Malgré tout, les divergences entre Washington et Jérusalem sur la nature du règlement qui devrait intervenir au Proche-Orient demeurent sensibles. Le département d'État estime notamment que les rectifications de frontières devraient être « mineures » et critique, à l'occasion, la politique de Golda Meir dans les territoires occupés. De même, la diplomatie israélienne est tenue pour responsable de l'impasse dans laquelle échoue la mission Jarring au printemps de 1971. Il est vrai que Washington n'exerce pas de pressions sur Jérusalem, mais les milieux officiels ne cachent pas leurs craintes de voir un jour la Maison-Blanche se ranger aux côtés des Arabes. D'autant plus que certains organes des milieux d'affaires américains — notamment le Wall Street Journal — s'inquiètent de l'extension de l'influence soviétique au Proche-Orient à la faveur du conflit et prônent une politique « plus équilibrée » dans la région.

La diplomatie israélienne tente dès lors d'élargir le cercle de ses amis. Elle suscite peu de réactions en Europe, où les Six du Marché commun, préoccupés par la persistance de la fermeture du canal de Suez à la navigation internationale, adoptent à l'égard du conflit une attitude jugée pro-arabe à Jérusalem. Le 14 mai 1971, l'assemblée du Conseil de l'Europe adopte à l'unanimité moins 6 abstentions une motion soulignant « la nécessité du retrait des forces armées israéliennes de territoires occupés, conformément à la résolution 242 des Nations unies ». Si les relations franco-israéliennes deviennent plus sereines, la position de Paris concernant la manière de régler le conflit demeure inchangée. Pour la France, une solution n'est concevable que sous l'égide et la garantie des quatre grandes puissances.

Rapports avec Moscou

Fin juin 1971 circulent des rumeurs, qui paraissent au moins partiellement fondées, concernant la possibilité d'une reprise des relations diplomatiques entre Jérusalem et Moscou, rompues par l'URSS au lendemain de la guerre des Six-Jours. De discrets contacts auraient été pris à cet effet en Europe et en Israël même, où un journaliste soviétique, Victor Louis, séjourne du 13 au 18 juin. Les deux gouvernements démentent que l'éventualité d'une réconciliation soit envisagée. Cependant, l'avis le plus répandu est que Jérusalem ainsi que Moscou souhaitent diversifier leurs relations et engager un dialogue que chacune des deux capitales espère orienter en sa faveur.

Japon

103 540 000. 280. 1,1 %.
Économie. PNB (68) 1 404. Production (66) : A 12 % + I 36 % + S 53 %. Énerg. (*68) : 2 515. C.E. (68) : 9 %.
Transports. (*68) : 275 787 M pass./km, 59 869 M t/km. (*68) : 5 209 000 + 7 221 000.  : 23 987 000 tjb. (*68) : 9 048 824 000 pass./km.
Information. (68) : 171 quotidiens ; tirage global : 49 704 000. (68) : 25 742 000. (68) : 21 027 000. (68) : 1 775 000 fauteuils ; fréquentation : 313,4 M. (68) : 17 330 791.
Santé (66). 108 290. Mté inf. (67) : 14,9.
Éducation (67). Prim. : 9 452 071. Sec. et techn. : 10 040 386. Sup. : 1 395 173.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1947. Souverain : Hirohito ; succède à son père Yoshihito en 1926. Premier ministre : Eisaku Sato, réélu par le Parlement le 14 janvier 1970.

Expansion

Annoncée périodiquement, la fin du miracle japonais ne se profile toujours pas ; le taux de croissance du produit national a encore dépassé 10 % en 1970, plaçant le pays loin en tête du groupe des États industrialisés. Pendant l'exercice 1970-71 (se terminant au 31 mars), l'excédent de la balance des paiements a voisiné 2 milliards de dollars (c'est-à-dire 11 milliards de francs). En mars 1971, les réserves de change ont franchi pour la première fois le cap des 5 milliards de dollars. Pendant l'année 1970, les exportations ont dépassé 20 milliards de dollars (plus de 20 % par an depuis 1968). La production automobile a dépassé 5 millions de véhicules, dont le cinquième environ a été exporté.

Cette expansion résulte en partie du développement des relations commerciales sino-japonaises. En 1970, le Japon a vendu pour plus de deux fois la valeur de ses achats à la Chine populaire ; le total des échanges a été pourtant inférieur à 1 milliard de dollars. L'accord commercial sino-japonais, renouvelé en mars 1971, a assez peu d'incidence à ce point de vue, puisque la majeure partie des échanges entre la Chine et le Japon échappent au circuit officiel. Il revêt cependant une grande importance politique.

La Chine

Le problème de la reconnaissance de la Chine populaire a encore agité les milieux politiques. En décembre, 344 parlementaires (sur les 736 que comptent ensemble les deux chambres du Parlement), de divers horizons (90 du parti libéral-démocrate du Premier ministre Eisaku Sato), ont demandé cette reconnaissance. L'existence d'un traité de paix avec Formose (T'ai-wan), avec lequel sont aussi entretenues d'importantes relations commerciales, les relations étroites avec les États-Unis compliquent la solution du problème. En fait, « Tokyo et Washington tentent de définir une politique commune à l'égard de la Chine », en vue du prochain débat sur l'admission de Pékin à l'ONU.

Conflits

Sur le plan intérieur, une affaire a secoué le pays : le suicide par hara-kiri, le 25 novembre 1970, de l'écrivain Yukio Mishima pour obtenir le réarmement du pays. Cet événement traduit une certaine résurgence du nationalisme. Autre conflit : celui qui a opposé pendant plus de deux semaines, en février-mars, policiers et paysans de Narita (banlieue de Tokyo). Ces derniers ayant été expropriés en vue de la construction du nouvel aéroport international de la capitale. Le chiffre de plusieurs centaines de blessés traduit la violence des heurts. Deux affaires qui illustrent les oppositions et les tensions internes du Japon d'aujourd'hui.

Stabilité

Dans le domaine de la politique intérieure, en avril, les élections municipales partielles ont vu une large victoire des conservateurs au pouvoir, qui ont enlevé exactement les deux tiers (114 sur 171) des mairies à renouveler. Toutefois, la gauche, grâce à l'alliance socialistes-communistes, détient désormais les deux plus grandes municipalités. Le gouvernement socialiste a facilement conservé son siège à Tokyo et la gauche a détrôné un gouverneur installé depuis douze ans à Osaka, ville où s'est terminée en septembre 1970 l'Exposition universelle (Journal de l'année 1969-70), qui a battu tous les records d'affluence (64 millions de visiteurs en six mois). Les socialistes progressent aussi à la Chambre des conseillers aux élections partielles du 27 juin.