : 5 706 270. Sec. et techn. : 1 764 587. Sup. : 288 788.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Constitution de 1952. Chef de l'État (président du Conseil d'État) : Jozef Cyrankiewicz ; succède au maréchal Spychalski le 23 décembre 1970. Président du Conseil : Piotr Jaroszewicz. Premier secrétaire du parti : Edward Gierek.

Émeutes

En six jours une page de l'histoire de la Pologne a été tournée. De l'aube du lundi 14 décembre à celle du dimanche 20 décembre, le pouvoir a été dans la rue et dans les usines ; ce n'est qu'après avoir fait vainement donner les chars et l'armée (bilan de l'intervention : des dizaines de morts et des centaines de blessés) que Wladyslaw Gomulka abandonne son poste de chef du parti communiste. Ce poste, son parti le lui contestait sans avoir, jusqu'au début des révoltes ouvrières, l'audace de l'en priver.